La Maison de l'Histoire du Maroc est un nouveau projet issu des recommendations de l'IER. Dans le cadre de ces recommendations, la Direction des Archives du Maroc avait vu le jour en 2011. Entretien avec son directeur, Jamaa Baida. Jamaa Baida Le projet de création d'une Maison de l'Histoire du Maroc est en préparation. Ce projet est le résultat des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER) qui avait été émises en 2005 afin de garantir la non répétition des violations des droits de l'Homme. Ces recommandations allaient du droit à un procès équitable à la présomption d'innocence en passant par la lutte contre l'impunité. Figuraient également des recommandations relatives à la mémoire collective, notamment « la préservation des archives de l'IER et des archives publiques ». L'un des premiers projets issus de ces recommandations est celui de la Direction des archives du Maroc. Elle avait vu le jour en mai 2011 mais manque à ce jour d'infrastructures et de budget. La loi sur les archives, également issue des recommandations de l'IER, a été promulguée en 2007 mais n'est toujours pas encore entrée en vigueur. Parmi les autres réalisations issues de l'IER, la création d'un master en histoire contemporaine en 2009, et d'un doctorat en 2012. En novembre, un centre d'études de l'histoire contemporaine verra le jour. La création de trois musées régionaux (dans les régions du Rif, du sud-est et des provinces sahariennes) est également prévue. Le Soir échos fait le point avec Jamaa Baida, directeur des Archives du Maroc. Il répond à nos questions de part son statut à la tête de cette institution, mais également en tant qu'historien. La Maison de l'Histoire du Maroc sera créée dans le cadre des recommandations de l'IER. Sachant que la création de la direction des archives s'est faite dans ce même cadre, quelle évaluation pouvez-vous faire de la réussite de ce premier projet ? Effectivement, l'établissement Archives du Maroc est un fruit des recommandations de l'IER. Il s'agissait pour cette instance de créer non seulement une institution ayant pour prérogative de sauvegarder le patrimoine archivistique national à des fins administratives, scientifiques, sociales et culturelles, mais encore de veiller à la bonne gestion des archives courantes et intermédiaires comme pilier d'un Etat moderne engagé dans le processus le démocratique. Il est trop tôt pour faire une évaluation objective de notre action car nous sommes encore à la phase de la mise en place de l'établissement (infrastructures et personnel). De part votre expérience à la direction des archives, quelles recommandations pourriez-vous donner pour une réussite de ce nouveau projet de Maison de l'histoire? Une Maison de l'Histoire du Maroc est un projet ambitieux, une belle aventure dans laquelle doit prévaloir l'approche scientifique loin de toutes interférences idéologiques, sans omettre de prendre en considération que le mot « Histoire », même au singulier, est en fait un pluriel. Cette maison doit donc être celle de tous les Marocains avec leurs différents pans culturels qui font la richesse de notre patrimoine, un patrimoine ouvert sur son environnement régional et sur le monde. A quel degré sera impliquée la Direction des archives dans ce nouveau projet ? Y aura-t-il collaboration et/ou complémentarité ? Une Maison d'histoire – ou un musée d'histoire- puise sa crédibilité, dans une large mesure, dans la recherche historique qui, elle-même, se base principalement sur les archives qui sont à la fois le label de l'authenticité des faits et des objets présentés au public et un support utilisé à des fins muséographiques. Par conséquent, les deux établissements sont appelés à collaborer étroitement. En tant qu'historien, quelle valeur ajoutée peut avoir une Maison de l'histoire, plus que des musées? Ne serait-il pas meilleur de développer des musées dans les régions afin d'inculquer la culture du musée ? A ma connaissance, les contours du projet ne sont pas encore définis avec précision. Il reviendra à un comité scientifique pluridisciplinaire de se pencher sérieusement sur cette question. Mais, a priori, rien n'empêche qu'une Maison de l'Histoire soit à la fois un espace d'activités culturelles à caractère historique et un musée national d'histoire générale reflétant la diversité et la richesse patrimoniale du pays. Ceci n'est nullement contradictoire avec le développement de musées régionaux qui auront une autre vocation dans le cadre de la régionalisation avancée. * Tweet * *