Les sociétés en développement, en modernisation et en démocratisation sont marquées actuellement par une baisse de la confiance dans les institutions et de la confiance entre individus. Notre société, hélas, n'est pas exclue de ce phénomène. Elle souffre aussi bien d'une grande diminution de la confiance dans les institutions et de la confiance entre individus que d'une baisse remarquable de la participation, aussi bien en ce qui concerne les élections que dans la vie associative, et d'une apathie croissante dans le domaine politique. Ce phénomène pathologique qui frappe notre corps social provient sans aucun doute de l'idée largement répandue selon laquelle « nous ne sommes pas consultés », « nous ne sommes jamais invités à participer », « notre opinion ne compte pas ». Pour remédier à des situations similaires l'intervention de l'Ecole est décisive. Conçue par l'Etat et reconnue par la société, l'Ecole doit jouer aussi son rôle « de socialisation ». Parmi les éléments de la « fonction de socialisation », il y en a trois essentiels que l'Ecole devrait remplir. Premièrement, l'école intervient à une période critique du développement de l'enfant citoyen. La décision de quitter régulièrement la famille pour une autre institution n'est pas une décision volontaire. L'intégration de l'enfant au « système scolaire » est rendue obligatoire par la loi, sans que soient prises en compte, en général, ses préférences personnelles ou ses relations sociales (parentés, amitiés...etc). Compte tenu des conditions de vie et de l'environnement précédents de l'enfant, on pourrait même dire de l'école qu'elle est une institution « extraterritoriale », non seulement d'un point de vue géographique mais aussi en relation avec le niveau de conformité, de contrôle de soi et de discipline qui y sont imposés, le rôle d'élève nécessite une nouvelle adaptation et, en particulier, l'acceptation du pouvoir et de l'autorité de personnes étrangères et l'apprentissage de nouvelles normes de comportement. Les normes de comportement de l'école sont en outre moins souples que celles de la plupart des familles (voir cf. Hénécka 1999 p. 72). Deuxièmement, la relation entre apprenant et enseignant se caractérise par des exigences relativement strictes de l'enseignement en ce qui concerne les résultats de l'apprenant et son comportement général. L'imposition de la discipline, la contrainte, l'application de sanctions, etc..., sont des éléments clés (positifs aussi bien que négatifs) de ce processus. Les règles de communication qui prévalent à l'école ont une importance essentielle. Ces règles, se distinguent en général fortement des modèles établis en dehors de l'école (c'est-à-dire dans la famille, mais aussi dans certaines cultures de particuliers et au sein de groupes de pairs) et sont donc souvent perçues comme rigides, contraignantes ou même contradictoires. La complexité des règles formelles et informelles, des règlements, des habitudes et des procédures qui régissent la vie de l'école peut-être envisagée comme constituant un « programme caché », une formation dans laquelle l'élève apprend à s'adapter à ces règlements. L'unanimité apparente obtenue dans ce processus (entre enseignant et apprenant) n'est pas nécessairement réelle ; bien souvent, elle est uniquement le produit d'une autorité imposée et de sanctions, (voir cf Hénéka 1999 p. 74). Troisièmement, l'école est de plus en plus chargée de tâche complémentaires qui excèdent son mandat d'origine. Du fait de la fréquence accrue des cas de divorces, de séparations, de familles de familles à problèmes au genre socio-économique, citadins, et rurales, de familles monoparentales et d'autres problèmes tels que la consommation d'alcool ou de drogues, la délinquance et la violence, l'enseignant se voit souvent obligé de consacrer une partie très importante de son temps à des problèmes socio psychologiques, en jouant un rôle de conseiller ou même de thérapeute pour lequel il ou elle n'est pas qualifié (e) et ne dispose ni du temps, ni de la motivation nécessaires. En tant qu'institution sociale, cependant, l'école est soumise aux conditions générales de l'évolution sociale et l'école où les enseignants doivent d'adapter aux besoins psychologiques ou même thérapeutiques des élèves lorsque d'autres agents de socialisation échouent dans leurs fonctions ou bien ne sont tout simplement plus acceptés. Le rôle de l'école ne doit plus rester réduit à la transmission de connaissances et de compétences et celui de l'élève à une écoute passive. Son rôle doit favoriser aussi une relation de réciprocité entre apprentissage et enseignement et inciter à un échange permanent des rôles entre enseignants et élèves. En même temps, en se concentrant sur l'acquisition de capacité et de compétences orientées vers l'action sociale et le changement. L'une des capacités les plus importantes dans l'enseignement est l'efficacité, celle-ci réduisant la conviction de l'enseignement que les élèves peuvent apprendre et qu'il ou elle est capable de les enseigner ou de les aider à apprendre. Certaines autres capacités peuvent aussi jouer un rôle décisif dans le processus visant à aider les apprenants à devenir des citoyens responsables. (A suivre)