Le gouvernement adopte deux projets de décrets portant renouvèlement des licences de deux sociétés de télécommunication    M. Bensaid prend part à la Conférence ministérielle préparatoire au sommet de la Francophonie    Sahara: Le CS programme 3 réunions, l'Algérie se dérobe    Adoption en CG d'un PL portant organisation de la profession de commissaire judiciaire    Genève: le Grand Maître de l'Ordre Souverain de Malte rend hommage à la présidence marocaine du CDH    « L'alignement avec les enjeux globaux est essentiel pour la compétitivité des entreprises marocaines »    Technologie : le Sénégal, pionnier du cloud souverain en Afrique de l'Ouest    Mondial de Futsal: L'Argentine bat la France et file en finale    Le Mondial U-17 féminin aura lieu du 17 octobre au 8 novembre 2025 au Maroc (FIFA)    Regragui : « Ma devise ne change pas, si tu aimes le Maroc, tu es le bienvenu. On ne force personne. »    Medhi Benatia suspendu, l'OM tape du poing sur la table !    Sensibiliser les femmes sur l'importance de la détection précoce    La Fondation AKDITAL vient en aide à 500 enfants de Tafraout et de ses environs    La chasse est ouverte...préserver la biodiversité et lutter contre le braconnage    Prix du Maroc du Livre 2024: Les candidatures sont ouvertes    La saison culturelle et artistique s'annonce riche et prometteuse !    IA : la Russie dévoile un robot capable de réaliser des tableaux dans différents styles artistiques    Recensement 2024 : Le Maroc se dotera d'une base de données exhaustive, selon le HCP    L'Arabie Saoudite craint une baisse du prix baril à 50 dollars    Une élite à la hauteur du capital historique istiqlalien    Act for AgWater : une initiative pionnière pour l'agriculture    Hicham Sabiry : "Nous souhaitons créer un environnement plus propice à l'investissement"    Prix de la recherche économique : Bank Al-Maghrib prolonge le délai de dépôt des candidatures    Elim CAN 2025 : Sahraoui, Harkass, Chihab et Ait Boudlal, qui sont les nouvelles recrues de Regragui?    CHAN 2024 : La CAF annonce la date du tirage au sort    Salon du cheval: les FAR promeuvent l'équidé militaire sous le règne de Moulay Ismail    Aradei Capital : L'AMMC accorde son visa au prospectus préliminaire d'augmentation de capital    Rail : le consortium Ineco-CID remporte un important marché    Séisme d'Al-Haouz : Les aides à la reconstruction prolongées de cinq mois    Tout ce qu'il faut savoir sur la plus grosse fraude de Ponzi de l'histoire du Maroc    Tanger: Ouverture du 16è Forum méditerranéen des femmes chefs d'entreprise    Baïtas: Le gouvernement suit de près la situation de la communauté marocaine au Liban    Le gouvernement surveille de près la situation des Marocains au Liban en pleine escalade militaire    Liban : Le Hezbollah repousse plusieurs tentatives d'infiltration de soldats israéliens    Présidentielle américaine : les moments clés d'une campagne hors norme    Sommet de la Francophonie 2024 : Les conclusions promettent un nouvel élan pour les créateurs    Météo: les prévisions du jeudi 3 octobre    Togo. Stratégie pour une éducation de qualité    Le Kenya, à la recherche de touristes    L'Algérie bloquée aux portes des BRICS ou l'échec d'une diplomatie belliqueuse    Mozambique. Les élections générales pour le 9 octobre    Commerce extérieur : baisse des indices au T2-2024    Fès : lancement de la formation "Trésors des arts traditionnels marocains"    Accra. L'Africa Cinéma Summit prépare sa deuxième édition    Parution : « Le ciel carré », un récit carcéral    Mondial de futsal: Le Brésil en finale après sa victoire face à bat l'Ukraine    Un rapport de l'ONU pointe une "Impunité générale" pour les abus policiers de nature raciste    Kenya. Le sport et le cinéma s'allient le temps d'un Festival    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Vous avez dit « Arabizi ? »
Publié dans L'observateur du Maroc le 01 - 11 - 2013

En effet, ils l'ont dit ce mot barbare et laid, et l'ont, semble-t-il, employé depuis quelques années déjà, pour désigner « un nouvel arabe », une nouvelle langue écrite pour « communiquer sur Smartphones, (et) qui a permis aux jeunes générations de s'approprier leurs affects et leurs aspirations ». « C'est surtout une forme écrite de l'arabe née du développement des appareils électroniques qui n'avaient pas de clavier arabe. Les utilisateurs ont donc transposé l'alphabet arabe en alphabet latin. Et quand ils ont buté contre des sons sans équivalent, ils ont introduit des chiffres ». Cela a donné une expression insolite fabriquée par la jonction de « arab » et « easy ». J'emprunte ces informations et ces définitions au chercheur français Yves Gonzalez-Quinjano, militant de la cause de cette langue, qui vient de publier une intéressante étude intitulée « les Arabités numériques ». La thèse qu'il propose est séduisante mais non convaincante. Il affirme qu'en passant à l'alphabet latin, l'Arabizi rend la langue écrite plus accessible. « C'est, dit-il, une modification fonctionnelle, mais de portée symbolique majeure ».
