Lors des festivités de la Fête du Trône le 3 mars 1999, je représentais avec ma délégation, messieurs Fenzar, homme d'affaires et Chibra, la communauté marocaine résident au Canada. De retour à Montréal, je tiens à raconter à la communauté marocaine du Canada mon beau voyage au Maroc, notre pays natal, qui ne nous délaisse pas. Dès l'arrivée à l'aéroport Mohamed V, nous étions accueillis par les responsables du ministère des Affaires Etrangères. Conduit à l'hôtel Safir de Rabat, les réunions commencent aussitôt. Le but? Analyser, évaluer, examiner, étudier et tenter de comprendre nos problèmes de "Résidents à l'étranger". De table rondes en tables ronde, chacun d'entre nous avait droit à la parole pour dire et proposer au nom des résidents les points à modifier ou du moins à améliorer. Joignant l'utile à l'agréable, nous étions choyés à l'Hôtel Safir, les buffets étaient succulents et l'ambiance à la fête. Nous étions venus de tous les horizons pour participer aux festivités du 3 mars et rendre allégeance à Sa majesté le Roi Hassan II que Dieu le Glorifie. Il y avait là les délégations de Belgique, France, Espagne, Hollande, Allemagne, Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Suède, Pays du Golfe, Arabie Saoudite.... Chacune des différentes délégations est représentée conjointement par un homme et une femme. Pour les pays où notre communauté est plus forte, les délégations sont plus nombreuses. Pou la plupart, ce sont des représentants d'associations de marocains. Mardi 2 mars 1999, c'est le départ au Siège du Ministère Des Affaires Etrangères et de la Coopération. La grande journée de travail commence! Madame Bennani-Smirès, monsieur le secrétaire des Affaires Etrangère, monsieur Abderrahman Zahi secrétaire général de la FONDATION HASSAN II , ainsi que monsieur le directeur général de l'Observatoire mondial de l' Immigration (L'OMI) nous accueillirent pour faire le point sur les différentes activités de la FONDATION HASSAN II ainsi que des arrangements et des accords de protocoles entre les différents pays qui ont été fait durant l'année 1998. Monsieur Zahi nous a expliqué la mission de la FONDATION HASSAN II à savoir la promotion et la protection de la communauté Marocaine à l'Etranger. Elle est animée par le souci du respect des droits de l'homme: dignité, égalité des chances et de la citoyenneté. La Fondation dit-il est , je cite : "Ce pont qui relie et rallie le citoyen marocain résident à l'étranger à son pays. Elle a en charge la promotion des relations socio-économiques culturelles et éducatives avec les pays concernés par l'immigration. Elle est le lien par excellence entre cultures et civilisation. À notre tour, nous avions débattu de nos problèmes propres et chacun d'entre nous à parlé au nom de la communauté qu'il représente. En ce qui concerne notre communauté, monsieur Fenzar, président de la délégation marocaine, a préparé un dossier. Les grandes lignes qui ressortent de ce dossier soulignent le défi relevé par monsieur LECHEHEB, notre Ambassadeur ainsi que par monsieur EL KADIRI Consul Général pour tenter de réveiller la dynamique de notre communauté disons quelque peu ... "assoupie". Le thème abordé concerne principalement nos techniciens, ingénieurs, hommes d'affaires, et autres "matière grise" qui ont réussi à s'intégrer dans leur pays d'origine, mais qui aspirent à oeuvrer pour le bien de leur pays d'origine. je cite: "Le désir ardent, de ces ressortissants est de contribuer par leurs compétences, leur savoir faire et leurs relations au développement économique et scientifique de leur pays d'origine." Il propose également que les Marocains qui souhaitent réaliser de petits projets et petites entreprises au Maroc soient aidés dans leur démarches administratives. LES REQUETES DE LA CME AU CANADA SONT LES SUIVANTES : __La possibilité d'ouverture d'un service des "investissements petites entreprises pour les ressortissants marocains à l'étranger". Ainsi que de développer une cellule d'aide à ces nouveaux investisseurs dans la gestion de leurs affaires afin qu'ils se réadaptent au milieu d'affaires marocain. __ La possibilité de réserver aux ressortissants marocains à l'étranger certaines unités ou participations privatisables qui peuvent être d'un financement à leur portée. __ La possibilité que priorité soit donnée aux compatriotes marocains, chaque fois qu'un projet nécessite des coopérants étrangers. Il est évident qu'ils doivent répondre aux critèresexigés par la profession. __ La possibilité de faire appel aux compétences marocaines lors de certaines négociations ou d'accords entre le Maroc et le pays