Les opposants à Mouammar Kadhafi ont pris le contrôle de la ville de Zouara, à 120 km à l'ouest de Tripoli, ont dit jeudi des travailleurs égyptiens fuyant la Libye. Ces Egyptiens rencontrés à la frontière tunisienne travaillaient à Zouara. Ils affirment qu'il n'y a plus aucun policier ou militaire et que des "comités populaires" armés contrôlent la ville. Située au bord de la mer Méditerranée, Zouara est la ville la plus importante à l'ouest de la capitale libyenne. Kadhafi qui a déjà perdu le contrôle de l'Est du pays, en particulier les villes de Benghazi et Tobrouk, apparaît désormais de plus en plus isolé, confronté à une opposition qui ne le lâche pas et lâché par l'Occident qui le somme de stopper le carnage contre son propre peuple. Zouara, située à 120 km à l'ouest de la capitale Tripoli, échappe désormais aux forces fidèles au régime, à en croire des réfugiés égyptiens. Peuplée de 45.000 habitants, la ville de Zouara n'est qu'à une soixantaine de kilomètres de la frontière tunisienne. Des ouvriers égyptiens arrivés à la frontière ont assuré jeudi qu'il n'y avait plus dans cette ville aucun policier ou militaire et que des "comités populaires" armés contrôlaient la situation. Zouara, sur la côte méditerranéenne, est la ville la plus importante à l'ouest de la capitale libyenne. "La population a les choses en main. Les postes de police ont été incendiés et l'on ne voit plus aucun policier ou militaire depuis plusieurs jours", a dit un Egyptien, Ahmed Osman, qui a fui Zouara à destination de la Tunisie. Misourata serait aussi tombée aux mains de la rébellion. Après plusieurs jours de combats contre les loyalistes, les opposants ont crié victoire à dans cette ville à 200km à l'est de Tripoli. Les habitants klaxonnaient de joie et agitaient des drapeaux de la monarchie libyenne, d'après le témoignage d'un médecin local. Le Dr Faraj al-Misrati rapporte que les combats qui ont commencé vendredi dernier ont fait six morts et 200 blessés. A Sabratha (70km à l'ouest de Tripoli), dont le site archéologique est classé au patrimoine mondial, l'armée libyenne affronte depuis deux jours les manifestants qui ont pris d'assaut des bâtiments officiels, selon un site Internet proche du gouvernement. L'opposition contrôle l'Est Désormais maîtres de l'est de la Libye et des villes rendues célèbres par les batailles de la Seconde Guerre mondiale, l'opposition envisage de marcher sur Tripoli pour faire tomber le régime de Mouammar Kadhafi. Après plus d'une semaine d'insurrection et de violences qui ont fait des centaines de morts à travers le pays, les insurgés semblent contrôler la région orientale, de la frontière égyptienne à la localité d'Ajdabiya plus à l'ouest. Tobrouk, Derna et Benghazi, épicentre de la contestation à 1.000 km à l'est de Tripoli, sont aux mains des opposants, selon des journalistes et des habitants. Cette région, bordée au nord par la mer Méditerranée et au sud par le désert libyen, renferme les très précieux gisements pétroliers qui dopent le budget libyen. Des journalistes ont vu des insurgés, en majorité armés, sur la route longeant la Méditerranée jusqu'à Derna où des habitants ont affirmé que des soldats s'étaient ralliés à l'insurrection et démenti des déclarations officielles sur l'instauration d'un émirat islamique. A l'extérieur de Derna, des jeunes hommes barbus transportaient des mitrailleuses dans des pick-up. A proximité, une centaine de personnes réunies à l'extérieur d'une mosquée scandaient: "Kadhafi, tu as fait ton temps". Sur la route côtière, les gens faisaient le signe de la victoire. Des insurgés brandissaient le drapeau de la monarchie libyenne du roi Idriss, renversée par Kadhafi en 1969, qui s'est imposé comme un symbole de la révolte. Alors que plus à l'ouest, y compris dans la capitale Tripoli, les tirs