Entretien de Ibnou El Amal pour découvrir M. Abderrahim Khouibaba Monsieur Khouibaba , vous êtes le Directeur de Maghreb Observateur. Depuis quelque temps beaucoup de gens se posent des questions à votre sujet : vous êtes aimé, haï, vous dérangez, vous devenez plus populaire, d'où beaucoup de questions à votre sujet, raison pour laquelle je vous ai proposé cette interview. Cependant je vous précise d'emblée que cette interview ne peut se faire que si vous acceptez de répondre sincèrement et sans ambiguïté à toutes mes questions, ce que vous avez accepté. Je vous en remercie au nom de vos lectrices et lecteurs. Cette interview va permettre de clarifier beaucoup de points à votre sujet et permettre à ceux qui ne vous connaissent pas et à ceux qui pensent vous connaître, de découvrir la vraie personnalité de M. Khouibaba, telle que je la connais moi-même. Si j'ai décidé de faire cette interview, c'est parce que je sais que beaucoup de choses sont fausses et que certaines personnes vous accusent souvent à tort, et avec malveillance. Maghreb Observateur : M. Khouibaba, beaucoup de gens se demandent qui est M. Khouibaba ? Est-il Marocain, car le nom de Khouibaba est plutôt à consonance mauritanienne? Khouibaba : Tout d'abord, j'aimerais juste dire quelque chose au sujet des accusations des gens et tout ça. Vous savez à mon arrivée, la première réalisation que j'ai faite, c'était lors de Transaction Internationale. Cela me faisait mal quand les gens ont parlé contre moi ou que l'on disait quelque chose. Le jour où j'ai commençé " à me foutre complètement " de ce que les gens disaient à mon sujet, c'est là que j'ai commencé un peu à réussir. Je reconnais vraiment, je ne suis pas le plus grand croyant au monde, mais je crois à une chose : quelqu'un est venu voir le prophète Mohamed et lui demande : -Prie pour moi Le prohète Mohamed lui dit : - "Je vous souhaite beaucoup d'ennemis". - "Comment, je vous demande de prier pour moi et vous me souhaitez beaucoup d'ennemis" ? Le prophète lui répond : - "Parce que le jour où vous aurez beaucoup trop d'ennemis, c'est le jour où vous aurez réussi". M.O. : Si nous revenons à la première question Monsieur Khouibaba, êtes-vous Marocain ou Mauritanien ? Khouibaba : Un jour, j'ai fait un article sur le drapeau Saoudien car il y avait des gens qui avaient écrit des choses très mauvaises à son sujet dans le Nouvel Observateur. J'ai pris la défense de ce drapeau qui portait un symbole religieux important ; alors l'ambassade de l'Arabie Saoudite se demandait qui j'étais. Ses gens m'ont écrit une très gentille lettre et je les en remercie. C'était le début du Maghreb Observateur. Ils se demandaient si j'étais Mauritanien, Marocain, Algérien ou même Tunisien, ils ne savaient pas qui j'étais. Alors le chargé d'affaires de l'Ambassade de la Mauritanie m'a dit, vous savez que nous avions un journaliste Khouibaba qui était justement spécialisé dans tout ce qui était " affaires arabes " dans un journal en Mauritanie. Il est décédé et je me demande, aujourd'hui, quel lien peut exister entre ce journaliste qui porte le nom de notre famille et ma famille ? M.O. : Mais où est le berceau de votre famille ? Khouibaba : Ma famille ? Je viens de Mohammédia, ville qui se situe entre Casablanca et Rabat, sur l'Atlantique. Je suis Marocain jusqu'au bout des ongles. Je suis né dans cette ville, Mohammédia que les Français appelaient la Cité des fleurs et des sports élégants ; le premier endroit au Maroc où il y a eu un golf. Je vis à St-Sauveur qui me rappelle ma ville natale, qui un jour, pourrait y être jumelée. M.O. : Mais vos parents sont aussi de Mohammédia ? Khouibaba : Oui, ils sont toujours là. Mon père n'est jamais allé à l'école. C'était un commerçant. Il n'avait pu réaliser ce rêve là, mais pour lui, c'était important que nous allions à l'école. Il disait toujours ; " Si métier n'enrichit protège de la misère et pourrait même vous sauver la vie ". Et c'était ça sa phrase. M.O.: M. Khouibaba, vous avez fait des études en génie minier qui devaient vous amener à faire le métier d'ingénieur des mines, vous avez passé deux ans de stage au centre phosphatier de Khouribga, côtoyant des ouvriers aussi bien que des agents de maîtrise et des hors-cadres. D'après notre enquête, vous avez vécu des moments difficiles car vous étiez déjà contestataire et vous n'acceptiez pas que les mineurs qui passaient de nombreuses heures au fond de la mine, travaillant dans des conditions difficiles et parfois dangereuses subissent en plus, des injustices de la part de leurs supérieurs, et vous étiez toujours là pour les défendre. D'ailleurs d'après nos renseignements, chaque mois votre salaire était amputé pour indiscipline. Mais vous n'avez jamais présenté d'excuses ! Est-ce le fait d'avoir vécu ce genre de situation qui vous a poussé à vous fixer comme objectif, d'avoir un jour les moyens de défendre la veuve et l'orphelin ? Khouibaba : Je ne peux pas dire ça. Pendant mon enfance et mon adolescence j'ai vécu énormément de choses au Maroc. Ces expériences ont probablement influencé le caractère que j'ai. Ce n'est pas mon salaire que l'on m'a coupé mais la bourse que j'avais obtenue. C'était la première fois que je gagnais un peu d'argent. Je crois énormément dans cette bénédiction