Un unioniste face à un séparatiste dans le cadre d'une bataille politique au quotidien est une situation tout à fait normale dans un cadre démocratique, sachant, évidemment, que le séparatisme n'est qu'un courant minoritaire au sein de la population sahraouie. Depuis sa nomination par SM le Roi en tant que président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), Khelli Henna Ould Errachid, s'est engagé dans une véritable bataille diplomatique contre la machine de la propagande polisario-algérienne. Dans ce cadre il a multiplié les déplacements à l'étranger afin expliquer, autrement, les tenants et les aboutissants de l'affaire du Sahara. Une mission qui n'est pas toujours facile. Surtout lorsqu'il s'agit de convaincre un interlocuteur chez qui les préjugés sont tellement enracinés qu'ils ne laissent plus de place aux arguments et aux faits. En tout cas, M. Ould Errachid a réussi quand même à faire entendre la voix des autres Sahraouis – les unionistes – là où elle avait du mal à se faire une place. Et même si, dans certains cas, notamment avec certains dirigeants de gouvernements autonomes espagnols, l'accueil n'était pas très enthousiaste, le chef du Corcas a fait preuve d'une grande patience. Pour lui, l'essentiel est de transmettre ce message : les Sahraouis ne sont pas uniquement du côté de Tindouf. Une démarche qui commence à donner ses fruits. Il suffit à cet égard de citer comme exemple le changement de position manifesté, dernièrement, par un spécialiste de la question, l'universitaire espagnol Bernabé Lopez Garcia. Devant ses interlocuteurs, Khelli Henna adopte une position, jusque-là, inédite, puisqu'elle n'est pas basée sur l'exclusion de l'autre : nous sommes tous des Sahraouis ; eux, ils sont séparatistes, et nous, nous sommes unionistes ; nous respectons leur point de vue, même si nous ne le partageons pas, mais nous les invitons à une solution médiane qui permettra de réunir la famille sahraouie, à savoir l'autonomie sous souveraineté marocaine. Et là où le président du Corcas choquait ses interlocuteurs, c'est quand il disait ne pas avoir de problème quant à une éventuelle présidence de la future autonomie par le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz. Mais, aujourd'hui, étant donné que l'autonomie est en train de s'installer, tant sur la scène nationale qu'internationale, comme l'unique solution viable au conflit, M. Ould Errachid commence à changer de ton. Sa dernière sortie contre les détournements de l'aide humanitaire par les dirigeants du Polisario est très significative à cet égard. Elle installe son auteur en tant qu'adversaire politique de taille du chef de la ligne séparatiste. Un unioniste face à un séparatiste dans le cadre d'une bataille politique au quotidien est une situation tout à fait normale dans un cadre démocratique, sachant, évidemment, que le séparatisme n'est qu'un courant minoritaire au sein de la population sahraouie. C'est le cas d'ailleurs dans toutes les autonomies espagnoles où les indépendantistes ont intégré la vie politique en s'organisant dans le cadre de formations politiques. Une autonomie élargie serait le terrain propice à un débat politique démocratiquement légitime entre différents courants de pensée et d'approche entre trois principaux acteurs : les unionistes, les ralliés et les séparatistes. Il faut juste laisser faire le jeu démocratique. Tout cela bien sûr dans le cadre du respect de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud.