Abdel Fattah al-Sissi, homme fort de l'Egypte depuis qu'il a annoncé la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en juillet, a été élevé lundi au grade de maréchal, le plus haut de l'armée égyptienne, a annoncé la présidence. Depuis des semaines, l'entourage du maréchal, actuellement ministre de la Défense et vice-Premier ministre, ne cachait pas son intention de se présenter à la présidentielle prévue sous trois mois. Le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée égyptienne qui brigue la présidence après avoir été l'architecte de la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, est comparé par ses partisans au leader charismatique Gamal Abdel Nasser. Le maréchal Sissi et Gamal Abdel Nasser --lui aussi militaire--, devenu dans les années 1950 et 1960 le champion du panarabisme et des Non-Alignés, ont un autre point commun: à plusieurs décennies d'écart, ils ont chacun mené une sanglante répression des Frères musulmans, l'influente confrérie de M. Morsi. Mais contrairement à Nasser, le maréchal Sissi, ministre de la Défense et vice-Premier ministre, s'exprime toujours lors de ses rares discours d'une voix doucereuse, en arabe égyptien plutôt qu'en arabe classique et avec des attitudes travaillées. Agé de 59 ans, Abdel Fattah al-Sissi était entré au gouvernement sous la présidence Morsi en août 2012. Sa nomination avait alimenté de nombreuses spéculations sur une mise au pas de l'armée et sur une possible allégeance de l'institution militaire aux nouveaux dirigeants islamistes auxquels elle était autrefois hostile. Sissi devrait prochainement annoncer sa candidature à la présidence, mais seulement s'il obtient de pouvoir diriger le pays durant deux mandats, soient huit ans, selon son entourage. Et déjà, plusieurs poids lourds de la classe politique ont déjà annoncé qu'ils se désisteraient si le maréchal se portait candidat. Il s'agit notamment de l'ancien secrétaire maréchal de la Ligue arabe Amr Moussa ou Hamdeen Sabbahi, figure historique de la gauche qui s'était hissée à la troisième place lors de la présidentielle de 2012 qui a qualifié le maréchal de «héros populaire». Mais pour les pro-Morsi qui continuent de manifester quotidiennement «Sissi est un assassin», selon des slogans tagués par des partisans du président destitué sur les murs du Caire, des slogans toutefois rapidement éclipsés par les nombreux portraits du maréchal. Très peu de militaires égyptiens ont été élevés à ce grade. Parmi eux figure le maréchal Hussein Tantaoui, ex-chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui avait assuré l'intérim du pouvoir après la révolte populaire qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak début 2011. Le CSFA est aujourd'hui dirigé par le maréchal Sissi, qui avait remplacé le maréchal Tantaoui au ministère de la Défense lorsque Morsi l'avait mis à la retraite durant l'été 2012.