A l'heure où les gouvernements de l'UE ont créé le poste de “Monsieur Terrorisme“ pour coordonner leurs actions, un terreau de terrorisme demeure fertile. Il est au centre de tous les trafics d'armes et constitue un refuge pour les terroristes : les camps du polisario à Tindouf. Comment les Occidentaux ont peu à peu compris cette nouvelle donne? Le Sahara serait le nouveau sanctuaire des terroristes. La nouvelle bruissait timidement dans les salles de réunions des militaires américains, mais elle a peu à peu prospéré pour hausser les milliers de kilomètres du Sahara en plateforme du terrorisme international. Juillet 2003, le très respecté quotidien américain “New York Times“ jette un pavé dans la mare. Un article, paru dans l'édition du week-end, est consacré à une nouvelle donnée stratégique du Pentagone (ministère américain de la Défense). Dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme, le Pentagone cherche à établir des bases dans des pays africains. Particulièrement en Afrique du Nord où les Etats-Unis veulent augmenter leur présence militaire. Et ce dans le but de surveiller les déplacements des terroristes qui trouvent refuge dans le Sahara. Le journal new-yorkais explique à cet égard : pour nombre de militaires et d'agents de renseignements des Etats-Unis, “les vastes terres du Sahara, qui ont été des itinéraires de contrebande pendant des siècles, sont devenues des secteurs de choix pour des groupes de terroristes, y compris Al Qaïda“. Ce journal, difficilement soupçonnable de faire du sensationnalisme, cite de hauts gradés militaires américains pour donner de la crédibilité à cette nouvelle réalité. Le général James L. Jones, du corps des Marines, confie : “une armada maritime alliée dans la Méditerranée avait forcé les contrebandiers internationaux de drogues, les trafiquants d'armes, les extrémistes islamistes et autres terroristes du sud à se tourner vers les itinéraires sur terre par l'Afrique“. Pour le général Jeffrey B. Kohler de l'armée de l'air, “ce que nous ne voulons pas voir en Afrique, c'est un autre Afghanistan, un cancer accroissant au milieu de nulle part“. Le général James L. Jones ajoute : «Nous allons devoir aller où les terroristes sont. » Où sont-ils ? Dans les camps de Tindouf. En effet, la présence sur le sol algérien, à la croisée des frontières du Maroc, de la Mauritanie et du Mali, “de plus de 10 000 combattants armés du Polisario“, génère un “trafic d'armes“, précise une dépêche de l'AP, tombée au début de février 2004. Qui peut empêcher ce trafic ? Le Polisario ? Ce n'est pas un Etat structuré, mais un groupement de personnes, soucieux de servir au mieux la prétendue “cause“ qu'ils défendent et le commerce juteux d'armes qui l'accompagne. Le chef de ce groupement d'intérêts communs faisait même l'éloge du terrorisme. Mohamed Abdelaziz déclarait en décembre 2000 au journal algérien “El Watan“, à un moment où le Polisario menaçait le rallye Paris-Dakar : “Nous porterons la guerre sur l'ensemble des fronts et des objectifs militaires marocains. Le théâtre des opérations militaires sera total et il sera difficile de faire la distinction entre ce qui est rallye et ce qui ne l'est pas. Il faut que les organisateurs sachent que nous ne pourrons pas distinguer entre ce qui est Marocain et ce qui ne l'est pas”. Cette déclaration a été faite avant les attentats du 11 septembre 2001. Mais elle constitue une profession de foi indélébile quant à la valeur qu'accordent les polisariens aux vies humaines. Un dirigeant qui fait si peu de cas de la vie ne peut qu'offrir ses services à d'autres faucheurs de vies. A preuve, l'annulation en mi-janvier de l'étape du Mali du rallye Dakar 2004. Motif : “risque d'attentat terroriste“, signalé par les services de renseignements français. En février 2003, l'enlèvement de 32 touristes européens par le groupe algérien salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a fait la Une des journaux dans le monde. L'impuissance des autorités algériennes et des pays occidentaux qui les ont assistés à les rattraper est significative de l'aisance des déplacements des terroristes dans ces régions. Dans son édition du 4 mars 2004, “Le quotidien d'Oran“ revient sur cette question. “Avec les millions d'euros payés par l'Allemagne au GSPC pour la libération des 32 otages européens, la menace terroriste a pris une forme plus sophistiquée. Abderezak El Para, l'émir salafiste, avec 50 de ses éléments au nord du Mali, ont acquis des quantités d'armes (RPG 7, FMPK, kalachnikovs, mortiers, scanners et téléphones satellitaires Thuraya) qui dépassent les capacités de l'armée malienne“. Le journal algérien se garde toutefois de formuler des hypothèses sur le lieu où ces armes ont été acquises. Si les terroristes disposent d'armes que ne possède même pas l'armée malienne, où peuvent-il bien les acquérir ? A la plate-forme de tous les trafics de la région… chez le Polisario, bien sûr.