Alors qu'elle entame une nouvelle décennie, l'Afrique subsaharienne se trouve déstabilisée par les effets de trois crises mondiales importantes dans les secteurs alimentaire, énergétique et financier, qui ont inversé un grand nombre de progrès économiques réalisés au cours des 10 dernières années et laissé certaines projections de croissance à des niveaux inférieurs à ceux d'il y a 30 ans. Tandis que les effets de la crise financière – qui a les plus grandes répercussions – ne sont pas encore entièrement évalués, l'impact sur les flux de capitaux privés, le développement des infrastructures, les prix des matières premières, les paiements et les êtres humains est évident. Les pays africains et leurs partenaires au développement sont cependant en bonne voie pour trouver des réponses à la crise. En Sierra Leone, en Éthiopie, tout comme en Côte d'Ivoire – étapes du récent voyage de 8 jours que le Président de la Banque Mondiale, Robert B. Zoellick, a effectué en Afrique – les entreprises privées conjuguent leurs efforts avec les initiatives de gouvernance et l'attention portée aux infrastructures pour créer un climat positif propice à la croissance. « Je quitte l'Afrique en étant impressionné par les mesures qu'un grand nombre de ses gouvernements prennent pour faire face à la crise », a déclaré M. Zoellick, rapporte un communiqué de la banque. Et la même source d'ajouter : « …les progrès que j'ai pu constater sur le continent conforte mon opinion selon laquelle l'Afrique a le potentiel de devenir un autre pôle de croissance pour l'économie mondiale. » En Sierra Leone, pays qui vient seulement d'émerger d'un conflit violent, la Commission de lutte contre la corruption (Anti-Corruption Commission, ou ACC) est sur le point de donner une interprétation pratique de la notion de bonne gouvernance qui est le sujet de nombreuses discussions. M. Zoellick est sorti d'une réunion avec les membres ACC en étant convaincu de l'efficacité du groupe. « Vous avez un des systèmes de lutte contre la corruption les mieux intégrés que je connaisse », a-t-il indiqué aux membres de l'ACC galvanisés. « J'admire vos capacités et votre endurance, et je souhaiterais transmettre vos enseignements à d'autres. » Un des sujets de préoccupation pour la Commission concerne la sécurité de son personnel et de l'ensemble des preuves qu'elle rassemble et qui nécessite un entreposage dans des installations permanentes sécurisées. Mais les membres de la Commission ont précisé que rien ne les arrêtera pour nettoyer la société et faire apparaître les changements de comportement dont la Sierra Leone a besoin. « Nous sommes déterminés à traiter les questions systémiques, et non pas simplement à arrêter des individus pour les mettre en prison », ont affirmé les membres de la commission ACC, tandis qu'ils décrivaient un programme de travail qui englobe les questions de surveillance et de conformité, la sensibilisation du public et les actions de proximité, ainsi que les alliances avec le parlement, la société civile et les médias. Développement des infrastructures La manière dont les gouvernements africains gèrent la corruption et les autres questions de gouvernance déterminera leur mode de gestion des principaux enjeux d'infrastructures qui handicapent la plus grande partie du continent et freinent le développement. L'Afrique possède d'abondantes sources énergétiques, mais elle demeure celle qui dispose des infrastructures énergétiques les moins nombreuses. La réponse à la question de savoir si l'Afrique deviendra le pôle de croissance économique mondial dépendra largement de ce qu'elle fait pour exploiter l'énergie, dans le cadre d'initiatives nationales ou régionales. M. Zoellick a visité deux projets qui ont été créés pour atteindre cet objectif : la centrale thermique d'Azito alimentée au gaz (banlieue d'Abidjan) et le barrage hydroélectrique de Bumbuna en Sierra Leone. Il a noté que le barrage ne fournira pas seulement de l'électricité à la majorité des foyers, mais qu'il pourrait transformer la Sierra Leone en un exportateur d'énergie. M. Zoellick a clairement indiqué au début de son voyage en Afrique qu'il avait pour objectif d'écouter et d'apprendre. Il a appris que des initiatives dans le domaine des technologies de l'information et de la communication révolutionnent le contexte du développement dans certains pays, mais doivent être renforcées ; que des petites et moyennes entreprises pourraient se développer au-delà des frontières nationales, réaliser des économies d'échelle et trouver de nouveaux marchés sur le continent et au-delà. Il a également appris que des institutions publiques et privées redéfinissent la notion de gouvernance et plantent le décor pour un gouvernement qui soit plus transparent et possède un sens plus aigu des responsabilités.