En se prononçant contre le port de l'abaya, une tenue traditionnelle portée dans des pays musulmans, le ministre de l'Education Gabriel Attal s'est attiré les foudres du parti de la France Insoumise. Gabriel Attal a «décidé qu'on ne pourrait plus porter l'abaya à l'école». Ainsi en a-t-il décidé dimanche dernier, sur le plateau du journal de 20h de TF1. Le ministre de l'Education en tranchant sur le port de cette tenue, n'a pas manqué de provoquer la colère d'une partie de la gauche. Une «polémique islamophobe» selon les Insoumis, pour qui cette décision, c'est pour évacuer les sujets, le fait que l'éducation nationale est en souffrance». Pour le député Insoumis Thomas Porte, interrogé sur BFM TV le 28 août au matin, le ministre de l'Education fait diversion en interdisant l'abaya. Une prise de position partagée par l'essentiel des troupes de La France Insoumise à l'image du député Antoine Léaument qui a affirmé sur X qu'«Attal lance cette polémique islamophobe pour qu'on évite de regarder son bilan à la rentrée»? La présidente du groupe Insoumis à l'Assemblée Mathilde Panot a de son côté fustigé ce qu'elle considère comme une attaque contre les musulmans et y a assimilé le ministre au président des Républicains Eric Ciotti. Clémentine Autain a, elle, dénoncé une décision «symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans». L'élue écologiste Sandrine Rousseau a quant à elle opté pour une convergence des luttes, rappelant qu'en 2022, c'est le «crop top» qui avait été interdit, ces mesures visant selon elle à exercer un «contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles».
L'abaya, « signe » ou « tenue » religieuse ?
La loi de 2004 s'abstient de dresser l'inventaire des « signes » et « vêtements » interdits dans les établissements. Pour autant, une circulaire d'application prise en mai 2004, quelques semaines après l'entrée en vigueur de la loi, a identifié trois « signes » permettant à l'élève de « faire immédiatement reconnaître son appartenance religieuse », qu'il convient donc d'interdire : le voile islamique, « quel que soit le nom qu'on lui donne », la kippa (juive) et les croix, si elles sont « de dimension manifestement excessive ». La circulaire laissait entendre que cette liste n'était pas exhaustive. François Fillon, le ministre de l'Education de l'époque, avait ainsi pris soin de rappeler que la loi avait été rédigée « de manière à répondre à l'apparition de nouveaux signes, voire à d'éventuelles tentatives de contournement [du texte] ». Considérant que le port de l'abaya par les élèves de confession musulmane était "un geste religieux, visant à tester la résistance de la République sur le sanctuaire laïc que doit constituer l'école", Gabriel Attal a souligné la détermination du gouvernement français à être "ferme sur ce sujet". "Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d'identifier la religion des élèves en les regardant", a martelé le ministre dans son intervention télévisée. Le ministre n'a pas indiqué de date précise pour appliquer cette interdiction. Il a juste exprimé le souhait de s'entretenir avec les responsables des établissements scolaires "à partir de la semaine prochaine" pour mettre en œuvre sa théorie.
« Une forme de mode, non une tenue religieuse »
"L'abaya n'est pas une tenue religieuse, c'est une forme de mode", a affirmé Abdallah Zekri, vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), en réaction à l'interdiction du port de l'abaya à l'école, annoncée par ministre de l'Education Gabriel Attal, dimanche dans la soirée. Abdallah Zekri répondait à une question posée par un journaliste de BFMTV, tout juste après l'intervention du ministre français de l'Education. "Je pense que le ministre aurait pu échanger, demander l'avis des responsables religieux. Pour moi, l'abaya n'est pas une tenue religieuse, c'est une forme de mode", a laissé entendre le vice-président du CFCM.
La Droite applaudit, la Gauche divisée À gauche, la députée insoumise Clémentine Autain s'est indignée de "la police du vêtement", jugeant "anticonstitutionnelle" l'annonce de Gabriel Attal, "contraire aux principes fondateurs de la laïcité. Symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans. À peine rentrée, la macronie tente déjà de prendre le RN par la droite". Le chef de file LFI Jean-Luc Mélenchon a lui aussi déploré que la rentrée scolaire soit "politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion". La députée écologiste Sandrine Rousseau a, elle, dénoncé "le contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles". En revanche, le communiste Fabien Roussel a dit "approuver" cette interdiction. "Les chefs d'établissement avaient besoin de consignes claires", a-t-il déclaré sur Sud Radio. Le député socialiste Jérôme Guedj a lui aussi validé cette interdiction en affirmant que "notre boussole, c'est l'interdiction des signes ostensibles à l'école" et que "dès l'instant où l'abaya ou le qamis sont portés dans une dimension ostentatoire", il faut "les interdire comme la loi de 2004 le permet, sans difficultés majeures". La décision a en revanche été applaudie à droite, le président des Républicains Eric Ciotti en tête : "Nous avions réclamé à plusieurs reprises l'interdiction des abayas dans nos écoles. Je salue la décision du ministre de l'Education nationale qui nous donne raison". "Il était temps que le ministre de l'Education nationale se saisisse du sujet, ne serait-ce que pour venir en aide à tous les chefs d'établissement, aux proviseurs et aux professeurs", s'est aussi satisfait l'eurodéputé François-Xavier Bellamy sur Europe 1.