Un nouveau projet intitulé « Résilience Rurale » a été lancé mardi 15 décembre, afin de consolider les acquis du programme d'Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (AGIRE). Une cérémonie de clôture pour le programme d'Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (AGIRE) a eu lieu à Rabat mardi dernier. Ce projet qui s'est déroulé tout au long des dernières 12 années (2008 – 2020) était le fruit d'une coopération entre le ministère de l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Economique et du Développement et la Direction du Développement et de la Coopération suisse. Cette cérémonie de clôture, en présence de Götz Schmidt-Bremme, ambassadeur de la République Fédérale d'Allemagne à Rabat, et de Guillaume Scheurer, ambassadeur de la Confédération Suisse au Maroc, a été marquée par le lancement du nouveau programme « Résilience Rurale » (Appui à la gestion des ressources en eau pour la réduction de la pauvreté et le renforcement de la résilience). Les acquis du programme AGIRE Ce programme est en somme le fruit des relations de coopération entre le Maroc et l'Allemagne, d'une part, et le Maroc et la Suisse, d'autre part, dans le secteur de l'eau et présenter les acquis et les activités des différents projets réalisés dans le cadre de cette coopération. « AGIRE », dont le budget global s'est élevé à 22.7 millions d'euros, avec une contribution de la Confédération helvétique d'une enveloppe de 2.8 millions d'euros, a été considéré comme exemple coopération « fructueuse » dans le secteur de l'eau . Par ailleurs, le programme « AGIRE » a permis de mettre à la disposition des Agences de Bassins Hydrauliques du Tensift, du Souss Massa et de l'Oum Errabiaa une assistance technique pour le développement des mécanismes, des procédures et des outils pour une gestion performante, intégrée et durable des ressources en eau. Amélioration de la résilience Le nouveau programme « Résilience Rurale », qui vient consolider des acquis du programme « AGIRE », a pour objectif d'appuyer les acteurs à l'échelle locale, régionale et nationale à travers le renforcement des compétences et accompagnement des populations rurales pour l'identification et la mise en œuvre de pratiques résiliantes face à la variabilité des ressources en eau. Ce projet constituera également « un appui à la planification et à la gestion décentralisée et participative axée sur l'amélioration de la résilience face à la pauvreté et à la variabilité des ressources en eau, en plus de contribuer au renforcement de la coordination et du dialogue interministériel dans le domaine de la résilience face à la variabilité des ressources en eau ». Doté d'une enveloppe budgétaire de 5,6 millions d'euros, ce nouveau projet s'étalera sur une durée de quatre années (2020-2023) et concernera les périmètres d'action des Agences de Bassins Hydrauliques du Tensift, du Sebou et du Ziz-Guir-Rhéris. Une coopération synergique Lors de cet événement, l'ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne à Rabat, M. Schmidt-Bremmen, s'est félicité en de la « belle coopération entre le Maroc et l'Allemagne » qui relève d'un partenariat stratégique entre les deux pays sur la question de l'eau et du changement climatique. Il a souligné qu'il s'agit d'une « coopération bilatérale à pied d'égalité car l'Allemagne a énormément appris de l'expérience considérable du Royaume en matière de gestion des ressources en eau ». Pour sa part, l'ambassadeur de la Confédération Suisse au Maroc Guillaume Scheurer s'est réjoui de la réussite du programme trilatéral (AGIRE),donnant lieu à des « résultats extraordinaires au niveau national, régional et local » en faveur d'une meilleure gestion des ressources en eau, et mettant en lumière une « quasi-généralisation de l'accès à l'eau potable au niveau du Royaume ». Il a également invité l'ensemble des parties prenantes à capitaliser sur l'expérience de l'ancien projet pour continuer d'améliorer les ressources en eau. O. A. (avec MAP) 3 questions à Pierre-Yves Morier, chef de mission adjoint de l'ambassade de Suisse « Ce programme a contribué à la protection et à l'utilisation durable des ressources en eau » Chef de mission adjoint et de coopération de l'ambassade de Suisse au Maroc, M. Pierre-Yves Morier a répondu à nos questions à propos du programme AGIRE (2008 -2020). - Quelle a été la contribution de la Suisse au programme AGIRE et quel bilan en faites-vous ? - La Suisse a contribué techniquement et financièrement à hauteur de 240 millions