La campagne nationale "Non au discours de la haine" a été lancée, vendredi à Rabat, dans le but de faire connaitre les dangers de la propagation de ce discours, d'œuvrer à créer des alternatives basées sur la tolérance, la coexistence et le respect des droits de l'Homme et de lutter contre la violence, l'extrémisme et le terrorisme. Lancée par le comité national du mouvement "non à la haine au Maroc" à l'occasion d'une journée d'étude sur la question du discours de haine au Maroc, organisée par la Chambre des conseillers en partenariat avec le Conseil de l'Europe, la campagne qui s'étale sur deux ans, cible les jeunes, les acteurs de la société civile, les établissements publics et semi-publics, le secteur privé, les universités, les médias et les responsables de l'élaboration des politiques publiques. Le comité national non au discours de la haine au Maroc, créé en interaction avec l'initiative du Conseil de l'Europe en 2013 vu que le Maroc est un "partenaire pour la démocratie", comprend des parlementaires, des acteurs de droits de l'Homme et de la société civile, des universitaires et des journalistes pour mener une réflexion sur les moyens à même de lutter contre la recrudescence du discours de la haine notamment en ligne. Intervenant à cette occasion, le président de la Chambre des conseillers, Hakim Benchemach a souligné que la propagation du discours de la haine s'explique essentiellement par l'absence de législation ou son ambiguïté sur le point de l'incitation à la haine, la propagation de la culture des stéréotypes, la rapidité et la facilité d'utilisation d'internet avec la possibilité de masquer l'identité pour diffuser un discours incitant à la haine. La recrudescence du discours de la haine sur Internet pose une problématique de l'équilibre entre la liberté d'expression qui constitue un droit essentiel et la lutte contre le discours de la haine, a-t-il expliqué. Après avoir rappelé que les sociétés arabes pâtissent aujourd'hui à différent degrés de la montée de l'extrémisme et du dogmatisme, il a relevé que le terrorisme est le fruit d'une doctrine déviante et d'un discours incitant à la haine de la société, de l'Etat, de l'époque et de la vie, précisant que l'accueil de la chambre des conseillers de cette initiative émane de sa conviction d'élargir le débat public sur le discours de la haine qui a un aspect national et international dans le cadre de son ouverture sur la dynamique sociétale et les questions actuelles de la société. Pour sa part, le coordinateur du comité national "Non au discours de la haine au Maroc" Yassin Issbouya, a fait savoir que l'internet en tant qu'espace universel de communication a été exploité et instrumentalisé pour diffuser un discours d'exclusion et de racisme contraire aux valeurs humaines et d'ouverture, ajoutant que le Maroc n'est pas à l'abri de ce phénomène avec la montée du discours de la haine à tous les niveaux en l'absence d'un arsenal juridique à même de faire face à la propagation de ce fléau aux antipodes des valeurs de la société marocaine, connue historiquement par son ouverture, sa tolérance et sa coexistence avec l'autre. De son côté, le représentant du Conseil de l'Europe Roy Gomes s'est félicité de ce débat public sur le discours de la haine au Maroc au sein des institutions législatives à l'initiative des jeunes qui représentent un élément essentiel dans le développement de la démocratie, faisant remarquer que le discours de la haine n'a pas de frontières. La campagne lancée par le conseil de l'Europe vise notamment les jeunes qui sont désormais exposés en ligne à ce fléau qui porte atteinte aux valeurs de respect mutuel, de l'acceptation de la diversité et de la pluralité et de l'égalité et la dignité pour tous, a-t-il noté. Cette journée s'assigne pour objectifs d'éclaircir le concept du discours de la haine, d'échanger les expériences réussies et les idées sur les outils et les programmes pragmatiques pour lutter contre ce discours, de présenter les mécanismes principaux des droits de l'Homme et de sensibiliser sur l'importance de la campagne non au discours de la haine. Outre la Chambre des Conseillers et le Conseil de l'Europe, cette journée a été marquée par la participation du ministère de la jeunesse et des sports, de la délégation interministérielle des droits de l'Homme, du conseil national des droits de l'Homme, de la Rabita Mohammadia des ouléma, de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), de l'UNESCO, des académiciens, des chercheurs et de la société civile et des organisations internationales.