Après une année 2015 fructueuse, marquée par la consolidation des relations politiques et économiques entre le Maroc et ses partenaires subsahariens, le défi qui se pose, à l'entame de 2016 est de rester sur la même dynamique, voire de faire mieux. Voici quelques chantiers qui aideraient à fluidifier davantage ce partenariat sud-sud. L'année 2016 devrait être une année d'accélération pour l'Afrique. C'est ce qui ressort des dernières estimations du Fond monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Une bonne nouvelle quand on se souvient qu'il y a quelques mois, ces institutions avaient abaissé leurs prévisions en les portant respectivement de 5% et 4,6% en 2014 à 3,8% et 3,7% en 2015, ce qui représente le taux de croissance le plus faible pour le continent depuis 2009. Si pour expliquer ce ralentissement, les spécialistes évoquent certains facteurs exogènes comme le ralentissement de l'économie chinoise qui, il faut le rappeler, influe fortement sur celle de l'Afrique subsaharienne et le durcissement des conditions financières au niveau mondial, tous s'accordent à désigner la chute brutale des cours du pétrole et des autres matières premières comme cause première de cette baisse de performance des économies africaines. Un phénomène qui touche au premier chef les grands producteurs de pétrole (Angola, République du Congo, Guinée équatoriale et Nigéria) et de minerais (Botswana et Mauritanie). Cette baisse comme le souligne Africa's Pulse, une publication semestrielle de la Banque mondiale, qui analyse les perspectives économiques de l'Afrique subsaharienne, a elle-même été accentuée par l'insuffisance de la production d'électricité dans de nombreux pays africains. Le rapport note cependant que certains pays vont à l'encontre de cette tendance et continuent d'enregistrer une croissance robuste. C'est le cas de la Côte d'Ivoire, de l'Ethiopie, du Mozambique, du Rwanda et de la Tanzanie. Ces pays devraient maintenir en effet une croissance annuelle d'au moins 7% de 2015 à 2017 grâce aux investissements dans de grands projets d'infrastructure dans les secteurs de l'énergie, du transport et des industries extractives et à la hausse de la consommation des ménages. Toujours selon Africa's Pulse, l'activité économique de la région devrait de manière générale connaître une accélération, notamment avec la remontée progressive des cours des matières premières, l'adoption de politiques budgétaires moins restrictives et les efforts des gouvernements pour produire davantage d'électricité. Un rebond de croissance qui selon la Banque mondiale devrait atteindre 4,4% cette année puis 4,8% en 2017. Toutefois, ces prévisions optimistes ne vont pas sans recommandations. Ainsi, Selon Africa's Pulse, les gouvernements devront investir dans de nouvelles capacités de production électrique, mieux gérer les sécheresses et leurs conséquences sur l'hydroélectricité, moderniser les entreprises publiques de distribution et inciter davantage les entreprises privées à investir pour permettre au secteur électrique d'être plus résilient aux chocs. Les Etats peuvent également accroître leurs recettes fiscales, améliorer le consentement à l'impôt et parallèlement améliorer l'efficacité de leurs dépenses afin de dégager des marges de manœuvre budgétaires. Afrique du Nord la croissance reste modeste Selon les dernières estimations du FMI, la région ne devrait pas enregistrer une croissance de plus de 4% cette année. Ces prévisions qui prennent en compte les vastes régions MENAP (Middle East, North Africa, Afghanistan and Pakistan) se fondent entre autres sur la chute des cours du pétrole et la forte dépense publique qui touche les pays du CCG (Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Emirats arabes unis), ainsi que l'Algérie, sans oublier les conflits qui frappent durement les économies libyenne, yéménite, iraquienne et syrienne. En 2015, seuls l'Egypte et le Maroc ont pu connaître une croissance économique plus solide affichant respectivement des taux de 3,8 et de 4,7%. L'économie égyptienne doit sa performance aux réformes entreprises par le pays surtout en matière sécuritaire. Quant au Maroc, en plus des efforts consentis pour contenir le déficit budgétaire en dessous de 4,3%, il a été en proportion le pays qui a bénéficié le plus de la baisse du prix des énergie telles que le pétrole, ce qui lui a permis de réaliser un gain de recettes extérieures de près de 6% du PIB. Ceci dit, les économies des deux pays ne devraient pas passer la barre des 4% cette année et sont respectivement attendues à 4% et 3,7% selon le FMI. Une règle qui devrait par ailleurs, à quelques exceptions près, s'appliquer aux autres pays proches du Maroc, ce que confirment les estimations du FMI, qui table sur une croissance de 3% en Tunisie, 3,9% en Algérie et 4,2% en Mauritanie. Afrique subsaharienne la Zone CFA mène les débats En dépit du ralentissement observé dans les principales économies de la région en 2015, son produit intérieur brut (PIB) devrait repartir à la hausse en 2016 et 2017, avec une croissance moyenne de 4,6% et 5% respectivement. Cette progression sera tirée par la demande intérieure, elle-même portée par la poursuite des investissements d'infrastructure et la consommation des ménages, laquelle bénéficie de la baisse des prix pétroliers. Elle sera également soutenue par la demande extérieure en raison de l'amélioration des perspectives de croissance dans les pays à revenus élevés. Toutefois, si cette situation profitera aux grands exportateurs de pétrole tels que le Nigeria et l'Angola, ceux-ci afficheront respectivement une croissance modeste de 4,6% et 3,3%. Dans les prévisions de la Banque mondiale en ce début d'année, c'est plutôt la zone FCFA qui devrait rafler la mise avec 5,7% de taux de croissance, un chiffre qui toujours selon l'institution de Bretton Woods pourrait même progresser pour avoisiner les 6% en 2017. Dans cette dynamique la Côte d'Ivoire devrait arriver en tête avec une croissance de 8,4% selon le FMI et 9,8% selon les autorités ivoiriennes. C'est par ailleurs, l'une des perspectives qui fondent le budget prévisionnel du pays, lequel s'élève en 2016 à 5.813 milliards de francs CFA. Seconde économie de la zone CFA, le Sénégal devrait lui aussi connaître une accélération qui portera sa croissance économique à 6% selon une perspective de l'instrument de soutien au Plan Sénégal émergent (PSE) et partagée par le FMI. Cependant, du côté de l'Afrique centrale, en République démocratique du Congo (RDC), locomotive de la zone CFA dans cette sous-région, l'incertitude plane toujours quant à la tendance que prendra la croissance économique du pays. À ce propos, il faut rappeler que Kinshasa avait dans le courant du mois de novembre revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année 2015 annonçant le chiffre de 7,7% au lieu des 8,4% prévus auparavant. Raison évoquée, le ralentissement du niveau de la production locale et la baisse des prix des matières premières que la RDC exporte, dont le cuivre et le cobalt. Il convient cependant de noter qu'au Congo comme dans d'autres pays d'Afrique subsaharienne tels que le Niger, la Zambie, l'Ouganda, la République Centrafricaine et le Bénin, ces projections positives sont effectuées sous réserve des risques liés au déroulement des élections comme dans d'autres pays dont entre autres le Nigeria, le Mali, la Somalie ou le Kenya, en proie à la menace terroriste.