Le Maroc demeure une destination de premier choix pour plusieurs officiers des pays d'Afrique subsaharienne qui cherchent une formation assez solide pour faire une carrière ambitieuse. Lauréat de l'Académie de Meknès, le Lieutenant-Général Sidiki Daniel Traoré, Commandant de la MINUSCA, en République Centrafricaine, nous explique les raisons de cet engouement. Détails. -Vous avez été formé au Maroc, comme c'est le cas de plusieurs officiers de pays subsahariens, à l'Académie Royale Militaire de Meknès. Quelle plus-value pensez-vous avoir gardé de votre parcours de formation ? En effet, j'ai suivi ma formation d'élève officier à l'Académie Royale Militaire de Meknès (ARM) de Septembre 1978 à Juillet 1981, d'où je suis sorti sous-lieutenant la même année de 1981. L'ARM a été toujours un centre d'excellence et un pôle de référence en matière de formation d'officiers en Afrique et dans le monde. Les académies royales de l'Air et de la Marine, à mon avis, font figure de modèle en Afrique et ont formé de nombreux valeureux officiers du continent. Depuis lors, et jusqu'à nos jours, la qualité de l'Académie de Meknès ne s'est pas démentie. L'ARM, qui a pour mission d'assurer la formation complète des officiers des armes et services ainsi que des fusiliers destinés aux Forces Armées Royales (Terre – Air – Mer), assure également la formation des officiers étrangers de différents pays. La formation y est pluridisciplinaire et prépare véritablement les jeunes officiers, dès leur sortie de l'école, à affronter avec professionnalisme, courage, détermination, abnégation et succès les nombreux défis de la noble carrière militaire. À l'occasion de la commémoration du 59ème anniversaire de l'indépendance de mon pays, le Burkina Faso, le 11 décembre 2019, l'Académie Royale Militaire de Meknès a été décorée par les plus hautes autorités du pays. A travers cette décoration, le Burkina Faso reconnaît la contribution inestimable du Maroc à la formation de très nombreux officiers burkinabés, qui exercent aujourd'hui dans nos Forces Armées Nationales à divers niveaux de responsabilité. -Qu'est-ce qui fait la spécificité de la formation militaire au Maroc ? Le Royaume du Maroc a su se doter d'un système de formation pluridisciplinaire et résolument tourné vers le futur, à même de lui permettre de former l'élite militaire de demain. L'Académie Royale Militaire de Meknès en est la parfaite incarnation. Le pays a également su ouvrir cette formation au reste du continent et du monde entier. C'est à ce titre que de nombreux dirigeants africains sont sortis de cette prestigieuse académie. Je puis vous assurer que l'une des spécificités de la formation militaire au Maroc est l'accent particulier et le point d'honneur que ce dernier met dans l'enseignement des techniques de combat en zones désertiques et sahéliennes. Aussi, les pays africains situés dans ces zones peuvent tirer le meilleur profit en matière de formation militaire adaptée à leurs réalités géo-climatiques et le font présentement. « La formation militaire au Maroc est d'autant plus spécifique qu'elle met l'accent sur l'enseignement des techniques de combat en zones désertiques et sahéliennes ». -Aujourd'hui, la région du Sahel connaît de nombreux défis sécuritaires dans un contexte difficile. Comment les pays de la région, y compris le Maroc, peuvent renforcer leur coopération militaire afin de mieux braver les périls terroristes ? Le Maroc est resté à l'abri des violences des groupes extrémistes, ces dernières années, et continue de déjouer les éventuelles attaques terroristes. Il a compris la nécessité de renforcer la coopération aux niveaux régional et mondial pour lutter contre le terrorisme, fléau qui a causé la perte de nombreuses vies au cours des 20 dernières années. En mars 2023, le Département d'Etat américain, dans une publication, mettait en avant « le leadership du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent », tout en mettant en exergue le partenariat entre le Royaume et les Etats-Unis qui englobe le volet sécuritaire. J'ajoute que l'expérience marocaine en matière de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent est appréciable. Cette expérience est portée par une vision globale ayant réussi à la fois à combattre le danger et à déconstruire le discours extrémiste tant au niveau national que sur le plan régional et mondial. A ce titre, le Maroc est un partenaire essentiel dans la lutte contre le terrorisme. En plus de l'action des services de renseignement et des forces de défense et de sécurité contre le terrorisme et la radicalisation, le Maroc a résolument engagé le combat contre l'idéologie extrémiste et l'endoctrinement. « Le Maroc a développé des initiatives dans la lutte contre le terrorisme qui peuvent servir de source d'inspiration » -Pensez-vous que l'approche marocaine de lutte contre le terrorisme peut-elle servir de modèle pour les pays du Sahel, une région où le terrorisme progresse dangereusement ? Le terrorisme, dont sont victimes aujourd'hui de nombreux pays africains, trouve son origine dans plusieurs causes. L'une des causes majeures est l'instrumentalisation du religieux par des activistes pour lesquels la religion n'est qu'un outil de propagande et la justification de leur projet funeste. Les mouvements extrémistes ont pris la religion en otage à des fins politiques. Il est donc capital de déconstruire leur propagande par un solide discours religieux visant à remettre les idées en place. Le Maroc a développé des initiatives dans la lutte contre le terrorisme qui peuvent servir de source d'inspiration. En effet, l'institut Mohammed VI et la Fondation Mohammed VI, respectivement, forment les imams et travaillent à unifier et à coordonner les efforts des Oulémas africains afin de faire connaître les vraies valeurs de l'islam. Cette action pourrait constituer une source d'inspiration pour les autres pays de la région confrontés aux mêmes réalités. Par ailleurs, la stratégie marocaine associe à son action une dimension économique et sociale. Cette approche consiste à mettre en œuvre les moyens pour lutter contre l'exclusion, la précarité et la pauvreté, et en même temps promouvoir des réformes économiques, politiques et sociales.