Après l'annonce de l'ouverture d'un comité du parti du président Emmanuel Macron à Dakhla, le gouvernement français a regretté cette décision. Un geste de prudence destiné à ne pas vexer l'Algérie. En dépit des belles phrases et des discours officiels conciliants, la France n'a pas encore clarifié sa position quant au dossier du Sahara. L'ambigüité persiste du côté de Paris qui l'a de nouveau exprimée. Moult observateurs politiques ont vu dans l'annonce du parti du président « La République En Marche » d'ouvrir un comité à Dakhla un signe annonciateur d'une possible reconnaissance française de la marocanité du Sahara, d'autant que plusieurs responsables, députés et élus français ont appelé leur gouvernement à agir dans ce sens. Toutefois, les espérances ne suffisent pas, la diplomatie française a de nouveau repris son discours prudent. Le regret de Paris La France officielle n'est pas prête, semble-t-il, à assumer les décisions prises par le parti du président, qui gouverne le pays avec une majorité parlementaire confortable. La question a été débattue mardi à l'Assemblée nationale. Interrogé sur l'installation de LREM à Dakhla par des députés de gauche, le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes Clément Beaune a indiqué au nom du gouvernement français qu'il « regrette » cette décision, expliquant qu'il s'agit d'une initiative autonome du parti LREM, prise localement par des membres du parti. Selon le ministre, la position de la France reste inchangée. « La décision de LREM ne change en rien la position de la France sur cette question hautement sensible », a-t-il répondu à Jean-Paul Lecoq, député du Parti communiste français, parti d'extrême gauche connu pour son soutien historique à la thèse séparatiste, même du temps de son leader Georges Marchais. En effet, le discours officiel de la France a pourtant gardé ces éléments de langage habituels pour évoquer « le soutien du processus politique engagé par les Nations Unies », sachant que le ministre français des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian a réaffirmé il y'a quelques jours le soutien de son pays au plan d'autonomie proposé par le Maroc. Dans sa réponse aux députés pro-Polisario, le secrétaire d'Etat Clément Beaune a précisé que son pays encourage la nomination d'un nouvel Envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies au Sahara afin de « permettre la reprise des discussions ». « C'est cette ligne que défendra la France à nouveau au Conseil de Sécurité, le 21 avril prochain », a-t-il annoncé. La France évite de froisser l'Algérie Si les responsables français se montrent aussi circonspects, c'est pour ne pas compromettre les relations déjà sulfureuses avec l'Algérie, d'autant que Paris et Alger veulent apaiser la tension qui dure depuis longtemps, au moment où la France s'apprête à dévoiler l'archive de la Guerre d'Algérie. Clément Beaune a reconnu qu'il faut absolument baisser la tension, sachant qu'un nouvel ambassadeur algérien vient d'être accrédité à Paris. Dans ce contexte, un geste en faveur du Maroc dans le dossier du Sahara risquerait de saboter cet élan d'apaisement des relations avec l'Algérie. La France devrait éviter tout discours ou prise de position qui risquerait de froisser la diplomatie algérienne les prochains jours, nous confient des sources diplomatiques marocaines, qui nous expliquent que la France a toujours préservé un équilibre entre Rabat et Alger dans un jeu diplomatique subtile. Une hypothèse confirmée, parait-il, par le président Emmanuel Macron lui-même, qui avait déclaré lors de sa visite à Alger en 2017 qu'il veillera à ce que « l'amitié portée à l'un ne nuise pas l'amitié portée à l'autre », en parlant du Maroc et de l'Algérie.