Il n'hésite pas à ajouter « qu'avec l'Arabizi, le débat entre authenticité et modernité est caduc ». Il récuse la thèse que la cinéaste jordanienne Dalia Al Kury défend dans son film appelé justement « Arabizi » et qui présente cette langue comme un simple phénomène de mode, ou l'équivalent du franglais qui n'en déplaise à René Etiemble n'a, jadis, jamais constitué un danger pour la langue française. Cet Arabizi-là, Monsieur le professeur Yves Gonzalez- Quijano, ne sera pas aujourd'hui la langue de la modernité dans le monde arabe. Il se manifeste en plusieurs « Arabizi », reflets des variations de dialectes régionaux dans ce monde et se révèle d'une pauvreté désespérante et souvent agaçante. Serait-ce le lieu ici de rappeler que ce n'est pas la première fois, en tous les cas au Maroc, que s'est opéré le passage à l'alphabet latin ? Sous le protectorat dans ce pays, toute une science, « la dialectologie », l'avait réalisé sans qu'on ait recours à des chiffres. Cette science avait ses savants, ses chercheurs, ses grammairiens, ses manuels, ses contes.... Les dialectes marocains dans leurs variations régionales à partir d'un tableau ingénieux de transcription s'écrivaient aisément en caractères latins.
Ils étaient enseignés grâce à cette transcription dans les collèges et lycées. On donnait le choix aux élèves « indigènes » à l'examen du baccalauréat entre le dialectal et l'anglais. Souvent ceux qui choisissaient leur langue maternelle réussissaient moins bien que ceux qui avait choisi de composer dans la langue de Shakespeare. Ce qui n'était sous le protectorat qu'un frein pour ralentir l'entrée de ces pays dans la modernité, ne pouvait devenir par la grâce d'une nouvelle transcription numérique fragile et des inventions frénétiques des Smartphones un accélérateur de la modernité. Yves Gonzalez a raison de comparer cet « Arabizi » à ce que fut la « lingua franca » du pourtour méditerranéen tout au long du XVIIe et XVIIIe siècles et que Jocelyne Dakhlia a magistralement étudiée. Elle ne fut toutefois qu'une langue « marchande », une langue « portuaire », qui ne portait en elle aucune espérance culturelle, civilisationnelle. L'« Arabizi », c'est cela : un outil linguistique utile, de communication immédiate, peu raffiné, inélégant, sans distinction aucune, apoétique, une mauvaise langue, et donc un mauvais arabe.
Verra-t-on un jour fleurir des recueils de poèmes en « Arabizi », des récits comme les « Mille et une nuits », des épopées comme « l'Iliade », des essais comme « Les Essais » ? Quel auteur arabe arriverait à réussir le miracle d'écrire un chef d'oeuvre littéraire en usant de phrases comme « kif dayr m3a l9krya » « laoreed » « ma biddi » et comme exemple de dialogue : – « what's man, weenek ? – kount fi school El Youm » Je veux bien, comme le dit ce chercheur, que l'Arabizi soit la langue qui aide à déconstruire la langue de l'élite traditionnelle, à déconstruire celle qui enferme les esprits, clôture la pensée et qui bouscule l'autorité ancestrale. Mais de grâce, ne me dîtes pas qu'elle sera la langue d'une culture universelle de langue arabe, d'une poésie qui traversera les siècles comme celle des « ?????? », de « ???? » ou de « ?????? ». Dîtes-moi qu'elle peut être la langue du Rap, du Slam et du Sha3bi, une langue éphémère, mais ne me dites pas que c'est cette langue là que je devrai enseigner à mes enfants et à mes élèves et que c'est cette langue-là qui sera demain la langue de leur modernité arabe. Qu'avaient-ils dit, « Arabizi » ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.