Alors que les tensions avec l'Occident sont fortes, la Russie a placé sa Flotte du Nord, la plus puissante des quatre flottes de la marine russe, en alerte et lancé d'imposantes manœuvres militaires dans l'Arctique. Selon Moscou, il s'agit d'exercices dans le cadre de la modernisation des équipements. C'est la dernière démonstration de force en date de l'armée russe qui multiplie actuellement ce genre d'exercices militaires. Le ministre russe de la Défense, Sergei Choïgou, précise dans un communiqué, publié lundi 16 mars, que 38 000 personnes participeront à ces manœuvres, à bord de 50 navires et sous-marins de guerre et 110 avions. Le ministre Choïgou explique que ces manœuvres ont été ordonnées par le président Vladimir Poutine. «De nouvelles menaces contre notre sécurité nous obligent à augmenter nos capacités militaires. Une attention particulière doit être apportée à nos nouvelles unités stratégiques du nord», a déclaré le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou. L'armée russe veut notamment vérifier sa capacité à déployer des forces dans les archipels arctiques Novaya Zemlya et François-Joseph et à protéger les frontières aériennes, terrestres et maritimes du pays, a dit le ministre Choïgou. La mission comprend aussi le transport par voie aérienne de forces spéciales vers des secteurs isolés. Ces manœuvres russes dans l'Arctique susciteront sans doute l'intérêt du gouvernement du Canada, qui a fréquemment proclamé sa souveraineté sur son territoire et ses eaux arctiques. L'Arctique est devenue une région stratégique pour la Russie et les pays frontaliers, le réchauffement climatique rendant possible l'exploitation de ses ressources naturelles. L'armée russe a également entamé des manœuvres ailleurs. Environ 3000 hommes ont participé à des exercices sur l'île Sakhaline, sur la péninsule du Kamtchatka et ailleurs dans l'Est reculé. Dans le sud de la Sibérie, plus de 2.000 militaires et une trentaine d'avions et hélicoptères prennent part à des exercices d'envergure, à tirs réels, qui se déroulent non loin du lac Baïkal. Des chasseurs et avions d'assaut russes s'entraînent à surmonter la défense antiaérienne dans le cadre d'exercices lancés en Bouriatie, en Sibérie, a annoncé le commandement de la région militaire de l'Est. "Les équipages de chasseurs Sukhoi Su-30SM et d'avions d'assaut Su-25 s'entraîneront à surmonter le système de défense antiaérienne et à détruire les stations radars se trouvant dans différents convois dans le cadre d'exercices aériens tactiques", est-il indiqué dans le communiqué. Dans le sud-ouest de la Russie, environ 500 hommes ont participé à des manœuvres tactiques dans la région de Stavropol. La semaine dernière, l'armée russe avait entamé des manœuvres de grande ampleur dans plusieurs régions, déployant notamment 8.000 artilleurs en Crimée et dans le sud-ouest, près de la frontière avec l'Ukraine. Cette série d'exercices militaires impliquait le déploiement de soldats en Crimée, en Arménie et dans les deux républiques séparatistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Ces exercices militaires surviennent en période de vives tensions entre la Russie et l'Occident à cause du conflit en Ukraine. Pour leur part, les forces occidentales dirigées par les États-Unis comptent elles aussi tenir des manœuvres d'entraînement en Lettonie, en Lituanie et en Estonie plus tard en mars. Déjà, en février, l'Organisation de traité de l'Atlantique-Nord (OTAN) avait annoncé l'implantation de petites unités armées dans ces trois pays de même qu'en Bulgarie, en Pologne et en Roumanie. La Norvège a procédé, par ailleurs, depuis le 9 mars, et jusqu'hier, à des grandes manœuvres dans la province du Finmark, près de sa frontière avec la Russie. Baptisées «Joint Viking», elles sont, en faisant intervenir plus de 5 000 soldats, les plus importantes de l'armée de ce pays scandinave depuis 1967. La Russie possède le plus grand potentiel nucléaire en Europe. Son armée est la plus nombreuse et bien formée. En plus, elle appartient à des pays peu nombreux dont le complexe militaro-industriel subvient entièrement aux besoins de leur armée. Quatre armées puissantes existent, pour l'heure, en Europe et la Russie se trouve en tête de ce classement, écrit l'analyste militaire américain Dave Majumdar dans la revue analytique « The National Interest ». L'armée russe possède des milliers d'ogives nucléaires stratégiques et tactiques. Ce seul fait place la Russie sur le podium des puissances les plus importantes du globe. L'auteur signale cependant qu'après la fin de la guerre froide les « muscles militaires » de plusieurs pays européens se sont atrophiés suite à la disparition de la menace soviétique. L'expert ajoute que la Russie est un des pays européens peu nombreux qui développe et produit en toute indépendance les équipements et les armements pour ses forces armées depuis les sous-marins jusqu'aux uniformes militaires en passant par les missiles balistiques, les moteurs à réaction et les satellites. Selon Dave Majumdar, les effectifs militaires nombreux et bien entraînés constituent un autre avantage important de la Russie par rapport à ses voisins.