Sans entrer dans ses détails techniques bourrés d'aberrations juridiques et d'évidents vices de fond et de forme qui laissent planer des soupçons légitimes sur ses basses et réelles motivations, la décision de la Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE), portant annulation des accords commerciaux de pêche et d'agriculture entre l'UE et le Maroc, est une manifestation criante de la dualité des politiques européennes envers l'Afrique en général et envers notre pays en particulier. Entre l'inique verdict de la CJUE et les déclarations apaisantes et conciliantes de certains responsables européens qui l'ont suivi, on se croirait plongés dans l'une de ces mauvaises séries policières mettant en scène le fameux tandem du bon et du mauvais flic. Voisin direct et quasiment mitoyen de l'espace européen, le Royaume du Maroc est un partenaire utile, précieux et efficace lorsqu'il gère à son corps défendant les lourdes problématiques sécuritaires et migratoires qui guettent aux frontières de l'Europe. Il est également un excellent client lorsqu'il s'agit d'y faire des affaires pour y écouler des produits et des marchandises européennes, dont même des déchets non recyclables. Le Maroc devient en revanche infréquentable et rançonnable à souhait lorsqu'il s'agit de ses propres intérêts politiques et commerciaux. Longtemps accablé par l'évident déséquilibre des puissances, le Royaume a depuis toujours préconisé la voie de la sagesse et de la flexibilité, s'accommodant autant que faire se peut de cette schizophrénie européenne, pour se positionner comme un partenaire aussi fiable que charitable. Sauf que dans le cas d'espèce, nul accommodement et nulle conciliation ne sont possibles puisqu'il s'agit ni plus ni moins de l'intégrité territoriale de notre pays. En prononçant son verdict qui n'a d'autre visée que celle d'instituer un séparatisme de fait au sein de nos frontières à travers d'absurdes mécanismes d'étiquetage et de géolocalisation des produits halieutiques et agricoles issus de nos provinces du Sud, la CJUE se déshonore en ralliant les rangs des mercenaires du Polisario. Plus que d'indisposer le Maroc officiel qui s'est légitimement déclaré non concerné par ce jugement aveugle, elle insulte en cela les millions de Marocains sahraouis unionistes parfaitement intégrés dans les rouages étatiques, économiques, sociaux et politiques de notre pays, à travers l'exercice de leurs droits et obligations de citoyens. Entre autres manifestations de cette réalité tangible que nuls jugements ou décisions ne sauraient occulter, les centaines de Marocains sahraouis réunis samedi à Rabat, au lendemain du verdict de la CJUE, à l'occasion du Conseil National de l'Istiqlal qui n'est rien moins que le doyen des formations politiques marocaines, pour prendre part et participer activement à l'élection du Comité Exécutif du PI où siègent aujourd'hui comme hier, plusieurs de leurs représentants. Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir !