Un choc grandiose: l'équipe de France a gagné le droit de défier en demi-finales de l'Euro-2016 les champions du monde allemands après la démonstration contre l'Islande (5-2) dont la belle aventure a pris fin de manière brutale, dimanche au Stade de France. Le rendez-vous face à la Nationalmannschaft, jeudi à Marseille, va forcément faire resurgir de vieux souvenirs et de vieux démons pour le pays-hôte. On reparlera de Séville 82, de Battiston et de Schumacher, et de cette rivalité entre les deux pays, jamais vraiment à l'avantage des Bleus. Mais pour la France, qui a atteint son objectif minimum dans le tournoi en se hissant dans le dernier carré, une première depuis la Coupe du monde 2006, ce sera surtout une affiche de rêve qu'elle va sans doute aborder avec un moral au beau fixe à l'issue du festival offensif réussi contre les Vikings, sortis cruellement après avoir fait souffler un vent de fraîcheur sur l'Europe. «Maintenant, on va savourer cette victoire et se concentrer sur jeudi (contre contre l'Allemagne), ce sera une autre paire de manches comme on dit», a commenté l'attaquant Olvier Giroud sur M6. «C'est sûr que l'Allemagne, c'est la meilleure équipe, a renchéri le sélectionneur Didier Deschamps sur M6. Il n'y a aucun doute là-dessus, même s'ils se sont fait quelques frayeurs contre l'Italie qui les a fait déjouer. On est dans le dernier carré, on va jouer notre chance à fond». L'Allemagne sera le premier cador sur le chemin de la France et celle-ci sera encore l'outsider, deux ans après son revers en quarts de finale du Mondial-2014 face au futur vainqueur (1-0). Mais elle sera devant son public et la maîtrise collective affichée au Stade de France l'a peut-être enfin libérée avant cet affrontement majuscule qui fait saliver d'avance. Contrairement aux mauvaises habitudes prises depuis le début de l'Euro, les Bleus ont tout de suite mis la pression sur les pauvres Islandais, bourreaux des Anglais au tour précédent (2-1) mais tombés cette fois sur un trop gros morceau. «Le point positif c'est qu'on a mieux débuté notre rencontre. C'est encourageant pour la suite», a souligné Giroud. Pogba enfin au rendez-vous En l'espace de 45 minutes, les troupes de Deschamps ont plié l'affaire grâce à quatre buts inscrits par Olivier Giroud (12e), Paul Pogba (20e), Dimitri Payet (43e) et Antoine Griezmann (45e), meilleur artificier de la compétition avec 4 réalisations. Les réductions du score de Kolbeinn Sigthorsson (56e) et de Birkir Bjarnason (84e) n'y ont rien changé. D'autant que Giroud s'est offert un doublé après la pause (59e). Une entame de match comme dans un songe après les frayeurs connues jusqu'ici à chacune des apparitions françaises dans ce Championnat d'Europe. Les Bleus avaient sans doute conscience qu'une sortie de piste à ce stade de l'épreuve et devant un tel adversaire, aurait constitué une catastrophe pour le football français et une véritable humiliation aux conséquences imprévisibles. La prestation de Pogba, qui a enfin fait parler son talent, est à cet égard symptomatique. Celui que les plus grands clubs européens s'arrachent devait faire une mise au point en bonne et due forme. On a enfin retrouvé le vrai Pogba qui, outre son but, a été omniprésent dans l'entre-jeu, faisant oublier sa petite crise de nerfs en début d'Euro et notamment ce supposé bras d'honneur à la fin de France-Albanie (2-0) au 1er tour. A ses côtés, Blaise Matuidi a également été rayonnant, lui qui sortait aussi d'une première phase en dents de scie. La défense, le point noir Mais Deschamps a surtout eu la confirmation que ses deux attaquants, Giroud et Griezmann, n'étaient jamais aussi performants que proches l'un de l'autre sur le terrain. Comme en seconde période face à l'Eire en 8es de finale (2-1), les deux joueurs se sont régalé, Griezmann assumant son statut de leader offensif aux côtés d'un Giroud qui a éclipsé Karim Benzema. Il faudra en revanche une défense un peu plus solide pour résister aux Allemands. Les deux buts encaissés après la pause auraient pu être évités et il a fallu un grand Hugo Lloris et une parade exceptionnelle sur une tête de Sverrir Ingason pour empêcher les Islandais d'y croire davantage (62e). Le baptême du feu international du défenseur Samuel Umtiti, qui devait pallier la suspension d'Adil Rami, s'est déroulé sans hic majeur mais le futur joueur du FC Barcelone n'est pas exempt de tout reproche sur la réduction du score des Vikings alors qu'Eliaquim Mangala, entré en fin de rencontre, est lui à blâmer sur le deuxième but. Pas sûr qu'ils aient marqué des points pour la suite et cette demi-finale de feu qui attend les Bleus contre l'Allemagne. Mais qu'importe, ce choc fait déjà rêver.