Coïncidant avec les discussions du projet de loi de finances 2015 à la chambre des représentants, les prévisions du Fond monétaire international, portant sur les perspectives de l'économie mondiale et celles des pays importateurs de pétrole de la zone MONAP ((Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan), dont le Maroc, viennent conforter l'opposition marocaine dans ses craintes concernant l'évolution de l'économie nationale, la croissance et l'emploi en particulier. Rappelons, à cet effet, les remarques formulées par M. Adil Douiri, membre du comité exécutif du Parti de l'Istiqlal et président de l'Alliance des économistes istiqlaliens, à propos de la politique du gouvernement, à travers le PLF 2015, qui, a-t-il estimé, manque d'une stratégie d'ensemble et volontariste pour accélérer la croissance. M. Douiri estime que la croissance de l'économie nationale est naturelle et spontanée pour un pays de développement du Maroc. Les 2,5% à 3% constituent une performance que réaliserait l'économie sans activation de leviers supplémentaires » (L'économiste du 28 octobre 2014). Selon M. Douiri, la consommation des ménages a souffert de la hausse d'impôts, la contribution sociale de solidarité en est un parfait exemple en obérant la capacité à consommer des classes moyennes tranches supérieures ; la contraction des budgets d'investissement a plongé le secteur des BTP dans la crise avec les conséquence que l'on sait sur l'emploi. M. Douiri a mis en relief la faiblesse et l'insuffisance de la croissance à créer des emploi. Portant sur une situation économique -celle du Maroc en l'occurrence- déterminée par ses propres recommandations, le FMI formule des appréciations qui ne manquent pas de relever les limites des politiques de mise en œuvre de ses recommandations pour ce qui est de la croissance et de l'emploi. Dans ses perspectives d'octobre 2015, le FMI prévoit que le rythme de croissance des pays importateurs de pétrole de la MOANAP progresse de 2,6 % en 2014 à 3,7 % en 2015, ce qui correspond à peu près aux prévisions des PEM d'avril pour 2014 et est inférieur de 0,5 point pour 2015. La croissance serait tirée par une hausse de la demande adressée par l'Europe et les pays du CCG ainsi que par une certaine reprise de la demande interne due aux progrès de la confiance et de la transition politique. Cette évaluation des facteurs ou origines de la croissance ne fait pas de place au contenu des politiques économiques nationales, comme c'est le cas pour le Maroc où une telle politique, sans contenu, est en panne. La croissance que le FMI prévoit pour les pays du MONAP est, toutefois, encore trop faible pour remédier à la persistance d'un chômage élevé, surtout parmi les jeunes, et aux importantes inégalités socioéconomiques. C'est là précisément le poins sur lequel insiste l'opposition marocaine qui estime que le PLF « manque d'imagination et d'innovation et qu'il est « sans la moindre dimension politique ou vision stratégique ». Le FMI ne reconnaît donc pas que la croissance à venir puisse être suffisante pour créer des emploi et réduire les inégalité sociales. Au Maroc, estime le FIM, en liaison avec une hausse de la croissance en 2015 par rapport à l'année d'avant, une progression de l'investissement privé est attendue « à la faveur d'un regain de confiance, d'un gonflement des recettes du tourisme et d'une augmentation des exportations ». A cet effet, M. Douiri a précisé qu'au Maroc, c'est du secteur privé d'où provient l'essentiel des richesses. Le FMI prévoit, pour le Maroc, un taux de chômage se maintenant à 9% et au taux d'inflation augmentant à 2%. La politique économique du gouvernement manque de vision, de stratégie et d'ingrédients dans ce cadre pour imprimer à l'économie une croissance suffisante pour la création d'emplois. C'est ce qui ressort de l'analyse du FMI qui estime qu(une croissance inférieure aux prévisions dans les pays émergents, en Europe ou dans le CCG pourrait ralentir le tourisme, les exportations et les envois de fonds des émigrés. Les pays pratiquant une flexibilité limitée du change risquent de devoir augmenter les taux d'intérêt internes quand les conditions monétaires mondiales se resserreront, bien que l'intégration limitée aux marchés de capitaux internationaux donne une certaine autonomie à la politique monétaire. S'agissant des ingrédient manquant à la politique économique, selon le FMI, des réformes structurelles contribueront à augmenter la croissance à moyen terme, à créer des emplois et à faire progresser le niveau de vie et l'équité. Des changements du contexte des activités d'affaires et de la gouvernance, un meilleur accès aux financements et une plus grande intégration aux échanges (notamment pour les produits à valeur ajoutée élevée) s'imposent pour diminuer les coûts d'exploitation des entreprises et développer les possibilités d'emploi. Réformer le marché du travail et le système éducatif serait favorable au capital humain et à la productivité — par exemple en rendant l'éducation et la formation professionnelle plus conformes aux besoins du secteur privé. La communauté internationale peut aussi soutenir les réformes internes au moyen de financements, d'un accès aux principaux marchés d'exportation, de l'assistance technique et de conseils de politique économique. Les politiques macroéconomiques et financières doivent soutenir les actions visant à améliorer la croissance et l'emploi. Un assainissement budgétaire est nécessaire pour susciter la confiance et rétablir la viabilité de la dette publique à moyen terme. Mais il peut être effectué à un rythme mesuré là où des financements sont disponibles. Au fur et à mesure que la croissance se renforcera, il sera possible d'améliorer l'équité et d'augmenter la confiance des milieux d'affaires en élargissant l'assiette d'imposition, en rendant l'impôt sur le revenu plus progressif, en réformant les subventions et en étendant une protection sociale ciblée.