Il n'y a pas que les hommes qui suivent le Ramadan avec tout ce que cela peut comporter comme bienfaits, surtout sur l'esprit et le corps qui redécouvre ses limites, ses faiblesses et ses performances, ce corps soumis à l'endurance qui réapprend à faire face à la faim, à la soif et à la fatigue. Autant de faits réels qu'il n'a souvent généralement pas le temps de connaître le reste de l'année. Certes, la faim comme la soif ne sont pas inconnues pour l'homme, mais il ne les vit pas de la même façon. Il n'y a donc pas que les hommes qui font le Ramadan. La ville aussi connaît une mutation. Des quartiers entiers vivent au rythme du carême. Des rues entières donnent l'impression de se reposer avec différents commerces qui ouvrent tard le matin. L'animation urbaine ne revient que vers midi pour prendre de l'ampleur après le ftor. Des hommes, des agglomérations qui changent d'atmosphère du jour au lendemain comme dans un récit de science-fiction, mais aussi des animaux, les compagnons des êtres humains qui suivent également l'air du temps. Un chien dans sa niche dans une villa de Hay Salam ou des perruches dans une cage dans un appartement de Hay El Alam, qui ne voient pas leurs maîtres se réveiller tôt, sont obligés aussi de subir le changement des habitudes. Le soir, après le ftor qui endort avec cette incontournable harira, des perruches n'ont plus qu'à cesser de gazouiller pour faire une sieste comme leurs protecteurs jusqu'à l'heure d'Al Ichae quand le moudden appelle les fidèles pour qui « Assalatou khaïroun mina naoume ». Un langage que tout le monde comprend. stop. Une mère adoptive ne sait plus quoi faire pour que son fils qu'elle a adopté au berceau, puisse lui rendre visite le jour de l'Aïd ou durant les quelques jours de vacances qui lui restent. L'orphelinat de l'Akkari est formel. Pas de sortie pour le gosse qui étudie avec abnégation et qui souhaite vivement aller chez sa mère qu'il a toujours connue comme sa maman. Revenons en arrière. Lors d'une visite chez sa mère qui habite près du Borj, l'enfant avait subi des attouchements par un cynique adulte qui a cru qu'il pouvait tout se permettre avec un enfant de l'assistance publique, un peu comme l'écrivain Jean Genet qui, lui aussi, avait été abusé dans l'orphelinat où sa mère l'avait placé. Le pensionnaire de la khiriya d'El Akkari avait raconté son drame aux éducatrices et l'auteur du sinistre abus de confiance avait été jeté en prison après un procès qui avait fait du bruit à l'époque. Le coupable passa 1 an et demi à la prison de Salé et plus personne n'en parla. Des années après, l'orphelinat de l'Akkari refuse que l'enfant - guéri par des soins psychanalytiques – aille voir sa mère adoptive à cause de cette vieille histoire malsaine, il est vrai, mais la victime a presque oublié et elle ne veut pas qu'on lui ressasse ce coup tordu et souhaite voir sa mère qui compte énormément pour lui. Apparemment, la khiriya de l'Akkari veut que l'enfant soit marqué à vie par un dossier apparemment clos. A suivre. stop. Les échos de la vie carcérale. Quand nous étions parmi les seuls à revenir constamment sur le calvaire des « hbassate », ces prisons qu'on appelle aussi « hbissou », un mot affectif qui ne traduit pas la détresse des maisons d'arrêt où tout semble s'arrêter pour des êtres humains qui continuent malgré tout à survivre avec l'espoir de revivre comme les autres, nous savions bien un jour qu'on sera entendu. Benhachem qui a tout essayé vient de prendre une fois, à bras le corps, l'état des prisons que des parlementaires qui ne veulent pas se taire, ont critiqué en long et en large. Le patron de la direction générale de l'administration pénitentiaire s'est rendu en personne pour constater de visu l'état des lieux qui n'est pas réjouissant. Des visites surprises au même moment où la DGAP vient de publier un rapport où elle appelle les choses par leur nom et non leur surnom. « Les établissements pénitentiaires du Maroc souffrent d'un certain nombre de dysfonctionnements, en particulier le surpeuplement », peut-on lire dans le rapport. Entre janvier 2008 et décembre 2011, le nombre de la population carcérale est passé de 54.660 à 64.833 pensionnaires, soit une hausse de 10,61 %, avant de grimper à 68.417 pensionnaires à la mi-2012, dont 43,69 % sont des pensionnaires placés en détention préventive. Le rapport admet, par ailleurs, que la consommation et la commercialisation des drogues continuent de poser problème dans les établissements pénitentiaires, d'autant plus qu'elles représentent le motif d'incarcération de 25 % des pensionnaires qui souffrent de dépendance à ces substances toxiques. stop. Faute de givre, on mange des merles. « L'Equipe » Maroc magazine, avec la collabo de Radio Mars, publie à la une les photos des champions du sport marocain qui ont fait la gloire de la riyada, de Sakah, Moutawakil à Aouita, en passant par El-Guerrouj et Nezha Bidouane. En cover, rien sur l'hécatombe qui a certainement chagriné des anciens champions