Une approche holistique, basée essentiellement sur le partage des défis sécuritaires et établissant un dosage savant entre sécurité et développement, s'impose pour lutter contre les chantres du terrorisme en Afrique, ont plaidé, vendredi à Marrakech, les participants à l'ouverture de la 6ème édition du Marrakech Africa Security. Le risque terroriste qui plane sur l'Afrique est d'une telle ampleur et telle intensité qu'il convient de procéder, sans délai, à la conception d'une approche holistique pondérant sécurité et développement et stimulant un partage plus dense, entre les Etats africains, des défis terroristes guettant le continent, ont-ils fait valoir lors d'une session inaugurale sur "les défis sécuritaires partagés". Le président du Centre marocain des Etudes stratégiques (CMES), initiateur du 6è Marrakech Security Forum, a ainsi relevé qu'il appartient aux Etats africains, mais aussi à la communauté internationale, d'asseoir les bases d'une approche globale alliant croissance économique, gouvernance et développement en vue d'endiguer la déferlante terroriste, ajoutant qu'un partage des défis terroristes est de mise pour faire aboutir toute démarche anti-terroriste. Les défis sécuritaires en Afrique, le terrorisme en premier lieu, ne sont pas de nature univoque et exclusive, a-t-il fait observer. Et de préciser que ces "défis, restés longtemps cloisonnés, sont désormais connectées entre eux", d'où la nécessité de mécanismes traitant la problématique terroriste sous toutes ses dimensions. Pis encore, les menaces terroristes sont de "nature transfrontalière", dépassant les seules "logiques" nationales, a-t-il soutenu, faisant remarquer que "les déstabilisations politiques provoquées par les chambardements ayant touché le monde arabe ainsi que l'extension effrénée de mouvements tels Boko Haram et Aqmi confirment ces tendances". De son côté, le directeur des stratégies, plans et programmes au Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (AFRICOM), Rear Admiral Kevin a souligné l'importance de conclure des alliances sous-régionale, régionale, continentale et internationale, pour repousser une menace terroriste de plus en plus transfrontalière et asymétriques. Aucun pays, aussi fort soit-il, ne peut, à lui seul, contrer les menaces terroristes, ce phénomène rendant nécessaire une coopération agissante et globale entre les Etats. Dans cette optique, il est aussi question d'intégrer des composantes clés pour l'aboutissement des efforts anti-terroristes, en l'occurrence la réalisation du développement, le respect des droits de l'Homme et la promotion de la bonne gouvernance. Le conseiller spécial à la présidence de la République camerounaise, Narcisse Mouelle Kombi a fait observer que le terrorisme est, à bien des égards, le défi sécuritaire le plus pesant en Afrique, au vu de son caractère multiforme et multidimensionnel. La "guerre de conquête" mené par Boko Haram en est une illustration sans équivoque de la menace terroriste transfrontalière en Afrique, ce groupe mettant en péril la sécurité et la stabilité dans nombre de pays, en l'occurrence le Nigéria, le Caméroun, le Niger, le Tchad et le Bénin, a-t-il prévenu. Le responsable camerounais a, d'autre part, souligné la "légitimité du partage du défi sécuritaire" entre Etats, partant de la responsabilité morale qui incombe aux pays de porter main forte aux populations victimes du terrorisme ainsi que des idéaux universels rejetant l'obscurantisme et le fondamentalisme. Cette 6ème édition, qui se tient sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, servira de tribune pour quelque 300 hauts responsables civils, militaires, sécuritaires, experts et représentants d'organisations internationales qui, venus de tout bord, s'évertueront à stimuler une meilleure compréhension de thématiques clés pour le devenir du continent africain. Marrakech Security Forum aborde, durant deux jours, une multitude de sujets d'actualité relatifs à la sécurité sur le continent dont "Les fragilités sécuritaires en Afrique du Nord et la progression des menaces transnationales asymétriques", "Le Sahel-Sahara : des conflits mal éteints ou le risque d'un nouveau cycle de violences", "Les foyers de séparatisme et de rébellion : des zones grises dans un espace sahélo-saharien instable". Les participants à cette rencontre de haut niveau auront aussi à débattre des "défis de la sécurité maritime en Méditerranée, dans la Corne d'Afrique et en Atlantique Sud (piraterie, terrorisme)", "Pandémies (Ebola...) : menaces sur la sécurité sanitaire en Afrique", "les menaces émergeantes : enjeux multiples, évolutifs et complexes (risques, menaces de terrorisme chimique et biologique)". Au programme de ce conclave figurent également "les combattants terroristes étrangers : une nouvelle menace à la sécurité internationale", "l'Afrique face à la cybercriminalité et au cyber-terrorisme" et "La Libye : quelles perspectives".