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Egypte : présidentielle
Le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, élu à la tête de la République Arabe d'Egypte
Publié dans L'opinion le 25 - 06 - 2012

Le candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi a été déclaré vainqueur de la présidentielle égyptienne, dimanche par le président de la commission électorale, Farouk Soltan.
M. Morsi a obtenu 13.230.131 de voix (51,7%) de voix contre 12.347.380 de voix (48,3%) pour son rival le général Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre sous l'ère Moubarak. Le taux de participation au second tour de l'élection présidentielle égyptienne, les 16 et 17 juin, s'est élevé à 51,85%, a déclaré dimanche Farouk Soltan. La participation lors du premier tour, les 23 et 24 mai, de cette première élection présidentielle depuis la chute de Hosni Moubarak, en février 2011, avait été de 46%.
Présenté comme candidat de rechange des Frères musulmans après l'exclusion de leur principal candidat à la présidentielle, Khaïrat Chater, Mohamed Morsi est le premier islamiste à accéder à la magistrature suprême dans l'histoire du pays.
Remportant avec 13,2 millions des voix, (soit environ 51,7pc) cette élection présidentielle, la première à se tenir sous l'ère de la révolution, Morsi se proclame comme le défenseur des objectifs de la révolution.
Ingénieur de formation et professeur d'université et président du Parti Liberté et Justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, Morsi doit sa popularité à son parcours loin de la sphère des hommes d'affaires, un métier honni de par sa fusion avec le pouvoir sous l'ère du président déchu Hosni Moubarak, dont les symboles de son régime sont jugés pour corruption, enrichissement illégal ou dilapidation de deniers publics.
Né en 1951, Morsi a été un cadre de poids lourd au sein de la confrérie, même s'il était une figure inconnue pour le public. Il s'occupait de la formation politique et du choix des candidats aux législatives dans une partie de la région du Delta et du Canal de Suez pour les législatives de 2000, ce qui lui a valu le poste de porte-parole du bloc au Parlement, puis membre du bureau politique, la plus haute autorité du mouvement.
Il a vécu 9 ans aux Etats-Unis où il a fait ses études et travaillé aussi. Son nom devient plus familier aux médias lors des législatives de 2010, car il était chargé de la campagne électorale de la confrérie.
Lors de la révolution, il a été le négociateur de la confrérie avec Omar Soleimane, chef des services de renseignement. Une fois à la tête du nouveau parti des Frères, il tente d'envoyer des signaux rassurants aux adversaires de la Confrérie, et promet de collaborer avec les autres forces pour la rédaction de la Constitution.
Pris par le triomphalisme qui a gagné la confrérie après la révolution, il a défendu farouchement la composition de l'Assemblée constituante, dominée par les islamistes et contestée par beaucoup de personnalités.
Il a donné officiellement le coup d'envoi de sa campagne aux côtés de Chater sous le slogan «L'islam est la solution» en se considérant l'unique candidat «islamiste» pour courtiser l'électorat islamiste, surtout les salafistes.
« Poursuivre les objectifs
de la révolution »
Peu charismatique et critiqué toujours pour avoir été le remplaçant de l'homme fort de la confrérie Khaïrat Al-Chater, Mohamad Morsi a parié dans sa campagne sur les libéraux et les opposants à l'ancien régime.
«Nous devons poursuivre les objectifs de la révolution», a-t-il lancé en tentant de mobiliser un front anti-Chafiq intégrant les candidats défaits au premier tour.
Réélu au Parlement en 2005, il est emprisonné peu après pendant sept mois pour avoir participé à une manifestation de soutien à des magistrats réformistes, ayant dévoilé les fraudes en faveur du PND aux législatives.
Pour Morsi qui avait recueilli environ 25 pc des voix lors du premier tour de la présidentielle, l'application de la charia est fondamentale même si «chacun est libre dans sa croyance».
Lors de sa campagne, Morsi a promis d'»être le président de tous les Egyptiens» et pas celui de la confrérie, et le guide suprême, pour lui, sera un «citoyen comme un autre».
Il a insisté aussi sur le concept-clé de son programme électoral qui est celui d'»Al-Nahda» (la renaissance), qui puise dans le Coran pour trouver les solutions aux problèmes contemporains.
Il assure également accepter de désigner un vice-président et des ministres qui ne seront pas forcément issus de la confrérie et représenteraient le mouvement révolutionnaire.
Peu après la fermeture des bureaux de vote, il a promis d»'être le président de tous les Egyptiens et de ne régler ses comptes avec personne».
«Ceux qui m'ont dit «oui» et ceux qui m'ont dit «non» sont tous des enfants d'Egypte, et donc mes proches. Nous devons avancer, les habitants de notre pays auront tous les mêmes droits», a-t-il assuré.
Forte mobilisation des forces
avant l'annonce des résultats
A quelques heures de l'annonce des résultats de la présidentielle égyptienne, prévue dimanche, les autorités ont renforcé le dispositif de sécurité dans les rues du Caire et aux abords des principaux édifices publics dans la crainte de violences. La police a reçu l'ordre de répondre «avec fermeté» à toute violation de la loi.
La situation est tendue dans le pays depuis le second tour de la présidentielle des 16 et 17 juin, les deux adversaires, Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans, et Ahmed Shafiq, dernier Premier ministre de l'ancien président Hosni Moubarak, ayant tous deux revendiqué la victoire.
La proclamation officielle des résultats était initialement prévue le 21 juin et son report par les autorités a suscité des accusations de fraudes et de manipulations. La Commission électorale doit annoncer le nom du vainqueur à 15h locale (9h gmt). Plusieurs milliers d'Egyptiens se rasssemblaient en attendant les résultats sur l'emblématique Place Tahrir au Caire.
Le général Mohammed Ibrahim, ministre de l'Intérieur en charge de la police et forces de sécurité, leur a donné pour instructions de répondre «avec fermeté, force et de façon décisive à toute tentative de violer la loi», selon un responsable de la sécurité.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis la chute de l'ex-président Hosni Moubarak en février 2011 a réaffirmé la semaine dernière son engagement à transmettre le pouvoir d'ici fin juin, comme prévu, au président élu.
Mais le CSFA a rendu public le 17 juin, juste après la fermeture des bureaux de vote, une déclaration constitutionnelle par intérim limitant les pouvoirs du futur chef de l'Etat. Les militaires ont déjà repris le pouvoir législatif après la dissolution le 14 juin du Parlement par le Conseil suprême constitutionnel, qui a entraîné la disparition de l'Assemblée constituante.
Principale force politique du pays, les Frères musulmans se sont retrouvés ainsi sans représentation parlementaire, eux qui avaient obtenu près de la moitié des sièges de députés. La confrérie islamiste, avec d'autres responsables de l'opposition, a dénoncé «un coup d'Etat contre le processus (de transition) démocratique».


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