La Banque mondiale a livré ce mardi, 31 octobre, sa 15ème édition du rapport « Doing Business 2018: Reforming to Create Jobs » qui mesure chaque année la facilité de faire des affaires pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) du monde entier. Il classe le Maroc 69ème rang mondial parmi 190 pays avec un score de 67,91 points sur 100. «Avec un score de 67,91 sur 100, le Maroc est à un tiers du chemin vers la meilleure performance au monde et s'approche à grands pas vers les meilleures performances dans les indicateurs à caractère procédural », souligne un communiqué du département du Chef du gouvernement. Entre les classements 2017 et 2018, le Maroc a perdu une place (il était à la 68e place). L'Algérie a reculé de 10 places, passant du 156e au 166èmerangs. En matière de transfert de propriété, le Royaume est au 86ème rang mondial, soit une place gagnée par rapport à l'année précédente. « Le Maroc a simplifié le paiement des taxes et des impôts, en optimisant le système en ligne pour remplir ses déclarations et acquitter l'impôt et réduit le nombre de procédures requises pour créer une entreprise. Mais l'augmentation des frais d'enregistrement renchérit le transfert de propriété », souligne le rapport. Dans les économies de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), poursuit la même source, les réformes de l'environnement des affaires se sont poursuivies à un rythme soutenu l'an dernier.« Malgré les multiples défis de taille auxquels elle est confrontée, la région a mené à bien des réformes de l'environnement des affaires même dans les situations les plus difficiles, comme à Djibouti, et c'est très encourageant », explique Santiago Croci Downes, responsable du projet Doing Business. Les trois pays les mieux classés de la région sont les EAU, à la 21ème place, devant Bahreïn (66ème) et le Maroc (69ème), relève-t-on de même source. La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord affiche de belles performances dans quatre domaines : l'obtention des permis de construire, le raccordement à l'électricité, le transfert de propriété et le paiement des impôts et taxes. Ainsi, se raccorder à l'électricité ne prend en moyenne que 81 jours, soit à peine plus que la durée moyenne dans les pays à revenu élevé de l'OCDE (79 jours). De même, il faut 132 jours pour obtenir les autorisations requises pour construire un hangar, contre 154,5 jours dans les pays de l'OCDE. Raccordement à l'électricité : le Maroc à la 72ème place Pour le Maroc, Business 2018 place le Maroc au 72ème rang mondial en matière de raccordement à l'électricité, enregistrant une progression de 35 places par rapport à l'édition 2012.Sur les 6 pays africains de comparaison, le Maroc enregistre la plus forte performance avec plus de + 35 places, suivi de l'Afrique du sud (+ 12 places). En ce qui concerne les réformes entreprises, le rapport estime qu'au niveau de la ville de Casablanca, la société délégataire en charge de la gestion de l'électricité (Lydec) a amélioré les prestations de services rendus aux entreprises en termes de délais de traitement des dossiers pour le raccordement au réseau électrique et par la publication des engagements de service. Bien que la Lydec ait mis en place une plateforme de «Raccordement Moyenne Tension» (RMT) pour les entreprises industrielles en mai 2017, cette réforme n'a pas été prise en compte dans la dernière édition du rapport, note la même source, faisant observer que la contre -performance du Maroc enregistrée cette année par rapport à l'édition précédente (-15 places) pourrait s'expliquer en partie par les efforts de réformes entreprises par les autres pays. L'indicateur «Raccordement à l'électricité» recense toutes les procédures qu'une entreprise doit accomplir afin d'obtenir un raccordement électrique permanent et l'alimentation d'un entrepôt standardisé. Ces procédures comprennent les demandes déposées auprès des sociétés d'électricité ainsi que les contrats passés avec celles-ci, toutes les inspections et les autorisations à solliciter auprès des sociétés d'électricité ou d'autres organismes ainsi que les travaux de raccordement et de mise en service. Depuis l'année dernière, cet indicateur intègre la fiabilité de l'approvisionnement et la transparence de l'indice des tarifs ainsi que le prix de l'électricité. La région MENA à la traîne dans trois domaines Le rapport note, par ailleurs, que la région MENA est, cependant, à la traîne dans trois domaines : l'obtention des prêts (malgré les nombreuses réformes engagées l'an dernier), le commerce transfrontalier et le règlement de l'insolvabilité. Ainsi, le coût des formalités documentaires à l'exportation ressort en moyenne à 244 dollars, contre 35 dollars dans les pays à revenu élevé de l'OCDE. Quant au taux moyen de recouvrement en cas de faillite, il s'établit à 25,5 cents pour un dollar dans la région, contre 71,2 cents pour un dollar dans les pays de l'OCDE. Avec 67 réformes mises en œuvre depuis 15 ans, les efforts ont majoritairement porté sur la création d'entreprise. Il suffit désormais de 17 jours en moyenne pour lancer une entreprise dans la région, contre 43 en 2003 — un chiffre à comparer à la durée moyenne de 8,5 jours dans les pays à revenu élevé de l'OCDE. Au Maroc par exemple, les délais sont passés de 35 à neuf jours. Avec 33 réformes engagées dans la région en 15 ans, poursuit ledit rapport, les Émirats arabes unis détiennent le record régional, devant le Maroc (31). Nouvelle-Zélande, Singapour et le Danemark toujours en tête Au niveau mondial, la Nouvelle-Zélande, Singapour et le Danemark continuent d'occuper les trois premières places du classement 2018 relatif à la facilité de faire des affaires, devant la République de Corée, la RAS de Hong Kong en Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Norvège, la Géorgie et la Suède. Les dix pays où les améliorations sont les plus sensibles sont le Brunei Darussalam (pour la deuxième année consécutive), la Thaïlande, le Malawi, le Kosovo, l'Inde, l'Ouzbékistan, la Zambie, le Nigéria, Djibouti et El Salvador. « Les politiques publiques sont la clé de la création, de l'activité et du développement des petites et moyennes entreprises. De plus en plus, les gouvernements du monde entier consultent le rapport Doing Business pour obtenir des données objectives à l'appui de leur action. Mais surtout, l'accessibilité et la transparence totales du rapport permettent aux citoyens de réclamer des comptes à leur gouvernement face à des réformes qui profitent aux entreprises et aux ménages et, plus largement, à la société tout entière », analyse Shanta Devarajan, directeur principal pour l'économie du développement à la Banque mondiale. A. CHANNAJE