Non contente du compromis auquel sont parvenus les Républicains et le Président Barack Obama sur la prolongation des cadeaux fiscaux de l'ère Bush pour tous les contribuables, l'aile gauche du Parti Démocrate menace de défier Obama lors des présidentielles de 2012 en l'obligeant à passer par la case des primaires, un cas de figure qui risque de compromettre sérieusement ses chances pour un second mandat. -Par Fouad Arif- Le prix à payer pour le parti démocrate serait "exorbitant et handicapant à long terme", si son aile gauche décide d'imposer des élections primaires pour les prochaines présidentielles, un acte qui n'est, toutefois, pas sans précédent dans les annales de la politique américaine. En effet, les chances de réélection du président démocrate sortant en 1980, Jimmy Carter, avait été mise à mal par son challenger et "ennemi intime" Ted Kennedy, ce qui a eu pour résultat l'élection du candidat républicain Ronald Reagan, rappellent plusieurs observateurs. Le parti républicain n'a pas non plus dans son histoire été immunisé contre une telle "mutinerie interne", poursuit-on de même source, notant que l'extrême droite du GOP, en rupture de banc avec le président sortant George H. Bush, a poussé Pat Buchanan à entrer en lice dans les élections primaires de 1992. Encore une fois, cette scission a aidé un jeune gouverneur démocrate de l'Etat de l'Arkanas, Bill Clinton, à faire son entrée au bureau ovale. Bien qu'Obama conserve toujours une chance "réelle" de battre n'importe lequel de ses adversaires démocrates dans des élections primaires en 2012, il n'en demeure pas moins qu'il sera dans l'obligation de livrer des batailles dont il se passera volontiers, car il devra y consacrer du temps, de l'énergie et des fonds considérables, "trois ressources précieuses qui seraient mieux dépensées dans la dernière ligne droite des présidentielles", estimait récemment un éditorial du Washington Post. La publication estime qu'il est peu probable que le Président Obama émerge de ces primaires "suffisamment fort" pour pouvoir livrer une bataille pleine contre son rival du Parti Républicain, qui promet d'être uni et déterminé pour reconquérir la Maison Blanche, en plus d'avoir en face un président sortant qui aura le désavantage de défendre son bilan. Bref, les mêmes atouts qui ont aidé Obama en 2008, joueraient cette fois-ci en faveur de son adversaire républicain.
D'autres poussent l'analyse encore plus loin et projettent que "le sabordage du premier président noir de l'histoire des Etats-Unis se traduira par une désaffection de la base la plus loyale du parti démocrate, à savoir les afro-américains", rappelant qu'en 2008, le taux de participation des jeunes afro-américains en âge de voter a dépassé celui des autres groupes ethniques dans la même tranche d'âge. La perte de ce réservoir électoral serait de mauvais augure pour le Président Obama en 2012. Les éditorialistes, qui ont une sensibilité de gauche appellent l'aile gauche du parti démocrate à ne pas oublier la réforme du système de santé, une des promesses électorales de Barack Obama, grâce à laquelle pas moins de 30 millions d'Américains bénéficient désormais d'une couverture médicale, la réforme de Wall Street et des marchés financiers, le sauvetage de l'industrie automobile, le plan de sauvetage économique, ainsi que l'aide fournie aux ménages US pour éviter les saisies immobilières. Avec la victoire éclatante des républicains qui leur a permis de reprendre le contrôle de la Chambre des représentants du Congrès, lors des dernières élections de mi-mandat, le Président Obama est désormais contraint de composer avec le nouveau président de la Chambre basse, John Boehner, et le chef de file de la minorité du GOP au sénat, Mitch McConnell. Bien que les deux partis ont deux agendas législatifs généralement contradictoires, ils devront néanmoins trouver des terrains d'entente dans le but d'apaiser la désaffection et la colère d'un électorat américain qui veut des résultats pour relancer l'économie et réduire un taux de chômage actuellement à des hauteurs historiques avoisinant les 10 pc. La vie politique à Washington sera rythmée d'ici 2012 par la recherche sans cesse de compromis sur tous les sujets brulant de l'agenda du Président Obama et du GOP, au risque pour le président de s'aliéner les "puristes" du parti démocrate et pour le GOP de paraître comme le parti du "non systématique" avec le droit de blocage que lui octroie sa majorité à la chambre des représentants du Congrès. En attendant, Obama a fait appel à l'ancien président Bill Clinton pour "vendre" aux démocrates le compromis sur les cadeaux fiscaux de l'ère Bush. Après avoir été élu sur un agenda de gauche, un second mandat d'Obama semble tributaire d'une translation vers le centre de l'échiquier politique.