Même en grimpant de 16 places dans le nouveau classement de «Doing business2015», le Maroc a vu sa position se dégrader dans six parmi les 10 indicateurs retenus dans le rapport de la Banque mondiale sur le climat des affaires. En revanche, les nouvelles procédures douanières sauvent la mise et permettent au Royaume de tirer son épingle du jeu. Depuis plusieurs semaines, Abdelilah Benkirane sentait venir une éventuelle «amélioration» de la position du Maroc au classement «Doing business2015» de la Banque mondiale. Le 20 octobre dernier, face aux patrons présents lors de la sortie des «500 plus grandes entreprises», le Chef de gouvernement disait en avoir eu de bons échos. Le hasard a voulu que ce fameux classement évaluant le climat des affaires dans le monde sorte le jour d'une grève générale décrétée par trois syndicats. Le gouvernement s'en est servi et a même orchestré une quasi-opération de teasing autour du nouveau rang accordé au Royaume par les experts de la Banque mondiale. En effet, sur un total de 189 pays, le Maroc y est classé 71ème au lieu de la 87ème place affichée dans le rapport de l'année 2014. En termes d'attractivité et de facilitation de l'investissement, le pays fait ainsi mieux que la Chine (90e), le Liban (104e), la Lybie (188e), l'Egypte (112e), l'Algérie (154e). Mais il lui reste encore du chemin pour atteindre les niveaux de la France (31e), l'Espagne (33e), la Tunisie (60e), les Emirats arabes unis (22e), l'Afrique du Sud (43e), l'Arabie saoudite (49e), le Qatar (50e), la Turquie (55e), ou encore Singapour (1er du classement) qui trône au sommet du classement. Ces chiffres sont toutefois à prendre avec quelques précautions. D'abord, parce que le nouveau rapport de la Banque mondiale a introduit un changement de taille, d'ordre méthodologique. Le classement Doing business est désormais basé sur «l'index de la distance de la frontière» : chaque économie est évaluée en fonction de la proximité de sa réglementation des affaires aux meilleurs pratiques mondiales. Par conséquent, une fois le classement précédent (2014) ajusté selon cette nouvelle méthode, le Maroc aurait pu afficher un recul de trois rangs au lieu de grimper de 16 places en un an ! La douane à la rescousse L'amélioration globale du climat des affaires cache des résultats sectoriels disparates. Le classement du Maroc s'est même dégradé dans six parmi les 10 indicateurs retenus par Doing Business, atteignant des niveaux alarmants en matière de protection des investisseurs minoritaires (122ème rang), de règlement de l'insolvabilité (113ème), d'obtention de prêts (104ème), de transfert de propriété (115ème) et de raccordement à l'électricité (91ème). Mais le meilleur classement obtenu par le Royaume reste celui enregistré au niveau de l'indicateur du «Commerce transfrontalier». Le Maroc y est classé au 31ème rang, juste derrière l'Espagne (30ème) et devant la Tunisie (50ème), l'Egypte (99ème) et l'Algérie (131ème). Cet indicateur mesure la performance des procédures, douanières et non douanières, applicables aux opérations de commerce extérieur, en mesurant leur impact sur le temps et le coût (hors droits de douane) associés à l'exportation et l'importation d'une cargaison standard de marchandises par voie maritime. A ce titre, nous explique un responsable au sein de l'Administration des douanes et impôts indirects (ADII), l'exportation d'un conteneur standard de marchandises nécessite 4 documents, prend 10 jours et coûte 595 dollars US. Importer le même conteneur de marchandises exige 6 documents, demande 14 jours et coûte 970 dollars US. Dans le détail, le nombre de documents exigibles a été revu à la baisse (4 au lieu de 5 à l'exportation et 6 au lieu de 7 à l'importation), suite notamment à la suppression de l'«engagement de change» au niveau de l'export et du «rapport d'inspection» au niveau de l'import. Ces deux documents ont été retirés de la liste des pièces exigibles à l'issue des discussions engagées l'année dernière par l'ADII avec les rapporteurs Doing Business dans le cadre du comité national de l'environnement des affaires. En termes de coûts, le rapport fait état d'une stagnation à l'importation comme à l'exportation entre l'année 2014 et 2015, contre une légère augmentation enregistrée dans les régions MENA et OCDE. En effet, l'exportation d'un conteneur coûte 595 dollars, contre une moyenne de 1.160 dollars pour la région MENA et 1.080 dollars au sein de l'OCDE. A l'import, le coût s'élève à 970 dollars par conteneur contre 1.307 pour la région MENA et 1.100 pour les pays de l'OCDE. Enfin, les délais nécessaires pour la réalisation des opérations d'importation et d'exportation ont connu une baisse significative, réduits d'un jour à l'export et de deux jours à l'import. Cette baisse, note le responsable de l'ADII, est essentiellement liée à la mise en oeuvre du nouveau système de dépôt des «déclarations sommaires par anticipation», à l'avancement du projet «Portnet» et à la mise en oeuvre de la mesure de la «Mainlevée à domicile».