Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), conservera son poste de ministre de la Défense dans le nouveau gouvernement égyptien que formera le président élu Mohamed Morsi, a déclaré un membre du CSFA. L'officier, âgé de 76 ans, a été ministre de la Défense pendant deux décennies sous la présidence d'Hosni Moubarak, renversé par la rue en février 2011. «Le nouveau gouvernement aura un ministre de la Défense qui est le chef du Conseil suprême des forces armées», a déclaré le général Mohamed Assar sur la chaîne privée CBC mercredi soir. Prié de dire si cela signifiait que Tantaoui garderait son portefeuille, il a répondu : «Exactement. Qu'y a-t-il de mal à cela ? Il est le chef du Conseil suprême des forces armées, le ministre de la Défense et le commandant des forces armées.» Le CSFA a pris les rênes de la transition après la chute de Moubarak, écarté par les généraux quand il est apparu clairement, en février 2011, que les forces de sécurité seraient incapables de contenir les manifestations contre le raïs. Les propos d'Assar indiquant que Tantaoui restera en place alors même que Morsi n'a pas encore été investi dans ses fonctions - la cérémonie est prévue samedi - illustrent les limites que les militaires entendent poser aux prérogatives du futur chef de l'Etat, premier président civil élu en Egypte. Les précédents présidents égyptiens, tous issus de l'armée, portaient le titre de commandant suprême des forces armées. Le CSFA a soutenu la décision de la Haute Cour constitutionnelle, le 14 juin, de dissoudre le parlement dominé par les islamistes élu l'hiver dernier en déclarant non conforme la loi électorale. C'est aujourd'hui le conseil militaire qui assume le pouvoir législatif, jusqu'à l'élection d'une nouvelle assemblée. Le CSFA a également nommé un nouveau «Conseil de défense nationale» chargé des politiques étrangère et de défense. Même si Mohamed Morsi et son futur Premier ministre en seront membres, les généraux seront plus nombreux dans cette instance où les décisions seront prises à la majorité. Le général Assar a cependant assuré, au cours de l'émission sur CBC, que Mohamed Morsi serait «le chef de l'Etat avec de pleins pouvoirs». «Le président prend une décision d'entrer en guerre en consultation avec les chefs militaires», a-t-il dit, ajoutant que cette pratique était en vigueur dans d'autres pays comme les Etats-Unis. Morsi prêtera serment sur fond de polémique sur la procédure Le président élu égyptien, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, va prêter serment samedi mais une polémique l'oppose à l'armée sur la procédure à suivre en vue du transfert du pouvoir. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011, va transférer le pouvoir le 30 juin au nouveau chef de l'Etat, a affirmé le général Mohammed al-Assar, dans un entretien à la télévision égyptienne privée CBC. M. Morsi sera investi de «tous les pouvoirs du président de la République», a-t-il ajouté. Mais une polémique oppose le nouveau président au pouvoir militaire sur la procédure de cette prestation de serment. Selon le général Mahmoud Hijazy, cité par CBC, le président devra prêter serment devant la haute Cour constitutionnelle, conformément à la «Déclaration constitutionnelle complémentaire» adoptée par l'armée. Par cette déclaration, l'armée a récupéré le pouvoir législatif après avoir dissous à la mi-juin l'Assemblée nationale dominée par la puissante confrérie des Frères musulmans, en vertu d'un jugement déclarant illégal le mode de scrutin. Les Frères musulmans ont dénoncé cette déclaration comme «un coup d'Etat» et réclamé que la prestation ait lieu devant l'Assemblée. Ils ont appelé à une nouvelle manifestation vendredi sur la place emblématique Tahrir au Caire, sous le slogan «Journée du transfert du pouvoir». Un porte-parole de M. Morsi, Yasser Ali, cité par l'agence officielle Mena, a indiqué que la présidence se prononcerait officiellement sur cette question. «Il y a un débat autour de la question de la prestation de serment, on tente d'aboutir à un compromis qui satisfera toutes les forces nationales et une décision en ce sens sera annoncée jeudi», a-t-il dit.