Moscou a annoncé que la Russie suspendait ses activités liées au Traité sur les forces conventionnelles en Europe, la participation russe au Traité ayant été suspendue, pour la première fois, en 2008, après l'instauration d'un moratoire sur son application. «La Fédération de Russie a décidé d'arrêter de participer aux réunions du Groupe consultatif à partir du 11 mars 2015. En conséquence, la Russie suspend ses activités liées au Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE) », a fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères. «Le Traité FCE est aujourd'hui un anachronisme en Europe. De facto, il est mort, mais, de jure, les pays de l'Otan, de l'Occident, refusent toujours d›y renoncer», a déclaré, de son côté, le vice-ministre russe de la Défense, le général Anatoli Antonov. «Pendant de nombreuses années, la Russie a fait tout son possible pour maintenir le régime de contrôle des forces armées conventionnelles. Elle a également initié l›adaptation du Traité FCE et a ratifié l›accord d›adaptation du Traité», a indiqué Anton Mazour, le chef de la délégation russe aux négociations sur la sécurité militaire et le contrôle des armements à Vienne. Force est de constater que les pays de l'Otan «ont de facto violé les dispositions du Traité FCE en élargissant l›Alliance atlantique et en bloquant, sous des prétextes fallacieux, l›entrée en vigueur de l›accord d›adaptation». «Dans ce contexte, la Fédération de Russie juge absurde sur le plan politique et pratique de participer à ces réunions. Cette participation requiert en outre des dépenses financières et économiques injustifiées. Vu ces facteurs, Moscou a pris la décision de se retirer du Groupe consultatif commun à partir du 11 mars 2015», a conclu le diplomate. «Nous sommes toujours prêts à travailler ensemble sur un nouveau régime de contrôle des armements conventionnels qui répondra aux intérêts de la Russie et des autres pays européens», a, toutefois, souligné le ministère russe des Affaires étrangères. Signé en 1990, le Traité FCE définissait les quantités d›armements conventionnels de l'Otan et du Pacte de Varsovie stationnés en Europe. Après la dissolution de l'URSS en 1991, le Traité a été ratifié par 30 États — les pays membres de l'Otan, les six États du Pacte de Varsovie, et huit États de l'ex-URSS (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Kazakhstan, Moldavie, Russie et Ukraine). Avec l›adhésion à l'Otan de plusieurs anciens membres du Pacte de Varsovie, le principe fondamental du Traité FCE relatif au maintien de l'équilibre des forces a perdu sa raison d›être, le fonctionnement du traité ne s›exerçant plus que sous forme d›échange d›information et d'inspections. En novembre 1999, le sommet de l'OSCE à Istanbul a donné lieu à la signature d›une version adaptée du traité, ratifiée par seulement quatre pays — la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et l›Ukraine. En juillet 2007, la Russie a partiellement suspendu l›application du Traité FCE, exigeant que tous les pays membres de l'Otan ratifient la version adaptée du Traité de 1999 et procèdent à sa stricte application. Les membres de l'OTAN ont refusé de la ratifier tant que la Russie ne retirerait pas ses troupes de Géorgie et de la région dissidente de Moldavie, la Transnistrie. Des conditions que la Russie a critiquées, les qualifiant de «liens artificiels». Manœuvres et déploiement des forces D'autre part, Sept navires et un sous-marin de six pays membres de l'Otan ont mené des manœuvres en mer Noire, a annoncé mardi le Commandement naval de l'Alliance. «Les navires du 2e Groupe maritime permanent de l'Otan ont achevé des manœuvres conjointes avec la participation de bâtiments de guerre turcs en mer Noire. Le groupe naval se trouve en mer Noire en vue de montrer à nos alliés de la région que l'Alliance est prête à respecter ses engagements en matière de défense collective», a indiqué le Commandement. Les navires ont réalisé des exercices de lutte anti-sous-marine, de défense antiaérienne et de lutte contre les troupes côtières. La Russie a qualifié les exercices de l'Otan de provocation. Les États-Unis ont, par ailleurs, commencé, lundi 9 mars, à déployer 3.000 soldats dans les pays baltes dans le cadre de la préparation aux exercices « Atlantic Resolve » (Détermination atlantique). Un premier détachement de 300 hommes et plus de 120 blindés américains, dont des chars Abrams, des véhicules de combat Bradley, ainsi que des hélicoptères, sont déjà arrivés en Lettonie, pays voisin de la Russie. La ville estonienne de Tapa accueillera deux groupes de commandos américains et des chars Abrams à la fin de la semaine. Ces forces participeront aux exercices internationaux Siil 2015. Selon le porte-parole du Pentagone Steven Warren, le déploiement doit durer «environ 90 jours» pour culminer dans un exercice programmé du 17 mai au 6 juin. Cependant, d'après une source militaire US, si les soldats rentreront ensuite dans leurs quartiers, leurs équipements «sont prévus pour rester» plus longtemps sur place. Le général américain John O'Connor, chargé des opérations logistiques, a pour sa part indiqué que les équipements resteraient «tant que ce sera nécessaire pour dissuader la Russie d'une agression». L'opération Atlantic Resolve, lancée par les Etats-Unis dans le cadre de l'Otan, a pour l'objectif de rassurer les pays membres et alliés de l'organisation atlantique face à la Russie. De son côté, le ministère russe de la Défense a annoncé, lundi, qu'il avait entamé des manœuvres militaires dans la région de Stavropol, dans le sud-ouest de la Russie. Des unités d'artillerie et des lance-roquettes multiples participent à ces exercices, précise le communiqué du ministère. La région de Stavropol est située à l'est de la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée l'an dernier par Moscou, et au nord de la Géorgie, autre pays limitrophe où Moscou soutient des séparatistes pro-russes.