La France et le Royaume-Uni n'ont pas réussi vendredi à persuader l'Union européenne (UE) d'assouplir l'embargo sur les armes en Syrie, afin d'effectuer des livraisons aux rebelles contre le président Bachar al Assad, ont rapporté plusieurs diplomates. Samedi, les rebelles syriens se sont emparés samedi d'une importante base aérienne de la province de Deraa. Les rebelles syriens se sont emparés samedi d'une importante base aérienne de la province de Deraa, près de la frontière jordanienne, après deux semaines de combats, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «Les combattants de l'opposition appartenant (au groupe jihadiste) du Front al-Nosra, à la Brigade Yarmouk (de l'Armée syrienne libre, ALS) et à d'autres groupes se sont emparés de la base aérienne 38 près de la ville de Saïda, sur la route reliant Damas à Amman», dans le sud syrie, a affirmé l'OSDH. Les rebelles l'ont emporté «après 16 jours de combats», a dit cette ONG qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires à travers le pays. Au moins sept insurgés et huit soldats ont été tués durant l'assaut final, a ajouté l'OSDH, précisant que des «dizaines de prisonniers» détenus sur cette base avaient été libérés mais que trois étaient morts. Une vidéo amateur, postée par l'OSDH, montre le corps ensanglanté et mutilé d'un officier. Une autre vidéo diffusée par des militants montre des prisonniers libérés, en majorité barbus. La Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), un réseau de militants présents sur le terrain, a fait état de son côté de la prise d'un poste de contrôle dans le secteur de Sahm al-Golan, également dans la province de Deraa. Une vidéo montre deux chars et plusieurs véhicules militaires pris par les rebelles. «Je jure devant Dieu, que nous allons t'avoir Bachar», clame un rebelle. L'OSDH a rapporté qu'un autre point de contrôle à l'est de Sahm al-Golan était aussi tombé aux mains des rebelles. Toujours dans le sud, les troupes du régime de Bachar al-Assad ont tué au moins 35 rebelles mercredi et jeudi à Qouneitra, dans la partie du Golan non occupée par Israël, et une vingtaine d'autres ont péri dans des combats dans des villages à majorité druze près de la ligne de cessez-le-feu avec Israël, selon l'OSDH. Ailleurs dans le pays, des bombardements ont eu lieu dans la province de Homs (centre), selon l'Observatoire, dont le premier bilan pour la journée de samedi fait état d'au moins 64 morts. Bruxelles hésite à lever l'embargo sur les armes Paris et Londres souhaitent exempter les insurgés de cet embargo, pour pousser le gouvernement syrien à négocier, alors que la guerre civile, qui dure désormais depuis plus de deux ans, a fait 70.000 morts. Des diplomates ont cependant déclaré que Laurent Fabius et William Hague, respectivement ministres français et britannique des Affaires étrangères ne sont pas parvenus à convaincre leurs homologues de l'UE, lors d'un sommet à Dublin. A l'issue du sommet, Laurent Fabius a rapporté qu'il avait attiré l'attention des ministres sur le risque de voir Bachar al Assad recourir à des armes chimiques. Les ministres britannique et français ont adressé en ce sens une lettre à la porte-parole de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, plus tôt dans la journée. Le régime de Bachar al Assad et les insurgés se sont mutuellement accusés d'un bombardement à l'arme chimique mardi à Khan al Assal, au sud-ouest d'Alep, au cours duquel vingt-six personnes ont été tuées. «Nous sommes de plus en plus préoccupés par la possibilité de voir le régime utiliser des armes chimiques», ont écrit Laurent Fabius et William Hague dans leur courrier à Catherine Ashton, daté du 21 mars. Plusieurs pays de l'UE, dont l'Allemagne et l'Autriche, sont opposés à l'assouplissement de l'embargo, par peur que des groupes islamistes puissent se constituer un arsenal et justifier ainsi que l'Iran et la Russie, soutiens de Bachar al Assad, accroissent leurs livraisons d'armes au gouvernement syrien. L'UE a jusqu'au premier juin pour décider de renouveler ou non ses sanctions contre la Syrie, et un nouvel amendement de l'embargo, déjà assoupli en février pour permettre de livrer des armes «non létales» aux insurgés, nécessiterait l'approbation des 27 pays membres.