Dire que ces dernières années les bars à narguilé ont la cote serait un euphémisme. Au gré des décennies, la clientèle de ce business aux effluves d'Orient n'a cessé de croître, malgré les multiples fermetures de certains bars pour non-respect de la réglementation. Nous sommes à la Marina de Rabat en ce bon bout d'an estival. Le narguilé est, vaille que vaille, prisé par toutes les classes de la société, toutes bourses confondues. Et dire qu'il fut un temps où cette mode moyen-orientale était l'apanage des fashionistas qui vouent un amour sans équivoque à la mode et au style de vie des pays du Golfe. En effet, au gré des décennies, les mentalités ont changé et se sont imprégnées de moult phénomènes sociétaux, tout droit sortis des petits écrans français ou espagnols. L'allusion est bien sûr faite à la téléréalité de ces deux contrées méditerranéennes voisines de notre pays, pour ne citer que celles-ci. De ce fait, au début des années 1990, les bars à chicha ont littéralement commencé à pulluler en Europe. Plébiscitée par des vedettes d'Outre-mer à la plastique presque parfaite, souvent d'origines maghrébines, la chicha est devenue, ipso facto, « l'accessoire indispensable» des séances de «cotilleos » ou de potins pour rester francophone. Aujourd'hui encore, il n'y a pas lieu de parler d'un phénomène has been, car la chicha continue de se développer, se réinventer, voire se plier aux desiderata des exigences de sa clientèle hétéroclite pour ne pas fléchir devant le poids de la concurrence avec les cafés huppés de la Marina de Rabat ou la belle corniche de Harhoura qui rivalisent d'ingéniosité les uns avec les autres. Quand les lois s'en mêlent Cependant, monter un bar à chicha relève souvent du parcours de combattant. Ainsi, pour ne pas voir partir en fumée leurs rêves de créer une affaire dans ce créneau ô combien fertile, les porteurs de tels projets doivent montrer patte blanche à la réglementation. En d'autres termes, il faut être titulaire d'un permis d'exploitation, soit d'une licence 3 de grande restauration et assurer une ventilation maximale des locaux, qui doivent être aménagés de manière à séparer l'espace réservé aux fumeurs de la cuisine où sont préparés les plats destinés à être consommés par les clients. En outre, rappelons qu'aucune loi n'interdit la consommation ou la vente de narguilé au Maroc, et l'interdiction de fumer concerne tous les lieux publics fermés, quelle que soit leur nature. En revanche, il est possible de fumer le narguilé à l'intérieur d'un établissement, mais seulement si celui-ci est équipé d'un fumoir conforme aux dispositions du code de la santé publique. Pour mettre le holà aux dérapages, la réglementation marocaine impose aux fumeurs de cigarettes, de narguilés et de cigarettes électroniques dans les lieux fermés de s'acquitter d'une amende au titre de la loi anti-tabac. Cette amende, qui commence à 300 dirhams, peut être décuplée en cas de récidive. Houda BELABD