du fond de leur tombe. stop. Autre détournement, cette fois compréhensible. Après la défaite, qui a mis fin à la fête, de la Siera contre le Barça, dans la presse, très peu ont repris le chiffre 8, par pudeur et pour ne pas en rajouter qui pourrait gâcher aux enfants l'heure du goûter... stop. Travail à domicile. Un décret au BO. Mais seul bémol, « L'Economiste » souligne à juste titre que le texte ne mentionne aucune sanction en cas de dépassement. Le décret qui détermine les règles de santé appliquées aux travailleurs à domicile et aux obligations des employeurs vient d'être publié au Bulletin Officiel. Le texte oblige l'employeur à fournir tous les équipements et informations nécessaires pour assurer une sécurité au travail. Le décret contraint l'employeur à fournir à l'inspecteur du travail les noms et adresses de ses employés. En fait, bien des employeurs qu'on devrait inscrire parmi les malfaiteurs se soucient peu des gens qui leur fournissent du travail à partir d'ordinateurs d'un autre âge, sans le moindre équipement décent. Ces employés sont considérés comme des employés de maison comme du temps où le patron avait toujours raison. stop. Chrafate, à 18 km de Tanger. Encore une ville nouvelle avec de larges avenues à la Haussman qui a apporté quand même la voirie et l'eau potable sur le palier et dans les appartements. Du beau travail avec des arbres sur la maquette où tout fait rêver, les personnes à la recherche d'un toit respectable. Mais comme dans beaucoup de villes nouvelles qui soulagent les villes loin d'être des poubelles mais dont le taux d'occupation est devenu une désolation pour les urbanistes qui ne savent plus où planter un palmier et comment réconcilier la ville et la campagne sans tomber dans les clichés, concevoir une ville nouvelle, c'est aussi prévoir des hamams, des équipements sociaux-éducatifs, des piscines, des salles de fête, des pistes cyclables et bien d'autres commodités. Sinon, construire pour construire, ça risque d'induire les clients en erreur. Quand ils cherchent des lieux vivables et bien équipés. stop. Les éléments de la police judiciaire à Salé ont démantelé, jeudi, une bande spécialisée dans le vol de câbles en cuivre, s'activant notamment dans la zone industrielle El Oulja. On remarquera qu'on arrête les voleurs de l'nhika, disent les cheffara patentés, sans qu'on n'interroge les personnes à qui ils vendent le cuivre qu'on n'écoule pas quand même dans les arrières cours des fondouks de Bab El Khémis, mais chez des acheteurs qui paient cash, sachant parfaitement d'où vient la marchandise qui enrichit des entreprises. Deux membres de la bande ont été interpellés en flagrant délit, alors qu'un troisième est parvenu à prendre la fuite, indique-t-on de source policière, précisant que les vols ont eu lieu dans les zones industrielles El Oulja et Sidi Hmida hak à Hmida ras el mida... stop. Les services sanitaires de la région de Souss-Massa-Draâ ont procédé à la saisie et la destruction d'importantes quantités de denrées impropres à la consommation. Dans le détail, ce sont près de 2,2 tonnes de viandes rouges, dont 26 kg provenant d'abattage clandestin. 26 kg ? Mince alors ! Effectivement, c'est un chiffre mince par rapport à une aussi vaste étendue que la région de Souss-Massa-Draâ. De deux choses l'une : soit il y a mal transcription du chiffre, soit les contrôleurs ne contrôlent pas tout. stop. Un journal de Casablanca qui nous fait passer le temps avec des recettes – pas encore annoncées en manchette, ça fait pas sérieux – nous donne une recette du Sénégal, en nous précisant que le riz est au Sénégal – Saligane, disent les rigolos – ce que le couscous est au Maroc... Alors que le riz est consommé régulièrement à Dakar ou dans la Casamance, tandis que le couscous, avec ou sans houmous, ne revient sur la table que le vendredi ou le dimanche quand lalla moulate dar ne travaille pas. stop. 42.507 produits alimentaires importés saisis durant la 2ème semaine du Ramadan qui donne toujours mal aux dents à ceux qui avalent chébakia et beghrir au miel bio de Zaio ou de Khémisset qui n'est plus la localité d'autrefois « la saha, la flissate » quand la prospérité apportée par les TME n'était pas au rendez-vous. En réalité, les produits frelatés doivent être saisis. Mais quand on apprend que la moutarde – qui revient au goût du jour après 2 semaines de carême à sec – fait partie du lot saisi, on se rappelle que celle de Dijon, la vraie, - pas la chinoise ou la tonkinoise, chantait Joséphine Baker dont Hassan II avaient secouru ses enfants adoptifs – n'est plus importée dans les grandes surfaces depuis le départ de Auchan. Alors que dans les épiceries fines, elle occupe une bonne place dans les rayons lumineux. Parmi les produits importés, heureusement qu'on ne fait pas la guerre à la soja en bouteille, au viandox, à la confiture bio et au beurre de Charente et Poitou que ne consommera pas le commun des mortels qui a son beurre excellent : « Badawiya ». A déguster. stop