Malgré la persistance de freins à la croissance et aux échanges commerciaux mondiaux, la croissance en Afrique devrait rester favorable, tirant parti de la diversification continue et des investissements dans les infrastructures publiques. Les performances en matière de croissance continueront également à varier d'une région à l'autre du continent. La reprise économique mondiale devrait demeurer faible. Outre le ralentissement de l'activité en Chine et dans d'autres pays émergents, la baisse prolongée des prix des produits de base est un motif de préoccupation pour la croissance mondiale à moyen terme. La hausse graduelle des taux d'intérêt de référence aux États-Unis et les perspectives d'autres relèvements de ces taux pourraient entraîner le durcissement des conditions financières mondiales, ce qui pourrait entraîner des coûts d'emprunt plus élevés pour les pays africains. La croissance de certains pays émergents pourrait également s'affaiblir, sous l'effet amplificateur du ralentissement de l'activité économique en Chine et de la profonde récession au Brésil. Sur cette toile de fond, l'économie mondiale devrait croître de 3,2 % en 2016, avant de se renforcer à 3,5 % en 2017. Nonobstant ces perspectives, la croissance en Afrique devrait rester favorable. Selon les prévisions, le PIB réel devrait croître de 3,7 % en moyenne en 2016, et de 4,5 % en 2017. La croissance du continent restera supérieure à celles des pays avancés et de la région Amérique latine et Caraïbes. Seule l'Asie de l'Est fera mieux et l'Afrique gardera probablement son rang de deuxième région du monde où la croissance économique est la plus rapide, mais la performance économique continuera d'afficher des disparités régionales. Les dépenses de consommation, surtout dans le commerce de détail et d'autres services, et les investissements publics dans l'infrastructure resteront les principaux moteurs de croissance en Afrique. Sur les cinq dernières années, le secteur de la construction (sous-tendu par de grands projets d'infrastructures publiques) et celui des services (tiré principalement par l'expansion du commerce de détail, de l'activité financière et de l'information, des communications et de la technologie) ont contribué à la croissance de l'Afrique à hauteur d'environ 3 et 2 points de pourcentage respectivement, comparé à environ 1 point de pourcentage pour les industries extractives (mines, carrières, pétrole et gaz). Cela montre que la diversification porte ses fruits dans un certain nombre de pays, dans la mesure où les sources de croissance ne sont pas toutes ancrées dans les industries extractives. En Afrique centrale, la croissance moyenne devrait, d'après les projections, s'établir à 3,9 % en 2016 et s'accélérer à 5 % en 2017. Le boom des produits de base qui, par le passé, avait alimenté la croissance dans cette région, est en train de s'estomper, et les pays de la région doivent maintenant chercher d'autres sources de croissance. L'investissement public dans l'infrastructure doit continuer à un rythme soutenu afin d'ouvrir des possibilités à la participation du secteur privé. À suite d'une élection présidentielle réussie en République centrafricaine, le dividende de la paix sera un facteur important pour soutenir la croissance à court terme. En Afrique de l'Est, la croissance économique devrait atteindre une moyenne de 6 % sur les deux prochaines années, et rester plus élevée que dans les autres régions. Cette prévision repose sur une activité manufacturière vigoureuse, des dépenses de consommation soutenues, le développement du commerce intra-régional et la poursuite de l'investissement public dans l'infrastructure. Des chocs régionaux, notamment les conflits au Burundi et au Soudan du Sud, sont les principaux risques de régression de la croissance dans la région. En Afrique de l'Ouest, le renforcement de la stabilité politique en Côte d'Ivoire et la déclaration de la fin de la crise d'Ebola en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone pourraient donner une impulsion à la performance économique de la région. D'après les projections, la croissance moyenne dans la région devrait reprendre à 4,3 % en 2016 et augmenter à 5,5 % en 2017. La préservation de ces acquis sera donc essentielle, en particulier en Côte d'Ivoire, où la croissance en 2016 devrait s'établir à plus de 8 %. La Guinée et le Libéria devraient réaliser une croissance de 4 et 2,8 % respectivement en 2016, ces taux traduisant un relèvement rapide des effets néfastes de l'épidémie d'Ebola. C'est le lieu de souligner l'importance des interventions anticycliques, qui ont contribué à limiter l'impact de la crise d'Ebola. Au Nigeria et au Ghana, la baisse des prix des produits de base pourrait réduire davantage la croissance et restreindre les marges de manœuvre budgétaires pour augmenter les dépenses sociales. Mais les réformes stratégiques sont en train de s'accélérer au Ghana et l'économie devrait croître de 5,8 % en 2016 et 8,7 % en 2017. L'investissement direct étranger, surtout au Maroc et en Égypte, pourrait être un inducteur puissant de cette croissance. Cependant, la région reste en proie à la fragilité post-conflit. Les forts taux de chômage des jeunes et l'insécurité pourraient être les principales menaces à la croissance et à la cohésion sociale dans la région. En particulier, le secteur du tourisme pourrait connaître de nouveaux revers dus aux récentes attaques terroristes en Égypte et en Tunisie, tandis que le conflit prolongé en Libye constitue aussi un risque pour le redressement économique à moyen terme. En Afrique australe, la croissance continuera d'être affectée par la faiblesse généralisée prévalant dans la région, à mesure que les effets du phénomène météorologique El Niño gagneront les différents secteurs de l'économie, en particulier ceux liés à la performance du secteur agricole. Par ailleurs, pratiquement tous les pays de la région sont exposés au choc des prix des produits de base, qui a entraîné une forte dépréciation des taux de change dans certains pays. En Afrique du Sud, dont l'économie est la plus grande de la région, il sera essentiel de s'attaquer aux problèmes structurels et de restaurer la confiance des investisseurs pour stimuler la croissance et la création d'emplois, surtout pour les jeunes.