Les ministres de l'Agriculture du G20 se retrouveront en juin à Paris pour tenter de trouver des solutions à la flambée des prix et à la spéculation observées actuellement sur les marchés agricoles. Selon un rapport de département américain de l'Agriculture, les prix du maïs, du blé et du soja sont au plus haut depuis 30 mois. Deux principaux facteurs sont à l'origine de cette situation : sécheresse et inondation. Au lendemain des incendies en Russie, troisième exportateur mondial de blé, en juillet 2010, le gouvernement russe avait annoncé la mise en place d'un embargo aux exportations de céréales, en raison de la canicule qui a provoqué l'effondrement des récoltes et menacé d'entraîner la pénurie et la hausse des prix sur les marchés intérieurs. Six mois plus tard, le Queensland, le New South Wales et la région de Victoria, en Australie, qui représentent environ 42% de la production de blé nationale, sont inondés. Selon les spécialistes, la hausse des prix des matières premières agricoles pourrait avoir des conséquences sur les éleveurs, mais aussi sur l'ensemble du secteur agroalimentaire. A terme, ce sont les consommateurs qui devront payer le prix de ces hausses, avec l'augmentation des produits alimentaires. Cependant, au Maroc, la flambée des prix ne sera pas répercutée sur les consommateurs. La Caisse de Compensation continuera à subventionner les produits de première nécessité. « Nous traversons une zone de turbulences économiques et financières internationales particulièrement éprouvantes, mais nous sommes décidés à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens », a assuré M. Naciri lors d'un point de presse à l'issue du dernier Conseil de gouvernement. « Nous avons également, et c'est là où le bât blesse particulièrement, à gérer la nécessité de préserver les prix moyens afin qu'ils demeurent à la portée des citoyens et de leur pouvoir d'achat », a-t-il dit. Il s'agit, a poursuivi le ministre, des prix de produits subventionnés, notamment le pétrole et les produits dérivés, y compris le gaz butane, le sucre, l'huile, la farine et le blé qui connaissent, actuellement, une véritable explosion à l'échelle internationale. Evoquant les autres produits soumis à la loi de l'offre et de la demande, M. Naciri a indiqué que le gouvernement qui contrôle les prix afin d'éviter toute spéculation ou toute hausse intempestive et injustifiée, veille à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens. Face à la flambée des prix alimentaires, l'Organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) « déconseille » la restriction des exportations. « L'expérience de la crise alimentaire de 2007-2008 montre que, dans certains cas, les décisions prises hâtivement par les gouvernements pour atténuer son impact ont en réalité attisé ou contribué à attiser la crise », souligne Richard China, directeur au sein de la FAO, selon un rapport de l'agence. La FAO rappelle que « la quasi-totalité des pays africains sont des importateurs nets de céréales ». « Les restrictions à l'exportation (...) appliquées par certains pays producteurs d'excédents vivriers, ont exacerbé la situation du marché alimentaire mondial durant la crise. La FAO déconseille vivement l'adoption de ces mesures qui exacerbent souvent le climat d'incertitude et les perturbations sur les marchés mondiaux et font grimper les prix davantage », ajoute la FAO dans un communiqué. L'Indice FAO des prix des produits alimentaires, qui suit l'évolution des produits de base au niveau international, a atteint un sommet en décembre 2010. « Avec ce nouveau choc des prix deux ans seulement après la crise, nous nourrissons de sérieuses inquiétudes sur les conséquences pour les marchés vivriers dans les pays vulnérables », a ajouté M. China. Selon la FAO, il n'existe pas de solution universelle pouvant être appliquée dans tous les pays avec les mêmes chances de succès. Les mesures doivent être adaptées aux conditions locales et prises en concertation avec les parties concernées. « Il faut veiller à ne pas adopter de mesures susceptibles de porter préjudice au marché existant. Il faut s'efforcer d'obtenir la pleine coopération des opérateurs du marché », suggère l'agence spécialisée. La FAO préconise enfin comme solution à « moyen et long terme (...) l'investissement dans le secteur agricole des pays en développement ». En 2008, les cours des céréales avaient atteint des records historiques, provoquant une crise alimentaire et des émeutes dans de nombreux pays africains, mais aussi en Haïti et aux Philippines. La réunion du G20 sera alors une occasion pour trouver des solutions concrètes à la flambée des prix du blé, du soja…. Le G20 réunit les principales économies développées et émergentes de la planète.