d'accueil. Leur coopération ne peut qu'être bénéfique pour le Maroc tout étant valorisé auprès des responsables gouvernementaux de leur pays d'adoption. __ Que chaque ressortissant soit encouragé à être un pont entre son pays d'origine et celui de sa terre d'accueil. __ Le souhait que toutes ces activités soient cordonnées par un service au sein de la FONDATION HASSAN II. Pour résumer un peu cette journée , je dirais que nous ressentions tous très fort combien les différents ministères prennent à coeur les problèmes des Marocains Résidents à l'étranger. Je ne peux que m'étonner des connaissances approfondies que les autorités concernées possèdent sur chaque communauté. Le ministre du Travail devançait même les requêtes que nos concitoyens posaient. Il connaissait à fond le dossier pour chacun des pays, et ce, dans les moindres détails. Grâce à cette journée de travail, j'ai réalisé qui nous n'étions pas far away in a lost world . Ils sont intéressés par nos revendications. Ils sont tous au courant et ils ne demandent pas mieux que de nous épauler. Monsieur le directeur général de L'OMI, a exposé lors de son discours combien il était heureux de participer à nos travaux et dit-il , "le Maroc est un exemple en matière d'aide à ses ressortissants à l'étranger". Ce que je crois fermement. Combien de Pays ont choisi de renier leurs ressortissants dès qu'ils choisissent une autre nationalité! Les problèmes parce qu'il y en a c'est que les accords entre les pays diffèrent ou encore les législations sont contradictoires d'un pays à l'autre. Le problème dépasse parfois la bonne volonté des uns et des autres. Notre institution marocaine et musulmane ne peut pas accepter certaines contraintes occidentales. Ce qui crée des complications notamment en ce qui concerne les divorces, la naturalisation des enfants de couple mixtes, l'héritage, le remariage de la femme marocaine, ou simplement le choix d'un prénom qui ne soit pas sur la fameuse liste, par exemple. Parfois, nous ont-ils assurés, tout dépend de la flexibilité des services Consulaire pour résoudre certains litiges. Souvent les Marocains résidents à l'étranger veulent comme on dit, le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la fermière! Ils possèdent des avantages certains dans leur terre d'accueil mais réclament les mêmes sinon plus de facilités au Maroc, comme par exemple l'exemption de douanes, la liberté à recevoir un nouveau passeport, "chaque fois que le leur est perdu...", des professeurs de langues arabes et des assistantes sociales dans leur terre d'adoption, payées par le gouvernement marocain. Des frais énormes, alors qu'il leur suffit de s'organiser entre eux. Madame Benzouina Myriem, responsable du service Communication à la FONDATION HASSAN II a expliqué que plus de 70% du budget de la Fondation va dans les cours d'arabe de religion ou envois d'assistantes sociales. En fait , il nous faut tous être au courant des réalités économiques et sociales et du Maroc et du pays d'adoption. On ne peut pas d'un coup de baguette magique enrayer les problèmes d'immigration clandestine en Italie, ceux des Pateras ou Maghrébins qui quittent au péril de leur vie (cf dossier Maghreb Observateur Février 1999) ou ceux de la délinquance des jeunes en Belgique. Trop souvent, hélas, ce sont les parents qui démissionnent ou les autorités locales qui ferment les yeux. Toujours est-il que nos responsables marocains sont parfaitement conscients de tous les problèmes que vivent les MRE. D'autre part, leur langage tenait à peu près dans ces termes: Les ambassades, les Consulats sont là pour vous aider dans vos démarches. Faîtes appel à eux, ils sont là pour vous non contre vous. Pour revenir à mon séjour au Pays du soleil couchant, nous avions quitté Rabat pour Marrakech où ont lieu les festivités. À nouveau à l'hôtel Safir, nous profitons d'une journée de repos pour visiter les sites historiques de la Perle du sud. Toujours bien encadrés par la sécurité, nous étions parfaitement bien traités. Ne sommes-nous pas les hôtes de Sa Majesté? Mercredi 3 mars, les hommes des différentes Délégation sont invités au Palais Royal. Puis nous étions tous invités au Déjeuner offert par le Premier ministre au PALAIS des CONGRÈS. C'était grandiose. Le soir, nous sommes tous invités pour le dîner offert par Monsieur le Ministre d'Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération à l'honneur des délégations invitées. CHEZ ALI à Marrakech. Qui ne connaît pas Ali et son immense terrain d'attraction touristique et folklorique? Au menu, Bastilla aux fruits de mer, Poulets aux olives et Méchoui. Durant le repas le