Elles ont pour noms Laila Farida et Laila Atouna, ces premières dames du cinéma au Maroc qui, dès les années 30, sont sollicitées par divers cinéastes européens, à jouer dans des films tournés ou pas au Maroc. Elles seront suivies juste par Itto Bent Lahcen, cette femme analphabète et bédouine du moyen Atlas qui arriva à entrer dans l'anthologie du cinéma international puisque dirigée par Orson Welles, André Zwoboda et Jacques Baratier. Bien que méconnues des plus lettrés des critiques et historiens, ces dames font aujourd'hui la fierté du cinéma marocain car investi très tôt un domaine réservé à la bourgeoise occidentale. Elles se sont déployées longtemps devant la caméra avant que d'autres femmes, tout aussi passionnées, viennent assurer la relève, mais derrière. La création du fonds d'aide en 1980 a permis à certaines femmes d'investir le cinéma. Farida Bourquia est la première cinéaste à réaliser un long métrage en 1982: "Al Jamra"(La braise), bien que deux années plutôt, Farida Belyazid s'intéressa à la production autour de "Brèche dans le mur"(1978). C'est celle-là même qui réalisa un bon nombre de films de qualités inégales, mais reste relativement prolifique en matière de cinéma féminin. Les deux Farida font partie de la première génération de réalisatrices marocaines qui continuent aujourd'hui à scénariser, réaliser et produire aussi bien pour le cinéma que pour la télévision. Cependant, la relève est assurée puisqu'une nouvelle génération voit le jour travaillant aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Elle font des films avec une réelle objectivité et restent très collées à la réalité du pays avec ses préoccupations économiques, sociales, culturelles et même morales. Elles s'intéressent à tout, aussi bien à l'Histoire du pays, qu'à la condition féminine elle-même, à l'enfance, à l'autorité patriarcale qu'elles essaient de combattre par l'image et le son. Mais c'est un combat de longue haleine que les femmes-cinéastes doivent poursuivre sans se lasser en prédominant, si ce n'est la supériorité, au moins l'égalité. La détermination finit toujours par payer même à long terme.