Après la raclée des élections de mi-mandat, Obama joue la carte du compromis, surfant habilement sur la « vague rouge » qui a déferlé en novembre sur la Chambre des représentants. Face à cette nouvelle donne politique, le Président se construit une image de rassembleur. Un rôle qui pourrait lui servir de base pour sa réélection en 2012. Novembre avait un amer goût de défaite pour Barack Obama. Suite au revers politique des élections de mi-mandat du 2 novembre, le président démocrate apparaissait en bien mauvaise posture pour mener à bien les réformes promises. Lors des mid terms, une véritable «vague rouge» républicaine avait en effet déferlé sur la Chambre de représentants, faisant entrer Obama dans l'ère délicate de la cohabitation. Plus d'un analyste politique a vu dans ces résultats un affaiblissement fatal du Président, condamnant toute possibilité de réélection en 2012. Mais Obama est un fin stratège, «a very smart man», comme l'écrivait le 18 décembre le columnist conservateur Charles Krauthammer, dans sa colonne du «Washington Post». Devant la montée en puissance des républicains, Obama avait annoncé au lendemain des premiers résultats vouloir trouver un «terrain d'entente» avec eux. Après un mois et demi de cohabitation, Obama s'en sort avec un bilan plutôt positif, ayant su jouer habilement la carte du compromis avec les républicains. Même si l'aile gauche des démocrates n'acquiesce pas, Obama se déplace avec sérénité vers le centre, gagnant une nouvelle aura de rassembleur. Cette nouvelle image d'homme prêt à transiger au-delà des querelles de partis pourrait lui être très favorable pour sa campagne en 2012. Malgré sa cuisante défaite aux élections de mi-mandat en novembre, Obama a réussi ainsi, grâce à la voie du compromis, à enregistrer quelques belles victoires politiques au cours du mois de décembre. Des airs de victoire Premier compromis, avec des allures de victoire : celui, fiscal, conclu avec les républicains et promulgué vendredi 15 décembre par Barack Obama. Ce texte reconduit pour deux ans les cadeaux fiscaux de l'ère Bush qui devraient expirer le 31 décembre, y compris pour les contribuables les plus riches. Ce vote constitue un compromis pour Obama, qui initialement ne comptait prolonger que les allégements en faveur de la classe moyenne [ménages gagnant moins de 250.000 dollars par an]. Mais Obama a compris la technique du donnant-donnant politique, et en échange des cadeaux fiscaux pour les plus riches, il a obtenu une extension des allocations de chômage pendant 13 mois, ainsi qu'un pack de mesures en faveur de la classe moyenne. «A l'heure actuelle, tout ce qui nous importe à tous est de faire croître l'économie américaine et de créer des emplois pour les Américains. Pris dans leur ensemble, c'est ce que ces allégements fiscaux vont réaliser. C'est une bonne affaire pour les Américains», a affirmé le Président. Evidemment, le compromis n'est pas du goût de tout le monde, et un vent de fronde régnait au sein de l'aile gauche des élus démocrates de la Chambre. Mais Obama joue cette carte, avec franchise, comprenant avec intelligence sa situation politique. «Il y a certains éléments que mon parti n'aime pas. Il y a certains éléments que les républicains présents ici aujourd'hui n'aiment pas. C'est la nature même du compromis», a-t-il plaidé. Outre ce vote, d'autres projets sont intervenus au mois de décembre, faisant résonner un air de victoire pour le président américain. Samedi 18 décembre, le Sénat a voté l'abrogation de la loi dite «Don't ask, don't tell», qui interdisait aux militaires américains de se dire ouvertement gay ou lesbienne. Cette abrogation faisait partie des promesses électorales, et constituait un élément important pour la crédibilité et la popularité d'Obama, notamment parmi la communauté gay. En quelques jours, le président américain a ainsi réussi à imposer deux textes qui lui étaient chers et à faire presque oublier le résultat des élections du 2 novembre 2010. A présent, un nouveau défi s'annonce pour Barack Obama. Dernière ligne droite avant la fin de l'année 2010 : la ratification de nouveau traité de désarmement nucléaire SALT avec la Russie. Hérité de la période du président Carter, ce texte signé en avril 2010 par les deux présidents devrait permettre de réduire de 30% le nombre de missiles de longue portée entre la Russie et les Etats-Unis. Ce vote peut remettre Obama au centre d'une négociation internationale favorable à son image. Ce mardi 21, un premier vote se tenait au Sénat américain. La majorité des démocrates est acquise à sa ratification, mais les républicains sont plus résistants. Ce dernier vote permettrait à Obama de terminer l'année 2010 sur une note définitivement positive, de bon augure pour 2011, avec sur la ligne d'horizon une réélection en 2012.