spectacle n'arrête pas. Danses et chants berbères, Gnaouas, Dakka Marrakchia, C'est la totale! C'est comme si nous étions au carrefour du folklore marocain. Après le repas, c'est le spectacle des mille et une nuits. Danseuse orientale, Fantasia, Rodéo. On nous lancent des pétales de roses, des dizaines de troupes nous accueillent, l'ambiance à la fête. Chez Ali, plus de 3500 personnes travaillent chaque soir pour Ali et son spectacle. Chez Ali, nous avons pris une photo souvenir avec un géant de 2m30 et un nain ( le père paraît-il) de 1m40. Le paysage est féerique. tous les sites touristiques sont représentés. Quelle soirée inoubliable! Jeudi matin, 4 mars, visite des sites historiques de la Ville de Marrakech. À 15 heures, c'est le départ au Palais Royal pour participer aux Cérémonies d'Allégeance à Sa Majesté le Roi. C'est la Beïa. Pour la première fois, les femmes ont eu le droit d'y assister (de loin). Mais l'émotion était là, très forte. Comme a dit Sa Majesté Hassan II à l'occasion de la nomination de Mr Azziman ,le 16 juin 1997 : " Tu sais sans nul doute, que nous ne sommes pas uniquement dépositaires de la responsabilité vis à vis de nos sujets à l'intérieur du Maroc mais que nous sommes également liés par la Beïa aux Marocains résidents à l'étranger, quelle que soit leur situation, qu'ils soient ouvriers, étudiants, hommes d'affaires petits ou grands commerçants "(...). Vendredi, Départ des Délégation hommes pour Rabat et quartier libre pour les femmes CME (Communauté Marocaine à l'Etranger). _ Nous ne sommes plus des TME, ni des RME mais des CME : Nuance! Samedi, c'est le grand jour, nous nous préparons pour l'invitation des femmes au Palais Royal de Marrakech. L'excitation est à son comble. Chacune d'entre nous habillée de ses plus beaux cafetans, maquillée et remaquillée, attend quatre heures avec impatience. La sécurité vient nous conduire avec les gyrophares _S'il vous plaît!_ et moment magique, on entre au Palais. Nous entrons au Palais, nous nous asseyons autour du Jnane immense ( sorte de jardin avec une belle grande fontaine en son centre. C'est comme les maisons traditionnelles, mais en grand, très grand. Le parterre est en zellige. Nous buvons du thé et nous attendons le signal pour aller dans les salons (toujours immenses) . Nous devons bien être plus de 600 femmes, toutes si bien habillées dans des tenues de toutes les couleurs de toutes les broderies et de tous les tissus! En allant vers les salons, un orchestre joue de la musique andalouse, nous entrons et là.... Il y a des fauteuils ça et là et des tables garnies de nourritures raffinées. Marrons glacés, pièces montées, gâteaux marocains, chocolats, fruits confits, fruits secs, tout. Toutes sortes de pâtisseries marocaines et autres. Tout, il y a absolument tout. Au centre il y a un énorme gâteaux d'anniversaire. Enorme. En blanc et vert il représente un Palais je pense. On nous sert du lait aux amandes, des limonades. C'est digne du Palais. On attend la venue du Roi. Sa Majesté apparaît quelques minutes pour nous souhaiter la bienvenue. Nous l'acclamons puis il se retire. Au salon, nous nous mettons à la recherche de l'épouse royale. La Reine-mère est assise, elle discute dans son beau cafetan mauve, elle remarque nos regards, nous sourit et continue de parler. Nous épions les Princesses mais nous n'osons pas trop approcher pour leur parler. Les ordres veulent que nous évitions de leur adresser la parole trop longtemps vu le nombre de femmes. Je salue La Princesse Lalla Myriem et la Princesse Lalla Hasnae. Et j'ai le coeur qui bat. Je crois rêver. Les petites princesses courent de part en part dans leur beaux cafetans colorés et leurs manteaux (il fait un peu froid au Palais...) Je rencontre Nawal Moutawakil, que je présente aux déléguées des communautés à l'étranger. Mais le temps passent trop vite! Si vite qu'il nous faut déjà quitter ces lieux royaux. Pas de photos permises, pas d'appareil dans l'enceinte du Palais. Le souvenir, on se le garde bien enfoui dans notre coeur. Voilà pour ces quelques jours passés sur invitation royale, en compagnie des membres des autres délégations marocaines à l'étranger. Toutes ces Marocaines et tous Marocains qui malgré qu'ils soient loin du Maroc, malgré qu'ils aient quittés pour une raison ou une autre leur sol natal, continuent de chérir le Maroc. Quant à la FONDATION HASSAN II, elle tient par-dessus tout à garder le contact avec ces filles et fils du Maroc. À nous de nous... brancher! Et moi, bien que je sois encore et toujours en amour du Canada, le Maroc reste à mon coeur ce que la couleur est à l'artiste : Je suis mon Pays.