A Cotonou (Bénin), la délégation d'affaires marocaine de la Caravane de l'export était très attendue ; en attestent le nombre de rendez-vous sur les agendas des différents secteurs présents. Reportage. Certains ont préparé le terrain en amont, depuis le Maroc, à l'instar de Mohamed Ali Mechiche Alami, administrateur chez Dicapa, importateur, transformateur et distributeur de papier et carton, qui participe pour la première fois à la caravane de l'export. « Nous avons pris rendez-vous avec un grand distributeur et importateur de papier de la place, pour traiter directement avec lui. Il nous attendait, très ouvert et prêt à faire des affaires avec nous», témoigne-t-il. « L'avantage pour nos deux pays est d'être géographiquement proches, assurant ainsi une rapidité de livraison par bateau». D'autres, plus téméraires, mais aussi parce que leur secteur d'activité s'y prête, ont préféré aller faire un tour au marché de Cotonou, pour « voir le commerce, les prix affichés, ce qui est présenté sur les étalages, les produits concurrents ou de substitution, bref, prendre la température du marché», explique Sow Idrissa Yero, directeur export du groupe Tria (couscous, farines, pâtes, etc.). Avec Aimad Mamdouh (responsable commercial chez Silver Food (conserves, pâtes, etc.), ils sont allés à la rencontre des commerçants béninois, dans l'un des marchés couverts de la capitale économique du pays. Dans les ruelles étroites entourés des étals colorés et bien rangés de tomates, mangues, citrons verts, bananes, poissons séchés, ail et épices, paniers à poulets et restaurants improvisés, les deux hommes scrutent les marchandises et interpellent la vendeuse (parce qu'au Bénin, le commerce est majoritairement tenu par les femmes, ndlr) dès qu'ils aperçoivent une boîte de sardines ou un paquet de semoule. « Nous discutons avec elle, lui demandons chez qui elle se fournit et quand trois ou quatre personnes vous donnent le même nom, c'est que le distributeur est sérieux», commente Aimad Mamdouh. Après la visite de quelques épiceries et petits supermarchés en dur, dont un tenu par un Jordanien et l'autre par un Libanais, la chance sourit à nos deux exportateurs puisque le bureau de l'un des plus importants distributeurs de Cotonou est à deux pas. « Nous n'avons pas rendez-vous mais ce n'est pas grave, on tente ». Une dizaine de minutes plus tard, Bernard Nadjo, le directeur d'Unidis, l'Union des distributeurs béninois, rattachés à Unilever les reçoit dans son bureau. Banco pour Aimad Mahmoud, qui après sa prospection matinale, s'est rendu compte que la demande béninoise en thon était assez importante mais qu'il n'y avait qu'une seule marque présente, celle de Leader Price. « Alors que j'étais venu avec l'idée de vendre des conserves de sardines, Mr Nadjo a tout de suite accroché sur nos conserves de thon», se félicite-t-il. « La sardine est un marché trop en dents de scie, alors j'ai arrêté d'en importer», appuie le distributeur béninois. Ce que le spécialiste de la conserve explique par le changement climatique, le réchauffement des eaux, la récente et longue grève dans le secteur de la pêche au Maroc, mais aussi à cause de la pêche « sauvage » des espagnols, deuxièmes consommateurs mondiaux de poisson après le Japon. Le premier contact s'est bien passé et Bernard Nadjo était content que les Marocains soient venus à lui, même à l'improviste, ce qui est finalement assez courant en Afrique subsaharienne, où la spontanéité prime souvent sur une action cadrée et encadrée, selon le témoignage de nombreuses personnes vivant sur place. Mr Nadjo recevra des brochures, des prix et des échantillons des conserves de thon marocain dans quelques jours, dès le retour du représentant de Silver Food à Casablanca. En sortant de l'entretien, Sow Idrissa Yero lance : « le marché, on le capte, on le dompte, on l'apprivoise et on le met dans la poche !». génial