Le Maroc et le Royaume Uni vont continuer à entretenir des relations ''très fortes'' dans tous les domaines, en dépit du vote en faveur du Brexit, a affirmé, vendredi, l'Ambassadeur britannique à Rabat, Mme Karen Betts. Le Brexit n'aura pas un grand impact sur les échanges commerciaux avec le Maroc dans les mois à venir voire même les deux prochaines années, a, d'autre part, estimé le président de la Chambre britannique de commerce au Maroc (BRITCHAM) Mohamed Raihani. La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne n'affectera pas les relations entre le Maroc et le Royaume et les deux pays continueront à développer des relations très fortes dans les différents domaines, a souligné Mme Betts lors d'un point de presse. ''Notre relation avec le Maroc demeure inchangée'', a-t-elle insisté, ajoutant que l'engagement de Londres envers Rabat restera aussi fort qu'il l'a toujours été afin de renforcer les relations bilatérales dans les domaines politique, économique, sécuritaire et culturel. La diplomate a noté à cet égard que le Royaume Uni continuera à considérer la sécurité et la prospérité du Maroc, un partenaire très important pour la Grande-Bretagne dans la région comme étant liées à sa propre sécurité et prospérité. ''C'est à cela que nous travaillons avant le référendum et c'est sur cela même que nous continuerons à focaliser nos efforts'', a-t-elle poursuivi. Mme Betts, qui a salué l'excellence des relations historiques liant le Maroc et le Royaume-Uni, s'est félicitée que la coopération entre les deux pays ait connu, durant ces cinq dernières années, un essor sans précédent. Réitérant la volonté de son pays de renforcer davantage cette coopération dans les différents domaines, elle a noté que le Maroc reste un partenaire très important pour la Grande-Bretagne dans la région. Elle a relevé que le Royaume-Uni avait lancé « Le Fonds Bonne Gouvernance pour l'Afrique du Nord » qui investira 200 millions de livres sterling pour aider les pays de la région à consolider leurs structures démocratiques et leurs économies. Au Maroc, a-t-elle expliqué, cela inclue un programme de soutien au parlement, aux médias, à l'économie et au domaine sécuritaire. ''Nous sommes en train de mettre en place un nouveau Fonds. Il y aura d'avantage d'aide financière dont bénéficiera le Maroc'', a-t-elle fait savoir. La diplomate britannique a également souligné que ''le Maroc et la Grande Bretagne sont de grandes monarchies et les relations entre les deux familles royales sont très chaleureuses''. Evoquant les relations culturelles avec le Royaume, Mme. Betts a rappelé que son pays s'attèle depuis deux ans sur un plan pilote avec le ministère de l'éducation pour que l'enseignement de la langue anglaise puisse se faire au niveau secondaire et que les matières scientifiques puissent être enseignées aussi en anglais. S'agissant du Brexit, Mme. Betts a rappelé que « les citoyens du Royaume Uni ont voté afin de quitter l'Union européenne à une majorité de 51,9 pc contre 48,1 pc ». Elle a également souligné que la « Bank of England » et autres institutions financières ont mis en place, au cours des derniers mois, un plan de contingence, y compris en se tenant prêts à fournir 250 milliards de livres sterling pour continuer à soutenir les banques et assurer le bon fonctionnement des marchés. Les négociations qui devront être initiées, le seront sous la direction d'un nouveau Premier ministre, qui prendra également la décision de déclencher la procédure de l'Article 50 du Traité de Lisbonne- ce qui lancera le processus formel de séparation avec l'Union Européenne, a-t-elle expliqué. Pas de grand impact sur les échanges commerciaux avec le Maroc dans les deux prochaines années Interviewé par l'hebdomadaire Challenge sur l'impact du Brexit sur les échanges commerciaux entre le Maroc et l'UE en général et la Grande Bretagne en particulier, M. Raihani a assuré : " je ne pense pas qu'il y aura de grands changements dans les mois à venir, voire même dans les deux ans", puisque, argue-t-il, les négociations entre Londres et Bruxelles "devraient prendre beaucoup de temps". M. Raihani a estimé en outre que l'impact du Brexit peut être éventuellement ressenti sur les décisions d'investissements, tout en faisant remarquer que les investisseurs britanniques qui souhaitent investir au Maroc, vont prendre un peu plus de temps d'appréhender l'évolution de la situation. Ainsi, des sociétés britanniques, comme celles qui fabriquent leurs produits en France par exemple, devraient choisir de rester à l'extérieur de leur pays ou bien relocaliser la production en Grande Bretagne, chose qui aura sans doute un impact sur le coût de revient, explique-t-il. Confirmant que l'impact sera indirect sur le Maroc vu que le Brexit touche directement l'Europe, M. Rouhani ne nie pas l'éventualité de revoir individuellement les négociations commerciales entre le Royaume et la Grande Bretagne. Dans l'attente des mesures qui seront prises par le gouvernement britannique pour amorcer l'onde du choc du Brexit, notamment en matière de réduction ou de réorientation des fonds afin d'encourager les sociétés à exporter, le BRITCHAM n'a encore pris aucune mesure, a-t-il souligné, précisant que durant ces 2 à 3 mois et jusqu'à l'élection du nouveau premier ministre Britanique prévue en septembre prochain, la chambre vit dans une période de "Wait and See". Il a relevé cependant que le BRITCHAM continue à conseiller les entreprises marocaines désireuses d'exporter vers la Grande Bretagne ou celles qui veulent faire du business avec le pays et vice versa. Questionné sur sa lecture de la décision de la Grande Bretagne de quitter l'Europe, M. Rhaini fait savoir que le Brexit va engendrer un changement radical non seulement pour le Royaume Uni mais pour toute l'Europe, estimant que la procédure de retrait, prévue dans l'article 50 du traité sur l'UE, "risque de prendre plusieurs mois, voire plusieurs années".