Les participants à une rencontre sur "Sources et archives de l'histoire du Rif" ont souligné la nécessité de procéder à une lecture scientifique des archives dans la perspective d'une écriture exemplaire de l'histoire de la région du Rif. Les intervenants dont des historiens et des universitaires ont estimé que l'histoire ne peut être écrite, en dehors d'une exploration des différentes traces "matérielles et immatérielles du passé", notamment les sources littéraires, archéologiques toponymiques et ethnographiques. Ces sources sont porteuses d'indications du parcours d'une communauté ou d'une région, a indiqué M. Ahmed Siraj, membre du Conseil de la Communauté des Marocains de l'Etranger, ajoutant que "l'histoire de Salih Ibn Mansour sera le point de repère qui permettra de naviguer dans le temps aussi bien préislamique qu'islamique du rif. Pour Maria Rosa De Madariaga, historienne espagnole, la documentation sur le rif est abondante dans les archives espagnoles, faisant état de l'existence dans l'âge moderne des collections de documents concernant "le Royaume de Fès" et "l'empire chérifien". Elle a indiqué, par ailleurs, que beaucoup de ces documentations ne concernent pas concrètement le rif mais le Maroc dans son ensemble. "Etant donnée le voisinage entre les deux rives de la Méditerranée et les liens historiques qui unissent l'Espagne et la zone septentrionale du Maroc, il est normal que la documentation concernant le rif soit la plus riche", a-t-elle dit. Pour sa part, l'historienne Leila Maziane a indiqué dans une intervention sur "le patrimoine littoral et maritime du rif dans les archives et bibliothèques espagnoles", que la côte méditerranéenne du Maroc, notamment celles du rif, dispose d'un potentiel patrimonial matériel et immatériel très important. Les fonds d'archives et les bibliothèques espagnols représentent "un intérêt majeur" pour l'histoire et le patrimoine maritime et littoral rifains à l'époque moderne et contemporaine, a-t-elle relevé. M. Ali Bentaleb, professeur chercheur au centre des études historiques et environnementales à l'IRCAM, a indiqué que le centre des archives diplomatiques de la ville de Nantes, relevant du ministère des affaires étrangères français, est des plus riches au monde étant donnée que ces archives se chiffrent par centaines de milliers. Le centre compte des registres concernant les plus grandes régions du Royaume notamment Agadir, Marrakech, Rabat, Fès et Meknes, a expliqué M. Bentaleb. Cette rencontre s'inscrit dans le cadre du colloque international sur "le patrimoine culturel du Rif : quelle muséographie?", qui a ouvert ses travaux vendredi à Al Hoceima sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. La séance d'ouverture a été marquée par un message royal adressé aux participants, dont lecture a été donnée par M. Driss Yazami, président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Plus de 40 chercheurs en provenance d'Espagne, d'Italie, du Royaume-Uni, de France et d'Allemagne, spécialistes de l'histoire et du patrimoine culturel matériel et immatériel du Rif et de la muséographie participent à ce colloque initié par le CNDH dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), en matière d'archives, d'histoire et de mémoire. Cette rencontre est organisée en partenariat avec la ville d'Al-Hoceima et le Conseil Régional Taza-Taounate-Al-Hoceima et avec le concours du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) et de l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP). Elle a se propose de mettre en évidence les travaux les plus récents sur l'histoire du Rif, son patrimoine matériel et immatériel en s'interrogeant sur les formes les plus pertinentes à travers lesquelles le futur Musée du Rif pourrait refléter les moments d'une histoire riche et passionnante. Plusieurs établissements publics (institutions du patrimoine, agences de développement...) et de nombreux responsables de la société civile y participent également afin d'enrichir, par leurs interventions et suggestions, le projet de création du musée du Rif. Les participants débattront, deux jours durant, de thèmes aussi diversifiés que les sources et archives de l'histoire du Rif, les origines de l'Homme au patrimoine antique du Rif, l'histoire du temps présent et patrimoine vivant ainsi que les atouts et perspectives de muséalisation de la mémoire historique de la région. Après l'adoption par le parlement d'une loi sur les archives et la mise en place de la Fondation Archives du Maroc, établissement public dirigé par l'historien Jamaa Baida, le Musée du Rif constitue un des grands axes du programme de mise en oeuvre des recommandations de l'IER en matière d'histoire, d'archives et de mémoire.