Les foyers de rébellion et de séparatisme implantés dans plusieurs zones de l'Afrique constituent des ''zones grises de non-droit'' et un terrain particulièrement propice au développement des nébuleuses terroristes et des activités du crime organisé transfrontalier, a affirmé Mohamed Benhamou, président du Centre Marocain des Etudes stratégiques (CMES). Dans une déclaration à la MAP à l'occasion de la sixième édition d'Africa Sec 2015 (13-14 février courant à Marrakech), un rendez-vous africain unique sur les questions de la sécurité, M. Benhamou a souligné que ces "zones grises de non droit", particulièrement le long de la bande Sahélo-saharienne, sont le théâtre de collusions et d'alliances occultes entre les groupes et milices séparatistes, les réseaux terroristes et le crime organisé. De telles collusions, motivées essentiellement par le besoin de financement des mouvements de rébellion et de séparatisme, constituent des foyers d'instabilité qui fragilisent les Etats et offrent une pépinière à l'émergence de toutes sortes de menaces à la sécurité avec des répercussions qui vont au-delà des frontières, a-t-il dit. Et de citer l'exemple de la prolifération du trafic d'armes, la traite des êtres humains, le narcotrafic et les diverses formes du crime organisé qui ont prospéré dans ces zones grises de non droit grâce à des interconnexions, avérées et prouvées, avec les mouvements de rébellion et de séparatisme. Dans une conjoncture internationale marquée par les bouleversements issus de l'émergence des menaces terroristes transfrontalières, il y'a une conscience collective qui commence à s'installer auprès des responsables et décideurs africains qui sont désormais interpelés par la nécessité de traiter d'urgence la situation dans ces zones de non droit, sources de fragilité pour plusieurs Etats et de menaces sérieuses à la stabilité de vastes régions du continent, a-t-il assuré. Les travaux de la 6ème édition d'Africa Sec 2015 ont consacré une plénière à ce phénomène sous le thème "Les foyers de séparatisme et de rébellion : des zones grises dans un espace sahélo-saharien instable". Plusieurs experts en questions sécuritaires ont traité de ces "zones grises" où les mouvements séparatistes trouvent un allié logique en les groupes du crime organisé et les réseaux terroristes qui lui assurent financement, alors que ces derniers trouvent leur compte dans l'affaiblissement des Etats et l'émergence de zones de non-droit favorables à la prospérité de leurs activités criminelles. En guise de solution, ils ont plaidé une coopération sécuritaire sincère entre les pays de la région, la reconnaissance constitutionnelle des droits des minorités en vue de parer aux frustrations sources de velléités séparatistes, un développement équilibré et soucieux d'une répartition équitable des richesses, la promotion de la démocratie, la bonne gouvernance et le respect des libertés individuelles et collectives. Plus de 300 hauts responsables civils, militaires, sécuritaires, experts et représentants d'organisations internationales ont participé à la 6-ème édition de "Marrakech Security Forum" (Africa Sec-2015) dont les travaux ont pris fin samedi à Marrakech. La rencontre, placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI sous le thème "L'Afrique face aux menaces transnationales et asymétriques", est organisé par le Centre Marocain des études stratégiques en partenariat avec la Fédération Africaine des Etudes Stratégiques.