Membre du Comité exécutif de l'Istiqlal, chargé des Marocains du monde et des affaires d'immigration, Dr Mohamed Saoud nous fait part du désarroi des Marocains de l'étranger après le passage de la France, de l'Espagne et du Portugal en liste B. - La France, l'Espagne et le Portugal ont passé, depuis lundi dernier, de la liste «A» vers la liste «B» regroupant l'ensemble des pays qui connaissent une propagation des variants ou l'absence de statistiques précises sur la situation épidémiologique. Comment les Marocains Résidant à l'Etranger (MRE) ont-ils reçu cette "mise à jour" qui va leur imposer des contraintes ? - Les MRE sont respectueux de toutes les décisions prises par le Maroc concernant leur combat contre le Covid. Mais il y a toujours un problème de communication avec le ministère de la Santé qui prend des décisions sur le tas, sans anticiper ni prévenir à l'avance. Beaucoup de MRE ont déjà réservé leurs billets et hôtels... Bien entendu, cette nouvelle décision est une énorme contrainte pour eux. Il y a un débat de fond qu'il faut entamer au Maroc. Les MRE n'arrivent pas à comprendre cette attitude du ministère de la Santé au Maroc qui pense qu'il a une possibilité de combattre le Covid. Je pense que c'est ce qui le différencie des autres ministères à travers le monde, où les gens ont compris que nous allons devoir vivre avec le Covid. Aujourd'hui, tous les experts disent que nous allons devoir vivre pour quelques années, voire pendant une dizaine d'années, avec le Covid. L'Australie par exemple, malgré ses efforts pour endiguer la pandémie, a eu tous les variants du Covid, provenant de marchandises, d'animaux... Avoir cette politique restreinte de tout fermer pour pouvoir combattre le Covid est une politique qui mène à la frustration. - Le ministère des Affaires étrangères avait précisé auparavant que les deux listes seraient actualisées régulièrement au moins deux fois par mois, selon le besoin. Ne pensez-vous pas que les voyageurs prennent leur responsabilité en ne tenant pas compte de cet élément ? - Je ne pense pas que les voyageurs en soient responsables, surtout quand ils prennent leurs dispositions bien à l'avance. Les gens prennent leurs dispositions pour les congés au minimum un mois avant. C'est normal que les gens se sentent frustrés après des prises de décisions aussi rapides. - Pour quitter le Maroc en direction d'un pays de liste B, une autorisation exceptionnelle est exigée pour les Marocains résidant au Maroc. Par contre, les étrangers, résidents ou pas, ainsi que les MRE n'ont pas besoin d'autorisation pour repartir vers le pays de provenance, de liste A ou de liste B. Ne voyez-vous pas en cela un acte discriminatoire puisque la pandémie ne fait pas de distinction entre résident ou pas? - Il va sans dire que circuler librement est l'un des droits constitutionnels de tous les Marocains. A nouveau, c'est une autorisation incompréhensible, qui n'a aucun sens même d'un point de vue sanitaire, puisqu'on quitte le pays. C'est le pays recevant les voyageurs qui est censé vérifier les contaminations au Covid. Est-ce que ça a un sens d'un point de vue commercial et sur les devises du pays ? Peut être ! Mais ce n'est pas de cette manière qu'on trouve des solutions pour renflouer les caisses de l'Etat. Il faut penser à d'autres solutions. - Pour ce qui concerne les familles accompagnées d'enfants, surtout celles qui avaient pris leurs dispositions pour venir au Maroc en se basant sur les précédentes conditions sanitaires, les enfants de moins de 11 ans sont dispensés du test PCR, quel que soit le pays de provenance. Les enfants peuvent être porteurs du virus également... - Concernant les enfants, heureusement qu'on ne leur a pas demandé de faire une quarantaine. La majorité des parents sont vaccinés. Je ne vois aucun parent laisser ses enfants à l'hôtel tout seuls. Je crois qu'aujourd'hui on doit admettre que le virus est là. Je pense qu'il faut responsabiliser le citoyen et lui laisser le choix de circuler, ou pas, sans aucune restriction. Je crois qu'aujourd'hui, on infantilise le citoyen. Il faudra vacciner le maximum de personnes pour atteindre l'immunité collective, qui est l'objectif final.
Recueillis par Safaa KSAANI NMD : Les compétences des MRE sont reconnues mais découragées Dans le rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), les Marocains Résidant à l'Etranger (MRE) figurent parmi les cinq leviers importants pour l'amorçage du Nouveau Modèle de Développement (NMD) et l'accompagnement de sa mise en oeuvre. De l'avis du secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), Abdellah Boussouf, pour attirer les profils hautement qualifiés, il faudra renforcer les liens culturels et émotionnels entre les Marocains du monde et leur pays. Aussi, est-il important de mettre en place une stratégie pour veiller à l'harmonisation du cadre juridique et institutionnel afin de répondre aux exigences en matière de développement de carrière et d'innovation. Sur le plan culturel, la création d'une Agence marocaine de l'action culturelle à l'étranger permettra d'encourager la réalisation des produits culturels à l'essence marocaine dans les langues d'accueil et de mettre la lumière sur la production culturelle marocaine, afin de les faire vivre dans le temps. La CSMD réitère dans son rapport l'importance de la mise en oeuvre des dispositions constitutionnelles pour une meilleure représentation de notre diaspora, plus particulièrement à travers le renforcement du CCME. En ce sens, le CCME a développé un savoir-faire scientifique sur l'ensemble des questions liées à la diaspora dans sa diversité. Ce savoir-faire, le Conseil le met à la disposition de tous les acteurs publics pour la mise en oeuvre d'une politique publique rationnelle et efficace à l'adresse des Marocains du monde.