des parents et je dis toujours, dans les moments difficiles : "Mon Dieu, mes parents, soyez avec moi ". Et cela a toujours toujours marché. J'ai fait mon bac en mathématiques et techniques au Lycée Al Khawarizmi. C'est-à-dire que maintenant, je sais travailler sur une rebouteuse, un tour, une fraiseuse, au niveau du dessin industriel. Pendant les deux ans où j'ai été agent de maîtrise, j'ai vraiment travaillé, j'étais le stagiaire pas vraiment le cadre. À côté de cela, j'étais vraiment privilégié, dans un sens, de voir dans les mines comment les gens travaillaient à la tâche, comment les gens étaient traités. On avait l'impression de vivre dans une caserne militaire. Il y avait le général : le haut cadre, le lieutenant : le cadre et le sergent en chef qui est la catégorie 7. Moi, je me trouvais entre les cadres et ces ouvriers, entre les officiers supérieurs et les soldats. Je gagnais peu. C'était difficile. C'était une injustice de l'époque, une injustice que le Maroc connaissait à ce moment là. Je voyais des gens qui avaient les moyens, parce qu'il y avait ma vie qui était à l'OCP (Office Chérifien de Phosphate). En tant que stagiaire, je voyais des gens commettre des erreurs graves envers la société. Dans les tribunaux, on gardait souvent la victime en prison. Je dis que c'est un ensemble. Pour revenir à la bénédiction des parents, la première des choses que j'ai fait avec le reste de ma bourse, c'est d'acheter quelque chose pour ma mère. Je payais chaque mois parce que c'était pas suffisant pour le payer entièrement. Je disais toujours à tout le monde, vous savez un jour je partirai d'ici. Du fait que je me trouvais vraiment à l'école de maîtrise de Boujniba, c'était même une pression parce que j'avais le choix d'aller soit au service militaire ou de trouver un prétexte pour m'évader de ça. M.O.: On dit que vous êtes rancunier, est-ce vrai ? Khouibaba : A plusieurs reprises, je me suis demandé et c'est très difficile de parler, est-ce vrai que je suis rancunier ? Comment je suis ? Je sais très bien qu'il y a des gens qui m'ont fait beaucoup, beaucoup de mal. Il y a une seule chose qui est sûre, jamais je ne me suis attaqué à des gens qui sont déjà à terre, au contraire. À mes pires ennemis, je vais leurs tendre la main s'ils sont à terre. Par contre, je déteste les gens qui continuent à vouloir ou à croire qu'ils peuvent tout faire. Je ne me suis jamais attaqué à la classe ouvrière. Je ne m'attaque qu'à des gens plus forts que moi. Un de mes amis dit toujours que je suis un kamikaze. D'ailleurs Amal, c'est quelqu'un qui me connaît bien. Je vois qu'à travers les questions qu'il pose, il cherche des réponses qu'il connait déjà. Il veut que les gens sachent. M.O. : Est-il vrai, comme on le dit, que vous vous attaquez surtout aux gens qui sont arrivés à des postes par "piston ?" Khouibaba :C'est normal, je crois qu'on doit le faire tous les journalistes, tous les gens doivent le faire si on veut prétendre aller dans une voie de démocratie. On étudie pas pour réussir, on étudie tout simplement pour arriver à quelque chose. Mais cela ne veut pas dire que celui qui a son père bien placé ne mérite pas vraiment d'être ministre. il ne faut pas non plus que cela soit un handicap. Je suis d'accord. J'ai toujours eu beaucoup d'estime lors de mon passage à l'OCP pour un homme fiable, honnête. Je me souviens de ce qu'il a fait au moment où il est devenu directeur à l'OCP : un dimanche, il est allé aux souks et il a pris note des numéros de toutes les voitures de service, les Renault 4, à ce moment là. Le lendemain, lundi, il a retiré toutes les voitures et il a dit aux employés, ce sont des voitures de service et non des voitures pour aller aux souks. J'ai toujours adoré ce Monsieur. Je dis que je suis anti-incompétence, c'est tout. Certaines personnes dont les parents sont bien placés peuvent eux aussi prendre des postes, mais je suis contre l'incompétence et le piston mal placé. M.O. : Vous arrivez au Canada et après vos études à l'Ecole Polytechnique vous vous lancez en affaires. D'abord dans la vente du cuir marocain, puis vous achetez un salon de coiffure à l'élue de votre cœur" Vous êtes même devenu un homme d'affaire puissant dans le domaine de l'immobilier, propriétaire de toute une montagne avec des lacs, vous rouliez dans des voitures de collection, bref vous étiez devenu Monsieur Khouibaba avec un M majuscule et certains vous appelaient "le Prince Khouibaba". Vous aviez votre propre cour et vos courtisans. Et hop ! Du jour au lendemain, c'est la chute vertigineuse : Vous avez tout perdu, pouvez-vous nous expliquer pour quelle raison ? Khouibaba : Vous savez en Occident et au Canada, dans les années 80, ce n'était pas très difficile de monter pour la première fois. Ce qui est très difficile, c'est de remonter lorsque l'on tombe. Ce n'est pas un pays comme le Maroc. Au Maroc, vous allez dire : " j'aimerais piloter cet avion ". Ils vont vous dire : " Montre-nous tes papiers, et les originaux svp ". Ici, vous leur dites, je veux piloter cet avion, ils vous disent de monter, mais si vous ne savez pas piloter cet avion, vous allez vous casser la gueule. Dans mon entourage, on voit dans cette expérience un succès, une chance extraordinaire. Moi je trouve que c'est une erreur, et