Les ministres des Finances de la zone euro ont eu, hier, la redoutable tâche de chercher un accord acceptable à la fois par la Grèce et ses bailleurs de fonds internationaux, introuvable depuis l'accession au pouvoir du parti anti-austérité Syriza. Le gouvernement grec a promis de faire «tout son possible» pour parvenir, dès cette semaine, à un tel accord, un engagement qu'ont salué les marchés financiers, en fin de semaine dernière, alors que s'engageaient des discussions entre experts des deux parties pour tenter d'élaborer un compromis. «Je m'attends à des négociations difficiles mais je n'en suis pas moins plein de confiance», déclare le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, au magazine allemand Stern. L'échec de la précédente réunion de l'Eurogroupe, mercredi dernier, à Bruxelles, a cependant montré que le chemin vers un accord était semé d'embûches, même si aucun des deux camps ne veut fermer la porte qui y conduit. Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a dit avoir bon espoir : «Notre position de fermeté, qui s'appuie sur la logique, débouchera sur un accord, même à la dernière minute», a-t-il déclaré. La Grèce est prête à des concessions et se déclare, notamment, favorable à un vaste programme de réformes pour régler certains des problèmes qui pénalisent son économie depuis des décennies, a dit dimanche le porte-parole du gouvernement grec. Athènes refuse, toutefois, de se plier sans discuter à des ordres venus de l'étranger et n'acceptera pas un plan de sauvetage ayant les caractéristiques des précédents, s'est-il empressé d'ajouter. Pour le porte-parole du gouvernement grec, il n'y aurait rien de catastrophique à ce que l'Eurogroupe fasse le constat d'un nouvel échec. Cette opinion n'est pas partagée par certaines capitales européennes, en particulier Berlin et Helsinki, où tout nouvel accord avec la Grèce devrait être soumis au vote du Parlement. Privatisations remises en cause La Grèce va revoir un accord de privatisation d'un montant de 1,2 milliard d'euros par lequel l'opérateur allemand Fraport obtiendrait la gestion de 14 aéroports régionaux, a déclaré samedi le ministre grec Alekos Flabouraris à la télévision. «L'accord n'est pas encore conclu. Nous avons dit qu'il devait être interrompu et nous allons le réexaminer», a-t-il expliqué. Fraport, associée à la société grecque Copelouzos spécialisée dans le domaine de l'énergie, s'est mise d'accord avec l'agence grecque de privatisation sur la gestion d'aéroports installés dans des destinations touristiques comme Corfou. Il s'agit d'un des plus importants plans de privatisation depuis le début de la crise de la dette en Grèce en 2009. Fraport espérait conclure cet accord avec Athènes, en octobre, et comptait investir 330 millions d'euros pendant les quatre premières années d'exploitation, pour des travaux de modernisation des installations cédées pour une durée de quarante ans. Depuis son arrivée au pouvoir, le parti anti-austérité Syriza estime que la privatisation de services publics constitue un «crime». La vente du port du Pirée, principale structure portuaire du pays, a été suspendue de même que la privatisation de la compagnie d'électricité PPC et de la compagnie de gaz publique DEPA. Des mesures vont également être prises pour revenir sur l'attribution à un groupe canadien de la concession de la mine d'or de Skouries, dans le nord du pays. Un programme de modernisation de l'aéroport athénien d'Hellenikon, qu'espérait obtenir un groupe d'investisseurs, dont fait partie le chinois Fosun, pourrait être annulé.