Le Parti de l'Istiqlal convoque son Conseil national afin d'achever son nouvel édifice organisationnel avec la constitution de son nouveau Comité exécutif. Décryptage. Cela fait des mois que tous les militants du Parti de l'Istiqlal s'attendent à achever l'édifice. Laissé en suspens depuis la fin du Congrès général, fin avril, le Comité exécutif n'a pas encore été renouvelé. On connaît désormais la date de reprise de la session du Conseil national. Celle-ci aura lieu samedi 5 octobre au Palais des Congrès Bouregreg à Salé, selon un communiqué du Secrétariat Général. Maintenue ouverte depuis la fin du congrès, cette session est d'une importance cruciale pour les héritiers d'Allal El Fassi qui se préparent à entériner le choix des nouveaux membres de l'organe décisionnel, l'une des instances les plus importantes et les plus prisées du parti. Il s'agit d'une étape importante pour la poursuite du renouveau institutionnel du Parti de la Balance. Des consultations approfondies Le Secrétaire Général, Nizar Baraka, s'apprête à soumettre la liste tant attendue des candidats qui ont trouvé grâce à ses yeux au vote des membres du Conseil national, et ce, conformément aux dispositions des Statuts du parti, telles qu'adoptées au Congrès, notamment les articles 64 et 69. Le leader de l'Istiqlal a pris soin de prendre le temps nécessaire avant de choisir les futurs cadres qui siègeront autour de lui au Comité Exécutif, puisqu'il faut que le choix se fasse dans un esprit de consensus. La session du Conseil national est maintenue ouverte depuis le 18ème Congrès général, à l'issue duquel 3600 congressistes ont renouvelé leur confiance en Nizar Baraka, qui a obtenu triomphalement un second mandat à la tête des Istiqlaliens. Lorsque le grand rassemblement istiqlalien avait pris fin, le parti a jugé nécessaire de prolonger la durée des consultations, vu que la constitution du nouveau Comité exécutif s'est avérée trop compliquée pour être achevée au lendemain du congrès. Les candidatures sont nombreuses et les ambitions si grandes qu'il fallait tempérer pour prendre assez de recul afin d'examiner minutieusement les profils des candidats et trancher les rivalités qui peuvent surgir. Plus d'une centaine de candidatures ont été présentées, dont seules trente seront retenues. En quête d'un consensus, Nizar Baraka, qui se veut rassembleur, a mené une série de consultations avec l'ensemble des composantes du parti, à savoir les Alliances professionnelles, les groupes parlementaires, ainsi que les sections féminines et de la Jeunesse... Il a tâché de tenir compte de l'avis de tous les hauts cadres et les militants dans leur diversité avant de trancher. M. Baraka s'est entretenu également avec l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), bras syndical du parti, avant l'annonce de la date du Conseil national. Un choix fatidique L'Istiqlal s'apprête ainsi à renouveler son Comité exécutif à la veille de la rentrée législative qui se déroule le deuxième vendredi du même mois. Il fallait donc que le parti soit solide institutionnellement pour pouvoir faire face aux défis de la rentrée parlementaire en consolidant son poids au sein de la majorité. L'enjeu est de taille, si le parti a mis si longtemps à constituer son Comité exécutif, c'est parce qu'il s'agit de l'équipe qui va conduire le navire istiqlalien pendant les quatre prochaines années, pleines de défis. Nizar Baraka parie sur la nouvelle équipe pour renouer avec les victoires électorales. Pendant le 18ème Congrès, il a haut et fort proclamé son ambition de remporter les prochaines élections législatives et diriger, par conséquent, le prochain gouvernement. En quête de gloire ! Cette aspiration, maintes fois exprimée dans les meetings, a été fortement et passionnément acclamée par les foules istiqlaliennes. L'Istiqlal voit désormais grand et veut retrouver une place qu'il estime la sienne sur le podium de la scène politique marocaine. Depuis 2017, le parti vit une sorte de renaissance après quelques années à l'opposition qui laissèrent un souvenir amer dans l'esprit des militants. Nizar Baraka a renoué avec le discours traditionnel du parti loin du populisme qui avait prévalu un certain temps, tout en réorganisant les structures. Ce travail d'autocritique a permis aux Istiqlaliens de réaliser un score honorable aux élections du 8 septembre 2021, qui leur ont ouvert le chemin de la majorité. Avec 81 députés, le parti est un pilier fondamental de l'alliance gouvernementale. Un tel bilan a fait de Nizar Baraka un candidat naturel à sa propre succession à la tête du parti afin de poursuivre l'œuvre de renaissance. "Son bilan s'impose, nous étions là pour sa réélection pendant le congrès", avait lâché Fouad Kadiri, l'un des poids lourds de l'Istiqlal à la Chambre des Conseiller, au micro de "L'Opinion", avec le large sourire de quelqu'un qui estime dire une évidence. "L'unité du parti a été réaffirmée au congrès où on a pu montrer que le parti est capable de régler toutes les divergences quelles qu'elles soient", abonde, de son côté, un haut cadre istiqlalien sous couvert d'anonymat. Notre interlocuteur assure que le même esprit de rassemblement préside à la formation du Comité exécutif. Choix des profils : L'heure de trancher Maintenant, tout dépend du futur Comité exécutif dont l'harmonie de la composition sera déterminante pour l'avenir de la famille istiqlalienne. D'où le choix des profils qui seront approchés minutieusement, dans un contexte où la moralisation de la vie publique devient une priorité nationale, surtout après le discours Royal à l'occasion du symposium célébrant le 60ème anniversaire de la constitution du premier Parlement élu au Maroc. Le parti se montre intransigeant sur les critères d'intégrité, de compétence, de militantisme sincère, ainsi que sur les compétences intellectuelles. Depuis son arrivée à la tête de l'Istiqlal, Nizar Baraka attache beaucoup d'importance à la force de proposition dans ses discours. Il veut que le parti reste un pourvoyeur d'idées, qui font, hélas, cruellement défaut de nos jours sur la scène politique. Raison pour laquelle il s'est réjoui que le programme du gouvernement d'Aziz Akhannouch ait repris une série de propositions de l'Istiqlal. Cela dit, le Comité exécutif est censé donc être le reflet d'une force intellectuelle et, aussi, organisationnelle ayant un maillage territorial si profond qu'elle puisse contribuer à rassembler toute la famille de l'Istiqlal autour d'un idéal et d'un objectif communs : la conquête des urnes.