si c'était à refaire, jamais, jamais je ne le referai. Aujourd'hui, je fais attention pour l'achat de maisons, de terrains etc. Il y a une chose que je n'oublierai jamais dans ce pays. Quand on va chez un médecin, s'il dit : " Tu vas très mal, il faut t'opèrer ". Sa parole, c'est le coran, c'est la bible. C'est quelque chose d'important. Ensuite tu décides mais pour moi, c'est le professionnel qui a parlé. Mais, je peux vous dire une chose et je mesure mes mots, les plus grands voleurs que j'ai connu dans ma vie ici, ce sont les notaires et les avocats, même si certains sont biens. J'ai été plus victime des avocats et des notaires que de la justice elle-même. Parce que la justice est une loi, le juge ne peut pas inventer quelque chose dans sa tête. Il va te juger selon le code de procédure, criminel ou civil. Par contre, un avocat quand vous tombez dans ses mains, c'est vraiment la pagaille. J'ai perdu mes maisons parce que tout simplement, elles étaient bâties sur un terrain coulissant. Je ne savais pas et encore maintenant je ne suis pas capable de l'expliquer. Le notaire a expédié rapidement cette affaire pour que je ne m'en rende pas compte. Et même s'il n'avait pas été aussi rapide, je ne m'en serai pas aperçu. Pour moi, il était la personne sur qui je pouvais compter, en qui j'avais confiance. Sinon à quoi ça sert d'avoir un notaire ? Je le payais pour faire un travail. Finalement, j'ai déposé contre lui des poursuites à la Chambre des Notaires. Je me rappellerai toujours de ce gars là, il s'appelait Pierre-Paul Blais, notaire. Il disait que je ne peux rien faire et il m'a même fait signer un papier pour se dégager de toutes responsabilités " signez ici, signez là "... Maintenant quand quelqu'un parle de papiers à signer, je lui dit de surveiller ce qu'il signe. Quand j'étais chez lui, je voulais me dégager de toutes responsabilités envers moi-même et lui s'est dégagé de toutes responsabilités envers moi. Les 368 Lac Millette à ST-SAUVEUR sont les deux maisons que j'ai perdues. Cette perte a été comme un château de cartes qui s'écroulait entraînant d'autres biens aussi. Cela reste un mauvais souvenir. Aujourd'hui, ce n'est plus ce que je recherche. M.O. : Durant votre traversée du désert vos anciens amis de la période faste de votre vie sont-ils venus à votre secours ? Khouibaba : Oui, oui oui oui, certains sont toujours restés mes amis jusqu'à aujourd'hui. Les profiteurs essaient de revenir maintenant. Ce que j'ai gagné dans cette expérience là, c'est que j'ai connu mes vrais amis, le comportement des gens envers moi dans les moments durs comme dans les autres moments. J'étais haut, j'étais bas, j'ai connu toutes les situations. Je ne peux oublier la main que m'a tendue Monsieur Fenzar, M. Benzakour. Oui, il y avait des amis qui étaient là, ma famille. Même si mes parents n'étaient pas au courant de mes problèmes. Jamais, je n'oublierais les gens qui ont voulu me faire du mal. M.O. : Puis une nouvelle chance s'est présentée à vous et vous avez créée et développé avec M. Fenzar une revue de commerce internationale et un journal, ainsi que des annuaires de commerce international. Vous aviez à votre disposition tous les moyens financiers et techniques, mais après trois ans l'opération n'avait toujours pas réussi. Pourquoi ? Khouibaba : Le premier point, vous savez j'étais toujours un sauvage dans une forêt, je n'avais pas de limite, pas d'encadrement. Avec Monsieur Fenzar, j'avais un cadre de travail que je ne connaissais pas. J'avais une discipline, j'avais l'impression de passer dans un camp d'entraînement. On dirait que tout ce que j'avais appris dans ma vie était à réapprendre. On a créé la revue. J'avais peur de décevoir celui qui croyait en moi. Après des déboires financiers importants, perte de deux millions cent mille pieds carrés de terrain, de deux maisons à St-Sauveur, des terrains au bord d'un lac, une perte qui s'élevait à pratiquement 600.000 dollars. Je suis arrivé au bout d'une semaine à n'avoir rien à manger. Puis cette main tendue, j'avais peur de le décevoir et j'essayais toujours de faire les choses à la perfection. Finalement on a fait un produit qui était avant son temps. On essayait de faire du journalisme informatif, du journalisme un peu éducatif, pas le journalisme à scandale. On était dans le milieu d'une revue dans le domaine du commerce international. On n'avait pas à critiquer les pouvoirs de tels ou tels pays. À cette époque pleins de choses changeaient la perestroïka, le mur de Berlin qui tombait. Un air de changement flottait, les gens avaient hâte d'accéder à la démocratie, voir tout ça. Et nous, en tant que produit au niveau du commerce international, nous étions placés très très loin de la masse. Ce qui ne nous a pas aidé non plus était que nous étions des Marocains. Les autorités marocaines ne voulaient pas nous aider, elles ne nous reconnaissaient pas. C'était plus facile d'avoir un mot du Premier Ministre du Canada que d'avoir un mot de l'Ambassadeur du Maroc de l'époque. Cela a été une période très dure pour nous. Et lorsque j'ai quitté, j'ai créé Maghreb Observateur. Je n'ai jamais pensé, jusqu'à aujourd'hui, que Maghreb Observateur était la synthèse, le fruit de cette expérience. Maghreb Observateur, pour moi appartient à tous nos lecteurs. M.O. : Par la suite vous vous êtes lancé dans d'autres opérations commerciales, mais votre objectif restait toujours le journalisme. Après quelques péripéties vous avez fini par atteindre votre but avec la création de votre journal Maghreb Observateur ? Khouibaba : Bon, de toute façon comme je l'ai dit tout à l'heure, Maghreb Observateur c'est le fruit de ce qui s'est passé. Il fallait vraiment aller dans ce chemin là. Le côté commercial ne m'intéressait pas comme tel, j'avais envie de vivre dans un milieu et d'écrire ce que je pensais. Et c'est cela que j'ai fait. M.O. : Durant les deux premières années, on sait que vous avez souffert par manque de moyens financiers. Parmi vos "amis", y en a-t-il qui sont venus à votre aide dans ces moments difficiles ? Khouibaba : Oui, encore je dis oui. Il y des gens qui m'ont aidé. Je pense à Fenzar. Vous savez, c'est une aide morale et même plus... Je dis toujours que c'est le Marocain le plus respecté ici au Canada. J'avais vraiment l'appui moral de ce Monsieur très important. Alors le reste je m'en foutais, et il avait aussi Ben qui courait avec moi et qui essayait vraiment des choses. Mais il y a eu aussi d'autres personnes que je n'oublierai jamais qui n'ont pas essayé d'aider mais de faire du mal. Et ça, c'est quelque chose de bien placé dans ma mémoire. Et... oui, on peut me dire que je suis rancunier dans ce cas-là, peut-être ? M.O. : On sait même que pendant cette période, le Consulat et l'Ambassade du Maroc ont financé une autre personne pour monter un journal afin de concurrencer le vôtre. Savez-vous pourquoi ? Khouibaba : En tout cas comme je l'ai dit tout à l'heure, Ibnou El Amal me connaît bien parce qu'il est parmi les gens qui suivent vraiment mon histoire. Oui, oui, parce pour les gens du Consulat et de l'Ambassade se pensaient en vacances au Canada, non pas pour travailler, ils venaient tous, ils étaient de passage ici. C'est vrai que le journal les dérangeait. Surtout quand quelqu'un ne faisait pas vraiment tout ce qu'ils voulaient. Et vous savez, ils n'ont pas compris, j'étais juste le mal compris. Alors ils ont donné de l'argent à des concurrents pour un journal qui s'appelait La Marche et il n'est sorti qu'une seule fois. Moi, je n'ai jamais reçu aucun sou. Aujourd'hui, je le reproche à tous ces gens-là et comme dit la plaque de Québec : " Je Me Souviens ". M.O. : Vous arrive-t-il de pardonner à ceux qui vous ont fait du mal ? Khouibaba : Oui, j'ai pardonné la preuve c'est moi avec M. Allouch qui avons organisé la soirée de départ de l'ancien consul général, M. El Kadiri. Je ne peux pas dire que je voulais vraiment qu'il parte, non. Il a même pleuré lors de cette soirée. Même lors de son dernier passage ici, il m'a appelé. Je considère que c'était comme un match de football, ou un match de boxe, on reçoit des coups et on en donne, à la fin lorsque l'on déclare le gagnant ou le perdant, on se salue comme si rien ne s'est passé. Je pense que l'on atteindra la maturité, le jour ou l'on comprendra ces détails là. M.O. : Après quatre ans d'efforts et de sacrifices, vous êtes arrivé à faire de Maghreb Observateur un journal lu et respecté. Vous avez pu avoir de la publicité, mais les gens pensent que cela n'est pas suffisant pour assurer la survie de ce journal et nombreux sont ceux qui disent que vous êtes financé par certains services occultes, qu'en dites-vous ? Khouibaba : Un proverbe dit quand tu veux tuer ton chien, tu dis qu'il a la rage. Et, financer par qui ? D'ailleurs après quatre ans, le journal arrive à se payer, mais il n'y a pas de surplus. De toute façon, on attend toujours après nos chèques. Lorsqu'ils sont en retard, nous avons de gros problèmes. Et ce n'est pas si facile qu'on laisse entendre. C'est beaucoup, beaucoup plus compliqué qu'on pense. L'édition est un milieu qui n'est pas facile. C'est pas comme une épicerie, tu achètes tant de pommes, tant de tomates, tu sais ce que tu as devant toi. Dans l'édition, le journal vaut quelque chose avant son impression. Dès qu'il est imprimé soit qu'il va valoir quelque chose, soit qu'il ne vaut plus rien. C'est ça le monde de l'édition. M.O. : On sait que votre journal, d'après notre enquête, ne reçoit de subvention ni de l'Ambassade, ni du Consulat, ni de la Fondation Hassan II, ni du Gouvernement canadien, ni du Gouvernement québécois. Comment faites-vous pour arriver à assurer et développer Maghreb Observateur ? Khouibaba : De toute façon pour vivre, on a choisi depuis le départ, au lieu de mettre nos énergies à la recherche de subventions, on a mis nos énergies à la recherche de publicités. Je profite de l'occasion pour remercier tous les gens qui ont aidé, qui nous encouragent. Mais de toute façon, mon objectif c'est d'abord de livrer cette marchandise et d'être plus près de notre clientèle. Alors la subvention, je ne pense pas que c'est la meilleure manière. On passe autant de temps pour trouver une subvention surtout ici au Canada et au Québec, tant de temps alors que je peux prendre le dixième pour chercher vraiment des annonceurs. M.O. : Pourquoi l'Ambassade et le Consulat qui ont les moyens, en finançant une autre personne pour nuire à Maghreb Observateur, tout comme ils ont financé quelqu'un d'autre à un certain moment qui a créé pour un laps de temps très court, la télévision communautaire marocaine ; pourquoi donc ces organismes ne viennent-ils pas en aide à votre journal qui pourtant, est de plus en plus apprécié par la communauté maghrébine et en particulier la communauté marocaine ? Khouibaba : Mais cela serait vraiment une erreur de tendre la main à ces gens là. Cela pourrait être une solution facile. Mais le journal fait parti de cette démocratie où n'importe quel outil de presse est le chien de garde de cette institution. Tendre la main veut dire adieu à cette liberté chèrement acquise. Il est vrai que l'ex-consul général a financé un journal et ce n'était nullement pour l'intérêt du Maroc mais pour contrer l'initiative de Maghreb Observateur. M.O : Alors qu'avec les autres ambassadeurs et consuls marocains vous n'étiez pas tendre, depuis la nomination du nouvel ambassadeur et de la nouvelle consule générale, vous êtes aux petits soins avec eux, un grand nombre de vos lecteurs et lectrices s'en demandent la raison, que répondez-vous à cela ? Khouibaba : Le changement ne vient pas de moi, et ne vient pas d'eux non plus, il vient d'un changement global que le Maroc connaît avec l'ère de Mahommed VI. A l'arrivée de monsieur Lecheheb, notre ambassadeur, nous avons eu une discussion, on trouvait qu'on avait les mêmes idées, la même manière de voir la choses, la même vision de notre pays. C'est sûr et certain que les autres ambassadeurs sont des ambassadeurs de salon. M. Lecheheb est un ancien joueur de football et il a dû probablement plusieurs fois dans sa vie, marquer des buts, sortir perdant et sortir gagnant. Il a appris dans sa vie, la défaite et le triomphe d'ailleurs, il gère d'une manière sportive l'ambassade. M.O. : Tout le monde reconnaît que Maghreb Observateur s'améliore à chaque numéro, tant par les sujets traités que dans la rédaction de ses articles, cependant certains trouvent qu'il y a encore trop d'articles de "remplissage", qu'en pensez-vous ? Khouibaba : Ils ont raison ces gens qui pensent qui il y a du remplissage. On ne peut pas faire d'omelette sans casser des œufs. C'est sûr et certain qu'on peut continuer sur la même ligne d'attaquer pour attaquer. Mais vous savez cela nous est arrivé comme à Serfaty, il était plus populaire quand il était en prison que maintenant qu'il est dehors, comme Yacine. Quand nous avions devant nous des fonctionnaires incompétents, nous avions de la matière. Maintenant le langage a changé et je ne peux pas tirer sur un Ambassadeur juste pour le plaisir de voir le journal monter. Malheureusement pour les gens, informer c'est pas tout le temps ce qu'ils veulent. Ils préfèrent que je dise des choses fausses et que je tape sur quelqu'un. Mais je ne veux pas le faire juste pour le plaisir. M.O. : Pour permettre à Maghreb Observateur d'être de plus en plus sélectif dans le choix de ses articles, vous avez crée un comité de rédaction qui est seul apte à décider du choix des articles. Pensez-vous que comme Directeur général de ce journal vous pourriez ne plus intervenir pour imposer au comité de rédaction la parution de tel ou tel article que le comité refuserait ? Khouibaba : Vous savez, je peux juste donner un exemple ; je pense que le rapport de Freedom House est très clair là-dessus. Les Etats Unis ne sont pas les premiers au point de vue liberté de presse mais en 15e et le Canada se place en 18ème position. Dans un journal, la rédaction ne peut pas être complètement indépendante de la publicité, du commercial. Vous savez, en tant Directeur, je ne peux pas laisser la rédaction taper sur un client. Même le Washington Post ne peut se permettre de dénigrer Mac Donald, un de ses plus gros clients. Alors comment nous, un petit journal qui vivons grâce à la publicité, pouvons-nous le faire ?. On ne peut pas se permettre d'attaquer un de nos clients. C'est sûr que le comité de rédaction a son dernier mot. D'ailleurs. si les Etats-Unis sont à la 15e place, , ils le sont pour des raisons plus commerciales que politiques. M.O. : M. Khouibaba , vous vous êtes marié et divorcé deux fois, la première fois avec une Québécoise de souche, la seconde fois avec une Marocaine. Si vous permettez la question suivante : est-ce votre implication totale dans votre métier qui a nui à ces mariages ? A 44 ans envisagez-vous un troisième mariage ? Il y aurait d'après notre enquête, de nombreuses postulantes. Ou alors pensez-vous rester marié avec votre journal et votre émission de radio ? Khouibaba : C'est un choix que j'ai fait. C'est certain qu'après le premier et le deuxième mariage, ça fait drôle un peu d'être questionné à ce sujet, mais pour le moment c'est loin de moi, il y a tant de choses qui se passent dans ma vie. M.O. : Pour quand un programme de télévision ? Khouibaba : Très, très bientôt. M.O. : Cependant certaines personnes disent que pour réussir, vous êtes prêt à aller au-delà des limites permises. Alors que comme journaliste vous savez très bien qu'il y a un code de déontologie à respecter, est-il vrai que vous pouvez aller jusqu'à nuire pour atteindre votre but ? Khouibaba : Pas atteindre mon but à moi, mais atteindre notre but en tant que demandeur. Un proverbe arabe qui dit : " Qu'il n'y a pas de droit perdu tant que derrière, il y a un demandeur ". Alors