Le chef du gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane, a annoncé dimanche soir mettre fin à ses négociations en cours avec le RNI (Rassemblement national des indépendants) et le MP (Mouvement populaire) pour la formation du futur gouvernement de coalition, un coup de théâtre qui augure d'une possible crise politique dans le pays. M. Benkirane, qui tente depuis trois mois de former sa nouvelle majorité, avait annoncé vendredi qu'elle serait finalement constituée des quatre mêmes partis que la coalition sortante, après leur avoir fait des propositions dans ce sens. Dans un communiqué surprise qui exprime un certain "ras-le-bol" publié dimanche soir, il a déclaré refuser de continuer de discuter avec le RNI et le MP. "Étant donné que toute question attend une réponse, qu'Aziz Akhannouch (président du RNI) devait me donner une réponse sous 48 heures (...), et que celui-ci a préféré le faire via un plan de communication établi avec d'autres partis auxquels je n'ai posé aucune question, j'en conclus qu'il n'est pas en mesure de me répondre et qu'il n'y a pas lieu de poursuivre les négociations avec lui", a déclaré M. Benkirane. "Il en est de même avec Mohand Laenser du Mouvement populaire", a-t-il ajouté dans son bref communiqué. Un peu plus tôt dans la journée, ces deux partis s'étaient dits disposés à poursuivre les consultations, mais à la condition qu'ils soient associés à deux autres formations, l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) et l'Union Constitutionnelle (UC), afin de "parvenir à la formation d'une majorité gouvernementale harmonieuse et solide". Or le Premier ministre ne veut pas de l'USFP et de l'UC dans sa future majorité. Après la victoire du PJD (Parti justice et développement) aux législatives du 7 octobre, M. Benkirane (secrétaire général du PJD) avait été désigné par SM le Roi Mohammed VI pour former le nouveau gouvernement. Les négociations ont néanmoins buté pendant près de trois mois, d'abords autour de la participation du Parti de l'Istiqlal, allié de M. Benkirane, à la future majorité. Plusieurs formations, dont le RNI et son président, Aziz Akhannouch, s'opposaient à cette participation. Au fil des semaines, les discussions ont pris des allures de face à face politique entre MM. Benkirane et Akhannouch.