de balles continuent de se faire entendre la nuit, les rues d'Al-Baïda, une ville côtière à l'est de Benghazi, sont calmes. La marche sur Tripoli La ville, dont les murs criblés de balles sont autant de stigmates de la violence des combats entre opposants et "mercenaires" à la solde du "Guide" Kadhafi, panse ses plaies. Mais pense à Tripoli. Dans une salle de réunion, une foule de protestataires ovationne une dizaine de généraux et de colonels qui ont refusé de tirer sur la foule et fait défection. "On parle de marcher sur Tripoli s'il faut aider Tripoli. Notre objectif est Tripoli, si Tripoli n'arrive pas à se libérer par lui-même", lance un homme. "On ne peut plus faire marche arrière. Mais même si nous mourrons tous, au moins nos enfants n'auront pas à vivre avec lui", résume un protestataire à Al-Baïda en allusion à M. Kadhafi, qui a gouverné la libye d'une main de fer depuis près de 42 ans. "J'ai démissionné et je suis venu à al-Baïda pour être solidaire de mon peuple. Je serai en première ligne pour nous défendre contre toute attaque venant de l'extérieur", assure le général Salah Mathek, un responsable de la police judiciaire. "Ils (les partisans de Kadhafi) disent que je suis un traître. Non, j'ai des principes", ajoute-t-il. "Ils nous ont ordonnés d'attaquer le peuple et j'ai refusé. On ne peut pas utiliser les armes contre nos jeunes", explique un autre général, Abdel Aziz al-Busta. "Ils n'ont jamais rien fait pour nous dans l'Est. Tout ce que vous pouvez voir l'a été par le roi" Idris renversé par Kadhafi en 1969, assure Khaled Abdul Aziz, un sergent de police. "Nous avons tous rejoint les rangs de la révolution en voyant les mercenaires tirer sur nos jeunes. C'était le moment décisif, une violation de notre code d'honneur", estime le sergent. A l'hôpital, des Libyens, blessés à la jambe ou à la poitrine, sont soignés. "Ils tiraient dans tous les sens dans le centre de la ville. Ils tiraient même sur ceux qui nous donnaient les premiers soins", raconte un Libyen de 27 ans. Pour preuve, Mohammed Ebreke, un humanitaire du Croissant rouge, a été touché au flanc alors qu'il transportait un blessé. Kadhafi esseulé Kadhafi espère encore mater la rebellion Au dixième jour de l'insurrection contre le régime du colonel Kadhafi, qui a fait des centaines, voire des milliers de morts, les rues de la capitale Tripoli étaient quasi-désertes le matin après une nuit troublée par des tirs nourris, notamment dans la banlieue Kadhafi qui a perdu de vastes régions riches en pétrole de l'Est du pays reste décidé à mater la révolte coûte que coûte, faisant fi des condamnations de la communauté internationale. Au pouvoir depuis près de 42 ans, le dirigeant libyen a appelé la police, l'armée et ses partisans à réprimer les protestataires, avertissant de possibles "boucheries" et menaçant de "purger (le pays) maison par maison". "Capturez les rats!", a-t-il lancé en parlant de ses opposants dans un discours télévisé mardi soir. Cependant, à Tripoli, malgré son appel, seules des dizaines des partisans du « Fateh » ont défilé sous les yeux de quelques policiers et hommes en civil armés de kalachnikovs. La plupart des commerces sont restés fermés provocant de longues files d'attente devant les boulangeries et les stations-service, alors que l'activité économique et bancaire était paralysée. A Musratha, troisième ville de Libye, située à 200 km à l'est de Tripoli, des forces de sécurité loyales au régime ont attaqué des manifestants, faisant des morts, ont annoncé des témoins. "Ils ont été attaqués avec des mitrailleuses et des roquettes RPG", selon un des témoins. A l'aéroport, la situation était "chaotique", des passagers se battant pour monter dans les avions, selon le commandant d'un avion maltais, Philip Apap Bologna, de retour de la capitale libyenne.