Le Musée du Rif, qui sera créé dans la ville d'Al Hoceima, devrait reposer sur "des assises scientifiques solides" à travers une mise à profit du patrimoine archivistique national, a affirmé le directeur d'"Archives du Maroc", M. Jamaa Baïda. Propos recueillis par Said Youssi Dans un entretien accordé à la MAP en marge du colloque international "Patrimoine culturel du Rif: quelle muséographie" (Al Hoceima 15-16 juillet), M. Baida a indiqué que les archives constituent "le support vital" de tout projet de musée qu'il soit dans le Rif ou ailleurs, ajoutant que le musée du Rif doit impérativement s'inscrire dans le cadre d'une vision globale basée sur la relation complémentaire entre archives, histoire et mémoire. "Tout projet de musée conçu en dehors de cette combinaison tripartite sera voué à l'échec", a-t-il dit. Le "Musée du Rif", qui entend préserver la mémoire collective de la région et promouvoir son héritage patrimonial est appelé, en substance, à puiser ses racines, entre autres, dans la richesse des traditions locales, les découvertes archéologiques et dans l'histoire de la région et du Maroc en général, a précisé M. Baida, également historien et universitaire. Si M. Baida a insisté sur la nécessité d'oeuvrer à récupérer les archives nationales conservées dans certains pays notamment en France et en Espagne, il a tenu à préciser que la priorité doit être accordée à l'identification et à la collecte des archives éparpillées à travers le Royaume et dont beaucoup sont exposées au danger de destruction en l'absence d'une stratégie dans ce sens. M. Baida a souligné l'importance du rôle de l'institution "Archives du Maroc" dans ce cadre puisque sa mission principale consiste à sauvegarder le patrimoine archivistique national et à assurer la constitution, la conservation, l'organisation et la communication des archives à des fins administratives, scientifiques, sociales ou culturelles. Le projet du musée du Rif est le couronnement d'une série d'initiatives pour la préservation de la mémoire collective dont la mise en place d'Archives du Maroc et la création d'un master Histoire à l'université Mohammed V-Agdal dans la perspective de la concrétisation du projet d'institut de l'histoire du temps présent, dont la mise sur pied est recommandée par l'Instance Equité et Réconciliation (IER), a-t-il souligné. "Nous sommes fortement engagés dans un processus de mise en oeuvre des recommandations de l'IER", a-t-il relevé. Le musée du Rif constitue un des grands axes du programme de mise en oeuvre des recommandations de l'IER en matière d'histoire, d'archives et de mémoire, depuis la mise en place de l'institution Archives du Maroc. Etablissement public doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière, Archives du Maroc avait fait l'objet, en 2009, d'une convention de financement signée entre le CCDH, le ministère de l'Economie et des finances et la Délégation de l'Union européenne. Cette convention, dotée d'une enveloppe financière de 8 millions d'euros, porte sur le programme d'accompagnement aux recommandations de l'IER en matière d'histoire, de mémoire et d'archives, à travers notamment l'amélioration de l'accès à l'information, le classement, l'inventaire et la mise à la disposition du public des archives de l'IER et du CNDH, l'élaboration d'une stratégie nationale de réorganisation et de modernisation des archives. "Archives du Maroc" a pour mission de promouvoir et coordonner le programme de gestion des archives, sauvegarder et promouvoir la mise en valeur du patrimoine archivistique national, établir la normalisation des pratiques de collecte, de tri, d'élimination, de classement, de description, de conservation préventive, de restauration et de substitution des supports d'archives et promouvoir le domaine des archives et de la recherche scientifique, la formation professionnelle et la coopération internationale. L'IER avait appelé dans son rapport final à la préservation des archives nationales et à coordonner leur organisation entre tous les acteurs concernés, en plus de la promulgation d'une loi régissant les conditions de leur préservation, les délais de leur ouverture au public et les sanctions encourues en cas de leur détérioration.