de dirhams, soit une part de 15%. Ce programme a contribué à la protection et à l'utilisation durable des ressources en eau, ainsi qu'au développement des capacités du secteur de l'Eau au Maroc, grâce à la promotion de technologies adaptées au contexte, qu'elles soient ancestrales ou innovantes. Les défis qui restent à relever sont liés aux changements climatiques qui pourraient mettre en péril les progrès réalisés jusqu'à présent dans le secteur de l'Eau. - De quelle manière est-il possible de capitaliser sur les acquis de l'expérience AGIRE ? - Au Maroc, des étapes importantes ont été franchies concernant la réduction de la surexploitation des ressources en eau, notamment par l'amélioration du cadre réglementaire et l'introduction d'approches novatrices, développées conjointement dans le cadre du projet AGIRE. Ces dernières sont reflétées dans le nouveau plan national de l'eau, notamment dans les domaines du recyclage des eaux usées, de la gestion des eaux de pluie et de la coordination interministérielle. D'autres programmes du secteur Eau continueront leurs activités au-delà de cette échéance, à l'exemple du Programme « Résilience Rurale » en partenariat entre le ministère de l'Equipement et la GIZ. - Quelle est la contribution de la Suisse dans ce nouveau programme ? - La Suisse n'apporte pas de contribution à ce nouveau programme. En revanche, ce dernier s'appuie sur les résultats de l'expérience AGIRE, ce qui assure une forme de pérennité et de durabilité à l'engagement de la Suisse. En outre, la possibilité que le Maroc puisse à nouveau bénéficier de programmes globaux ou régionaux sur la thématique des changements climatiques, appuyés par la Suisse, reste envisageable dans l'avenir. Recueillis par O. A. Encadré Maghreb : Faire front commun face à la menace de pénurie hydrique Un récent rapport du Réseau méditerranéen des experts en environnement et changements climatiques souligne que l'Afrique du Nord subit une augmentation de températures à un rythme 20% plus élevé que les moyennes mondiales, exacerbant ainsi les menaces de pénurie hydrique dans la région. Pour apporter une réponse régionale à cette problématique, l'Agence française de développement (AFD) et l'Observatoire du Sahara et du Sahel ont récemment signé un nouveau partenariat pour la mise en place d'une initiative intitulée «Stress hydrique et changement climatique en Afrique du Nord». L'objectif de cette initiative est d'alimenter, pour une durée de 18 mois, le dialogue de politiques publiques dans la région (Maroc, Algérie, Egypte, Libye et Tunisie) et d'encourager le partage de connaissances à une échelle régionale sur les enjeux et solutions permettant de faire face à ces défis. Un atelier d'échange sera également organisé à Tunis en juin 2021 avec la participation des décideurs des pays concernés et l'implication de la communauté scientifique, la société civile et le secteur privé. « En travaillant sur des enjeux partagés, l'initiative devrait favoriser les échanges, le partage de connaissances, la diffusion de bonnes pratiques et de solutions innovantes favorables à l'atteinte des objectifs de développement durable comme l'accès à l'eau, la sécurité alimentaire, la préservation des ressources naturelles et la lutte contre les changements climatiques », résume Julie Gonnet, en charge du programme à la Direction régionale de l'AFD en Afrique du Nord. Repères Programme d'approvisionnement en eau Initié par S.M. le Roi Mohammed VI, le programme national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation 2020-2027 permettra, sur les sept années à venir, de renforcer l'approvisionnement des zones rurales et le développement de la réutilisation des eaux usées. Ce programme, doté d'une enveloppe de 115 milliards de dirhams, va par ailleurs porter la capacité de stockage du Maroc de 18 milliards de m3 actuellement à 22 milliards de m3 à l'horizon 2027. Pour y parvenir, 14 barrages sont actuellement en cours de construction. Les barrages à 41.8% de remplissage Grâce aux précipitations enregistrées ces dernières semaines, le taux de remplissage des barrages au niveau national a atteint 46.9% à la date du 18 décembre 2020. Le barrage Oued El Makhazine, dont la capacité totale est de 672,9 Mm3, a atteint un taux de remplissage de 85.1%. Le barrage Idriss 1er (capacité de 1129,6 Mm3) enregistre un taux de remplissage de 80.7%. Le barrage Alwahda (capacité de 3522,25 Mm3) est à 52.3%, alors que le barrage de Bin El Ouidane (capacité de 1215,15 Mm3) est à 41.8%.