c'est sûr et certain que je n'ai jamais demandé quoi que ce soit pour moi-même, mais je suis pour demander quelque chose dans l'intérêt de tout le monde. Oui, je n'ai pas de limite pour atteindre cela. M.O. : Une personne qui vous connaît très bien sait que vous êtes un homme intelligent et respectueux envers ceux qui vous respectent et très humain, alors que beaucoup croient que vous êtes le diable réincarné. Qu'en pensez-vous ? Khouibaba : Si on pense que si on fait des choses et que tous les gens vont vous adorer, on doit rester chez soi. C'est très difficile d'être aimé. Quand j'aime quelqu'un je suis prêt à tout lui donner. Mais c'est certain quand quelqu'un me fait du mal je suis le diable. Nous sommes tous comme cela. Dîtes-moi, qui peut être aimer par tout le monde ? Surtout dans mon métier. M.O. : Maghreb Observateur a annoncé à plusieurs reprises que d'autres numéros spéciaux devaient être faits sur la Tunisie, l'Algérie et par la suite sur la Libye et la Mauritanie. Mais nous ne voyons rien venir, pour quelle raison ? Khouibaba : On sort bientôt un spécial sur la Belgique et les Maghrébins. Mais pour la Tunisie et l'Algérie nous avons tout fait, attention on ne leur demande pas d'argent et rien du tout, mais si l'Ambassadeur de Tunisie ne nous répond même pas à des questions parce qu'il a besoin d'un modèle et qu'il doit attendre une approbation pour nous répondre. Que voulez-vous qu'on fasse. N'oubliez pas, que nous sommes classés comme un journal qui s'est attaqué au régime de Ben Ali. Mais je ne regrette rien. De toute façon, c'est pas nous qui ne voulions pas, c'est eux et nous avons des preuves. Pour l'Algérie, quand je rencontre leur ambassadeur, il me parle avec beaucoup de respect et beaucoup de snobisme . Mais eux aussi n'ont pas donné suite. M.O. : Votre journal est surtout destiné à la communauté maghrébine en Amérique du Nord, mais également pour l'Europe, quand pensez-vous que Maghreb Observateur sera diffusé dans les pays européens. En traitant les problèmes spécifiques à cette communauté en Europe ? Khouibaba : Sur Internet nous avons plus cent mille lecteurs dont trente mille marqué Europe sans parler des inconnus, il y a beaucoup d'Européens là-dedans. Alors, je considère qu'en moyenne nous avons 40 mille personnes en Europe. Et si on parle version papier, il va débuter en septembre avec un lectorat plus important. Lors de mon dernier voyage, j'ai pu voir les problèmes de ces communautés qui sont complètement différents des nôtres. Nous devions trouver des correspondants pour écrire sur ces communautés. On pense même à une version hollandaise, les traducteurs sont déjà trouvés ainsi que les distributeurs. En septembre, il y aura du changement et tout ira bien M.O. : Ce dernier numéro spécial, grâce à l'appui de M. l'Ambassadeur du Maroc à Ottawa, va être distribué sur la ligne R.A.M. Montréal/Casablanca, mais comment se fait-il que votre journal ne soit pas diffusé de manière régulière sur les autres lignes de la Royal Air Maroc, alors que la majorité des passagers qui utilisent cette compagnie nationale, en particulier en provenance de l'Union européenne, sont des Marocains ? Khouibaba : Vous savez, dans mes articles quand je parlais vraiment des problèmes de Royal Air Maroc, je n'ai jamais visé l'entreprise comme telle, j'ai visé des gens qui travaillaient pour l'entreprise. Alors le Directeur d'ici, comme punition nous a empêché de distribuer notre publication sur Royal Air Maroc. Il m'avait dit : " Tu n'arrêtes pas de me casser du sucre sur le dos et tu voudrais que ton journal soit dans la Royal Air Maroc ? " Mais quand je le critiquais, je critiquais son travail que je trouvais qu'il ne faisait pas bien. Cela veut dire que je défendais la compagnie Royal Air Maroc contre lui. Je ne savais pas qu'il était plus important que Royal Air Maroc, c'est pour cela que l'on ne pouvait pas me distribuer. Maintenant, je ne sais pas de quelle manière on va procéder. J'en profite pour remercier M. Lecheheb, l'ambassadeur du Royaume du Maroc au Canada. Cette distribution pour moi est importante, c'est une forme de reconnaissance. M.O. : Avez-vous de vrais amis ? Khouibaba : Oui M.O. : Quel sport pratiquez-vous ? Khouibaba : Aucun M.O. : Quelle est votre équipe marocaine préférée en football ? Khouibaba : Je ne connais pas le football M.O. : Quel est votre plat favori ? Khouibaba : Cela dépend du moment. J'adore manger du marocain, quand je suis en Belgique, manger dans ce qu'on appelle les snacks marocains à la gare du midi. M.O. : Quel est votre plus grand plaisir dans la vie ? Khouibaba : Lorsque j'écris un article, que je sors dans la rue et que je sens que mes lecteurs partagent mes points de vue. Je sens vraiment que j'ai atteint mon objectif. M.O. : Que veut dire pour vous le mot "amitié " ? Khouibaba : Enormément de choses. M.O. : Votre obstination à devenir un grand journaliste vient-elle du fait que votre frère Mohamed est lui-même un journaliste fort connu et respecté au Maroc et que vous voulez absolument le surpasser ? Khouibaba : Pas vraiment, le surpasser mais c'est certain que je suis toujours fier de ce gars là. Malgré que nous ne soyons pas d'accord sur tout. M.O. : Quelles sont vos relations avec l'Ambassadeur et la Consule Générale