Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a assuré, dimanche 8 février, qu'il tiendrait toutes ses promesses électorales et a réclamé une nouvelle fois un programme-relais à l'UE, à quelques jours de réunions cruciales sur la dette du pays. Nous avons un plan réaliste, nous avons une stratégie de négociation et, surtout, nous n›avons aucun autre engagement que de servir l›intérêt national, a déclaré le premier ministre grec, Alexis Tsipras, en entamant, dimanche 7 février, en assemblée plénière du parlement, la présentation de son programme de gouvernement dans le cadre d›un débat sur trois jours. M. Tsipras a souligné que la décision irrévocable du gouvernement est d›honorer et appliquer dans leur ensemble ses engagements pré-électoraux. «Cet engagement, a-t-il ajouté, est le noyau non négociable de notre politique. C›est une question d›honneur, de crédibilité et de respect de la démocratie». «Le recouvrement de la souveraineté populaire du pays, le rétablissement de son rôle équitable au sein du cadre institutionnel de l›UE, la lutte contre la crise humanitaire, le rétablissement de la dignité du peuple, la justice sociale et la renaissance culturelle de la Grèce sont les principaux objectifs du gouvernement de sauvetage social que nous avons formé après les élections», a affirmé M. Tsipras, en développant les grands axes de la politique gouvernementale. «C›est un problème de choix politique : aussi longtemps que nos partenaires insisteront sur l›austérité, le problème de la dette se perpétuera», a-t-il lancé. Il a rappelé que son pays souhaite un «programme-relais», d›ici fin juin, pour assurer les besoins financiers immédiats du pays et échapper aux plans d›austérité, dont les Grecs ne veulent plus, sans pour autant cesser toute réforme. Mais à bien l›écouter, le discours de M. Tsipras peut paraître plus raisonnable que ce que redoutaient les créanciers. Ainsi, il n›a pas annoncé de réembauches massive de fonctionnaires, mais seulement de ceux qui avaient été licenciés «illégalement», soit environ 3.000 personnes. De même, la remontée du salaire minimum de 580 à 750 euros sera «graduelle». Sur les privatisations il a refusé de «brader» les entreprises. En revanche, Le Premier ministre a insisté sur «l›obligation morale et historique» de réclamer à l›Allemagne des indemnités de guerre, auxquelles elle a échappé à la fin de la deuxième guerre mondiale. Il a aussi demandé le remboursement du prêt imposé par les nazis à la Banque de Grèce. Au total, il y en aurait pour l›équivalent de la moitié de la dette grecque. Berlin a déjà dit «non», arguments juridiques à l›appui, mais pour M. Tsipras cela pourrait constituer un bon argument de négociation. Abandon de la zone Euro ou New deal ? Les Grecs sont, après une série de rencontres bilatérales cette semaine, attendus de pied ferme à Bruxelles : demain, le ministre des Finances Yanis Varoufakis participera à son premier Eurogroupe (réunion des 19 ministres des Finances de la zone euro) et jeudi, M. Tsipras à son premier sommet européen. Les propositions du gouvernement grec pour s'affranchir de l'autorité des experts de la troïka des créanciers (BCE, UE, FMI) ou réaménager drastiquement une dette qui atteint 180% du PIB ont jusqu'à présent été fraîchement accueillies par les partenaires d'Athènes. Et la BCE a rappelé, récemment, qu'elle avait les cartes en main, en fermant brutalement un des deux robinets qui alimentent les banques grecques en liquidité. Le porte-parole du gouvernement Georges Sakellaridis fait preuve d'optimisme : «La tradition à l'UE est le compromis après une longue période de négociations dures. Nous allons finalement arriver à un accord». Néanmoins une voix discordante s'est élevée. L'ancien chef de la Banque centrale américaine, Alan Greenspan, notoirement critique de l'euro, a estimé que la Grèce finirait par quitter l'union monétaire. «C'est une question de temps», a-t-il déclaré. Il faut un New Deal avec financement de la Banque européenne d'Investissement (BEI), a déclaré, de son côté, le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis. Invité à dire si la Grèce réussira à s'en sortir, le ministre a indiqué que «le gouvernement grec proposera un New Deal pour l'Europe, comme l'avait fait le président américain Roosevelt. Un New Deal pour l'Europe qui sera financé par la Banque européenne d'Investissement, afin d'accroître de dix fois les capitaux qui ont été mis à disposition jusqu'ici». «Ce sont des idées et des propositions qui concernent toute l'Europe, parce que nous, les Grecs, nous ne pensons pas avoir le droit de demander pour nous quelque chose qui ne serait pas valable pour les Italiens, les Portugais ou les Irlandais, Tôt ou tard, la chancelière Merkel devra s'asseoir à la même table que nous et nous expliquer pour quelle raison elle n'approuve pas nos propositions», a conclu M. Varoufakis.