A quelque chose malheur est bon ! Tel est l'adage qui décrit le mieux le marché financier actuellement. En effet, au moment où le recours à la banque pour financer ses investissements ou ses besoins en fonds de roulement est devenu difficile, en raison notamment du déficit de liquidité devenu structurel depuis quelques années déjà, les entreprises se tournent de plus en plus vers le marché de la dette privée. Même les banques y ont recours pour lisser la pression sur leurs liquidité engendrée par la faiblesse des ressources (l'épargne collectée s'est chiffrées à 625,5 milliards tandis que les crédits accordés sont de l'ordre de 665,4 milliards d'après les chiffres du GPBM arrêtés à fin novembre). Les entreprises, encouragées par la possibilité de fixer leurs propres taux et délais de remboursement, ont été les plus actives sur le marché de la dette à travers une émission des billets de trésorerie plus dynamique. Mieux encore, le marché a attiré de nouveaux émetteurs. Les analystes de BMCE Capital Markets citent « Mutandis, Capep et Alliances Darna », dans leur note sur la rétrospective 2011 du marché de la dette. Forte sollicitation En conséquence, cette catégorie de titres a enregistré la plus forte progression, que ce soit en terme d'émissions ou en terme d'encours. Les émissions sont ainsi passées de 590 millions de DH lors du 4e trimestre 2010 à 1,69 milliards à la même période en 2011, en hausse de 186 % tandis que les encours ont avancé de 68 % pour se chiffrer à 3 milliards de DH à fin novembre 2011, contre 1,8 milliards de DH à la même période l'année précédente. De leur côté, les banques ont collecté, à travers les certificats de dépôt, l'équivalent de 16,666 milliards de DH au cours du 4e trimestre de 2011 contre 11,199 milliards de DH à la même période en 2010. La progression est de l'ordre de 49 %. N'étant pas en reste, les sociétés de financement ont émis, courant le dernier trimestre de l'année écoulée, des bons de sociétés de financement d'une valeur globale de 1,763 milliards de DH contre 1,505 milliards de DH, soit une hausse de 17 %. Pression à la hausse La sortie massive des différents opérateurs, auxquels se sont ajoutées les importantes sorties du Trésor (103 milliards de DH levées sur toute l'année 2011), a eu pour conséquence un accroissement des niveaux de primes de risque. Pour l'année en cours, les analystes de BMCE Capital Markets s'attendent à ce que cette tendance se poursuive. Tout d'abord en raison de « l'avènement de nouveaux émetteurs mais aussi par la présence régulière des émetteurs classiques », et « l'insuffisance de liquidités chez les investisseurs ainsi que le rapprochement des ratios d'exposition des émetteurs des limites réglementaires », expliquent les analystes de BMCE Capital Markets dans leur note. En effet, l'échéancier de la dette privée fait ressortir une tombée globale de 39 milliards de DH au titre de 2012. Sur le premier trimestre de l'année en cours, les remboursements en capital s'élèveront à 11,6 milliards de DH, au moment où la tombée de la dette souveraine sera de l'ordre de 19,3 milliards de DH. Le besoin en cash, pour honorer la dette, s'établit en conséquence à 31 milliards de DH. En gros, « les investisseurs devraient exiger une prime de taux supérieure, reflétant leurs anticipations sur le risque de crédit et de liquidité. Formant une boucle fermée, la hausse des taux et des primes se traduirait par un engouement des investisseurs ».