actuellement en poste ? Khouibaba : Très bonnes. M.O. : Avez-vous des contacts avec les ambassades et consulats des autres pays du Maghreb ? Khouibaba : Maintenant oui. M.O. : Avez-vous des ambitions politiques ? Khouibaba : Plus maintenant, avant j'en avais énormément. C'était mon rêve de devenir Ministre. M.O. : Pouvez-vous nous dire le nom de votre prochaine victime, si victime il y a ? Khouibaba : On a pas de victime tout le temps, la victime se fait elle-même vous savez. C'est celui qui sera injuste face à la société. M.O. : Êtes vous un noctambule ? Khouibaba : Un quoi? Vous savez mon vocabulaire n'est pas très développé, moi je suis un technicien et non pas un littéraire. Qu'est-ce que cela veut dire ?... Alors oui j'adore cela. M.O. : Préférez-vous une vie paisible ou trépidante ? Khouibaba : Encore qu'est-ce que cela veut dire ? J'adore le calme, j'aime beaucoup le calme. M.O. : Êtes-vous un homme riche ? Khouibaba : Pas du tout. M.O. : Depuis que vous êtes à la radio on dit que vous avez beaucoup de succès auprès des femmes, est-ce vrai ? Il paraît que certaines vous ont même proposé le mariage ? Khouibaba : La manière marocaine de faire de la radio est comme si vous faisiez quelque chose d'énorme, de très important. Oui, par erreur il y a des gens qui croient qu'on réussit quand on parle sur des ondes. La radio est un métier comme un autre, c'est tout. Je déteste l'esprit du vedettariat. M.O. : Vous prenez-vous pour une vedette ? Khouibaba : A votre avis, en tant que témoin ? Je ne pense pas, parce que j'ai beaucoup de respect pour les gens qui travaillent. M.O. : Khouibaba le modeste, l'humain, le serviable, qui veut tout donner tout de suite, qui est toujours prêt à rendre service, parfois au détriment de ses intérêts et de sa personne, ne risque-t-il pas d'être ébloui par le succès et oublier ses vrais amis ? Khouibaba : Ça c'est la meilleure. Non de toute façon, je n'ai pas beaucoup d'amis, mais mes amis me connaissent très bien et je les compte sur les doigts d'une seule main. M.O. : On vous reproche de vous attaquer aux hautes personnalités des autres pays maghrébins comme vous l'avez fait pour le Président Ben Ali, mais vous ne critiquez jamais les personnalités du gouvernement marocain. Pourquoi ? Khouibaba : Je pense que dans ce numéro, vous-même, Ibnou El Amal vous critiquez le premier Ministre Youssoufi. Au sujet de Ben Ali, il n'est pas critiqué juste par moi. Ben Ali, c'est un sujet journalistique très intéressant, un sujet que tous les journalistes parlent. Le régime de BenAli est vraiment contesté à travers le monde. M.O. : Beaucoup de vos lectrices et lecteurs se demandent pourquoi vous ne vous attaquez jamais aux islamistes et certains même disent que vous êtes très (trop) proche d'eux, raison pour laquelle vous hésitez à les critiquer quand il le faudrait, qu'en dites-vous ? Khouibaba : Je suis pour le choix et le respect du choix de chaque personne. Alors je ne m'attaque pas aux islamistes parce que ma religion est l'islam que je le veuille ou non. Et, celui qui nie son identité, est une personne qui n'a pas de principe. Comme je ne m'attaque jamais aux autres religions, c'est une question de respect. M.O. : Vous aimez beaucoup les enfants et pourtant malgré deux mariages, vous n'en avez pas, comment cela se fait-il ? Khouibaba : J'en ai deux, mon journal et ma radio. Je dis mon journal et ma radio mais c'est notre journal et notre radio. C'est ce que j'ai toujours dit. J'ai encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire là-dedans. Et je ne suis pas vraiment pour la formule d'amener des enfants au monde sans me préoccuper de leur bien être. Si j'avais des enfants, jamais je n'aurai pu tout investir dans notre journal. Jamais notre journal n'auraît pu voir le jour. M.O. : Vous avez souvent critiqué les fonctionnaires marocains en poste au Canada de ne pas bien connaître leur pays. Mais vous qui avez quitté le Maroc depuis plus de vingt ans, croyez-vous que vous connaissez mieux qu'eux votre pays, pour vous permettre de les critiquer ? Khouibaba : Cette remarque m'a été faite par la Consule générale du Maroc, madame Jaïdi. Je lui demandais si ces fonctionnaires marocains qui vivent longtemps à l'étranger connaissent bien leur pays. Elle m'a répondu : Et toi, tu le connais ? C'est très vrai. Non, je ne connais pas vraiment mon pays. Mais je souhaite que mon pays soit géré selon une formule juste et cette formule est standard. Pas besoin de connaître un pays pour souhaiter l'équité. M.O. : On sait qu'en général quand il y a une personne handicapée dans une famille on est toujours gêné d'en parler. Vous-même vous avez une nièce handicapée et vous n'en avez jamais parlé. Tout à coup vous lancez une opération en faveur des handicapés en utilisant le propre nom de votre nièce Salima." Qu'est-ce qui vous a réveillé pour vous lancer dans cette opération et révélé à vos lecteurs et lectrices, que vous aussi vous avez quelqu'un de handicapé dans votre famille ? Khouibaba : Vous savez, il vaut mieux tard que jamais. Ce que j'aime du Québec, c'est que nos complexes et nos problèmes sortent de nous. Et, c'est certain que j'ai parlé de ma nièce, parce que j'ai vu vraiment comment les choses se sont déroulées. Oui, aujourd'hui je suis très fier de