Les tarifs des voyages en autocars ont presque doublé à la veille d'Aïd Al-Adha. Face à l'inquiétude des voyageurs, le ministère de tutelle explique ce fait par la hausse de la demande. Les professionnels, quant à eux, appellent à adapter la tarification fixée par la tutelle à la situation actuelle du marché. A deux jours seulement de l'Aïd Al-Adha, qui donne lieu à des déplacements tous azimuts, rejoindre sa famille dans une autre ville n'est pas une sinécure. Et pour cause, une hausse vertigineuse des billets des autocars. En plus de l'inflation durable qui impacte leur train de vie, les Marocains doivent supporter en plus une augmentation considérable des tarifs du transport en commun à cette occasion. En effet, les prix de billets ont grimpé malgré le soutien gouvernemental direct accordé aux transporteurs pour faire face à la hausse des prix du carburant. Dans les gares routières bondées depuis déjà l'approche des vacances, les voyageurs crient au visage des transporteurs. Ils se disent indignés par cette hausse non justifiée, devenue presque routinière à l'approche des fêtes religieuses. A la gare routière de Rabat par exemple, des dizaines de voyageurs ont été surpris, lundi 26 juin, de voir les prix de leurs tickets passer au double. « J'ai l'habitude de voyager de Rabat à Taza à 80 dirhams. Aujourd'hui, je trouve que le prix a presque doublé pour atteindre 150 dirhams », nous a indiqué un jeune étudiant qui souhaite rejoindre sa famille pour partager des moments de convivialité et de piété à l'occasion de l'Aïd. C'est ainsi que le jeune se dit contraint d'acheter son billet à n'importe quel prix. « Malheureusement, je n'ai pas le choix. Même les trains sont pleins. Les autocars sont ma seule et unique solution pour le moment », se plaint-il, ajoutant qu'il se sent, comme d'autres comme lui, floué par les transporteurs qui ne cessent de spéculer sur la forte demande. D'autres voyageurs que « L'Opinion » a rencontrés à la gare routière de Rabat se désolent de cette amère réalité. Pour faire un trajet de Rabat au Sud, il faut compter au moins 250 dirhams. Un luxe qui n'est pas à la portée de tout le monde. C'est en tout cas le constat relevé d'abord auprès des voyageurs mais aussi auprès des guichetiers de la gare. Outre la hausse des prix, les voyageurs se plaignent de la qualité de service fourni par les autocars. Ces derniers se trouvent, selon eux, dans un état lamentable en raison de l'absence d'équipements nécessaires, notamment le climatiseur. Interrogée sur ce sujet, l'association des professionnels du transport a expliqué cette hausse par l'augmentation des coûts de voyage par rapport aux années précédentes. Ainsi, « la tarification définie par le ministère de l'Intérieur n'est plus adaptée à la situation actuelle du marché qui connaît des mutations majeures en ce qui concerne les prix de carburant », déplore l'association. Le ministre des Transports et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil, explique, quant à lui, cette situation par la hausse exceptionnelle de la demande. « Lorsque la demande diminue, on constate forcément une baisse des prix qui peut atteindre environ 50% par rapport au prix plafond fixé par l'Etat, alors que les prix augmentent en période normale, a fortiori en période de pointe. A condition qu'il ne dépasse pas le prix maximum fixé par le département chargé des transports ». Dans le même sens, le ministre avait précisé que les tarifs des transports publics pour les passagers sont « plafonnés et non fixes, depuis 1996 ». Concernant les déplacements exceptionnels pendant les vacances, le ministre, qui s'exprimait au Parlement en juin dernier, a indiqué que « son département autorise les entreprises de transport à augmenter le tarif maximum de 20%, dans le but de les inciter à fournir des services de transport supplémentaires et à couvrir le frais du retour à vide».
Le transport en autocar, le plus prisé par les Marocains
Le nombre de bus de transport routier agréés pour les passagers atteint 2.100 bus, avec une capacité totale de 200.000 places par jour. Ce même nombre a connu une augmentation importante suite à l'octroi par les autorités compétentes de 4.351 licences exceptionnelles pour répondre au besoin en matière de transport à l'approche de l'Aïd. En effet, le transport routier de voyageurs via les autocars représente une part importante des déplacements interurbains, puisqu'il contribue à 35% de ces déplacements, contre 44% pour les véhicules privés et 15,1% pour les taxis. Ce type de transport reste le moyen le plus utilisé, notamment par la population rurale. Le transport routier par bus contribue ainsi à près de 1% du Produit Intérieur Brut et emploie environ 15.000 personnes directement, en plus des travailleurs occasionnels, sans compter ceux qui exercent dans l'informel.