Durant toute son Histoire, l'école a le plus souvent été conçue comme une institution sociale extrêmement importante, ayant pour tâche de transmettre aux jeunes générations des connaissances, des valeurs, des idées et des comportements essentiels pour la stabilité politique, la cohésion sociale, le bien-être économique et la vie culturelle de la collectivité. Et bien qu'au 20ème siècle certains analystes se soient sérieusement interrogés sur sa mission, du fait en particulier de son rôle moindre dans l'accès à la réussite et de sa fonction de reproduction des inégalités et de l'injustice sociale, l'école n'en continue pas moins à jouer un rôle important dans le développement cognitif et social de la majorité des jeunes du monde. La fonction pédagogique traditionnelle de l'école, cependant, a été profondément remise en cause au cours des dernières décennies par un certain nombre de développements politiques, scientifiques et technologiques. La nécessité de renforcer la démocratie et la société civile, la diversification des services d'éducation non formelle et informelle et des systèmes de formation, ainsi que la promotion du droit à l'autodétermination dans l'éducation sur la base des besoins individuels, ont conduit les écoles à adopter de nouvelles approches éducatives et à instituer de nouvelles relations entre elles et en leur sein. La raison d'être de l'école, comme celle de toutes les autres institutions sociales (famille, mosquée, etc.) est d'assurer certaines activités d'apprentissage et en particulier la transmission de connaissances, de valeurs et de comportements. Elle est aussi le lieu de reproduction de la culture dominante et de l'organisation sociale de la société qui l'entoure. Pour l'apprenant, l'école est aussi un « facteur de socialisation » d'une importance capitale. L'école est enfin, dans la plupart des cas, un organisme public et donc, de fait, une administration ou une bureaucratie, cet élément étant extrêmement important pour comprendre sa structure autoritaire inhérente et la dépendance dans laquelle elle se trouve à l'égard de la législation et de la réglementation, des processus de décision en matière de programme et des fonctions administratives. L'école remplit les fonctions fondamentales qui sont les siennes de trois manières. Premièrement, l'école transmet des connaissances et des compétences habilitant les membres des nouvelles générations à participer à la vie sociale, politique, économique et culturelle de la société et à effectuer de « vraies » tâches dans leur vie professionnelle. Ceci nécessite des compétences de base telles que la lecture, l'écriture, le calcul, certaines compétences culturelles, les qualifications nécessaires au travail et d'autres « qualifications clés » comme l'aptitude au travail en commun, l'esprit d'équipe, la cohabitation, la coexistence, l'équité, etc. D'un point de vue plus général, l'école contribue de manière importante à la formation du « capital humain » d'une société. Deuxièmement, l'école contribue à la répartition inégale de différents statuts sociaux au sein de la société et exerce par conséquent une influence sur les « chances » des individus dans la vie. Les résultats éducatifs atteints par les élèves et les étudiants déterminent leurs futures carrières en les répartissant, selon leurs capacités intellectuelles, à différents niveaux de l'enseignement fondamental jusqu'au supérieur ou celui de l'emploi. Ce processus est caractérisé comme la « fonction de sélection et de répartition » de l'école : chaque société, normalement, devrait reproduire sa propre structure sociale sur la base des résultats de la sélection opérée par le système social. Il en résulte une inégalité sociale qui, dans les sociétés ouvertes et libérales, est justifiée par les différences de capacités qui existent entre individus. Troisièmement, toutefois, du fait de son caractère obligatoire, l'école a aussi un rôle important à jouer dans le processus d'intégration politique et sociale. Ceci était formellement assuré dans de nombreuses matières au moyen de programmes nationaux, régionaux ou locaux et de certaines orientations fondamentales. En outre, l'école elle-même transmet, directement ou indirectement, des normes et modes de comportement dont certains sont codifiés sous forme de règlements scolaires ou de codes de bonne conduite, par exemple. Tandis que d'autres sont de nature plus ou moins informelle, ceci étant le cas, en particulier de certains modèles d'interaction et de communication entre enseignants et élèves. Dans sa théorie de l'école, Frend appelle cette fonction la « fonction de légitimation et d'intégration » de l'école. Si l'on considère ces trois fonctions fondamentales, il apparaît clairement que le rôle de l'école n'est pas limité à « l'organisation systématique des processus d'apprentissage » mais vise également à apporter aux élèves une perspective beaucoup plus large sur le plan social, politique, économique et culturel. En tant que lieu et endroit regroupant quotidiennement et de manière durable des individus d'âge, de religion et de sexe différents et, de plus en plus, d'appartenance ethnique ou de cultures différentes, l'école devrait offrir de nombreuses opportunités d'apprentissage social et d'expérience sociale pratique. A suivre...) • Références - (voir cf. Hans Peter Henecka, Schule als institution und Lebenswelt, in Gerd Hepp/ Hebert Schneïder, Schule in der Bürgergeselles chaft, Schwalbach – Ts 1999, p. 64 et suiv. - (voir Helmet Frend, Théorie der schule, München, wien, Baltimore, 1990)