cette action et cela ne sera pas la dernière. Il y a eu le premier forum au féminin pour Madame la Consule générale, pour moi la première marche pour Salima et il y aura chaque année une marche pour Salima. Je dis toujours que Salima sera toujours le trait, la limite, la frontière. Il faut que l'on soit plus pauvre que Salima pour bénéficier de l'aide de la marche de Salima. M.O. : Quel impact représente le fait d'avoir sa propre émission de radio et son propre journal ? Khouibaba : Rien du tout, plus de responsabilités, le plaisir de garder toujours ça. Vous savez sans mon journal, sans ma radio je me demanderai pour quelles raisons, je dois continuer à vivre. M.O. : On sait qu'au Canada, et dans les pays occidentaux en général, que lors d'une sortie l'homme et la femme paient chacun leur part, à moins d'une invitation claire et nette. Lorsque vous sortez avec une Marocaine, comment réagit-elle lorsque 'arrive l'addition ? Khouibaba : Le problème de la Marocaine c'est qu'elle veut toujours vivre à la Marocaine. Ici au Canada, elle veut toujours profiter du tout ce qui est Marocain et elle veut bénéficier des choses qui sont ici au Québec. Alors oui cela ne marche pas comme d'habitude avec la Marocaine. Mais dernièrement j'ai vu des Marocaines différentes. C'est un choix, c'est leur manière de fonctionner. M.O. : Que pensez-vous en général de la femme marocaine au Canada ? Pensez-vous qu'elle change de mentalité ou reste-elle attachée aux us et coutumes de son pays ? Khouibaba : La femme marocaine est une femme brillante, intelligente. Et je peux parler de la femme maghrébine en général. Elle veut garder ce qu'elle a déjà acquis au Maroc et elle veut bénéficier en plus ce que la femme a ici. C'est pour cela d'ailleurs que la femme marocaine qui vit au Québec est une femme qui vit le double d'une femme en général. Parce que la femme québécoise ne voudra jamais vivre ce que vit la femme marocaine au Maroc. Elle ne veut pas ces avantages, elle ne veut pas ces inconvénients. Par contre, la femme marocaine veut avoir les avantages de la femme québécoise et les avantages qu'elle a acquis là-bas, mais elle ne veut aucun inconvénient, je peux me faire détester par les femmes marocaines. Mais c'est mon opinion. D'ailleurs, le mariage mixte, aujourd'hui, est devenu plus un mariage avec une Marocaine qu'avec une québécoise. M.O. : Lorsque vous fréquentiez le collège Ibn Yacine de Mohammédia vous aviez pour ami le fils du proviseur. Et vous jouiez souvent ensemble au billard, où il fallait payer chaque partie 5 centimes. Las de payer vous avez eu l'idée de fabriquer votre propre billard avec une des portes de toilette du collège. Votre ami fils du proviseur du collège portait la porte en question sur la tête, vous faisiez le guet et vous vous êtes fait surprendre par le concierge qui courut après vous, délaissant votre comparse parce qu'il était le fils du proviseur et c'est donc vous qu'on a accusé du larcin. Est-ce cette injustice qui vous a marqué et poussé à défendre les faibles ? Khouibaba : D'ailleurs ce fils de proviseur est venu au Canada et après trois ans, il a quitté parce qu'il ne pouvait rien réussir. Cela veut dire qu'il n'a pas appris comment se débrouiller, c'était toujours son père qui le guidait comme beaucoup de nos fonctionnaires qui ont supporté leurs enfants. Lui, il portait la porte pour la faire sortir et c'est moi qui avais eu l'idée de faire un billard au lieu que l'on nous fasse payer. Mais le problème c'est que le gars avait la porte sur la tête et pourtant le gardien n'a suivi que moi parce que je suis juste le fils de " El Khadar " c'est pas vraiment grand chose devant le proviseur. Même les examens qui étaient supposés être secrets, il les regardait chez lui. C'est à la maison qu'il les faisait et le lendemain il va pour refaire ses examens. D'ailleurs, il a sauté beaucoup de classes. Il rentrait au lycée au lieu d'être en classe d'observation avec nous. Il était en première année tout de suite et puis il a sauté en troisième année. Il a sauté tellement que lorsque son père a sauté, il a sauté lui aussi. Il ne valait rien et le mot ami comme vous l'utilisez ici, je le déteste parce qu'il n'a jamais été mon ami. En tout cas, ce fils à papa est retourné au Maroc, il n'arrivait pas parce que... papa n'était pas là. D'habitude, ces fils à papa tentent leur chance au Canada pendant 5 à 8 ans, lui à fait 3 ans. Cela vous donne une idée de l'éducation que son père lui a donné. M.O. : Vous êtes parvenu à dévier le système de troc en étant membre de plusieurs sociétés de troc et par ce fait vous êtes devenu le chef d'orchestre de plusieurs clubs de troc. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez réussi à contrôler le système ? Khouibaba : Ça normalement c'est un secret. Je ne crois pas aux nouvelles idées, je crois aux idées reconditionnées. Quand on prend une idée et qu'on la refait. C'est ça que j'ai fait dans ma vie. J'ai pris le troc que je ne connaissais pas et je n'étais pas propriétaire des affaires de troc. Le troc était maintenu par des gens qui n'avaient rien dans le fond. On ne peut pas vraiment devenir propriétaire d'une compagnie de troc si on n'a pas vraiment une base ou au moins un petit produit quelque part. C'est ça ce qui est arrivé.