Après plusieurs jours de négociations, la situation au camp Agdaym Izik est arrivée à un point jugé absurde. Contrairement au discours bon enfant des médias publics, la situation est devenue très tendue dans le camp d'Agdaym Izik, selon des sources sur place. Mercredi soir, une délégation tribale conduite par le président du Corcas Khelli Henna Ould Errachid, comprenant Guejmoula Bent Abbi, Khaddad Moussaoui, Brahim Errachid et Moulay Ahmed Mghizlat, a essuyé un refus de la part des organisateurs du camp. Le même jour, le ministère de l'Intérieur changeait la composition de la commission de négociations, deux walis ont ainsi été rappelés et deux autres sont entrés en lice. Il s'agit de Omar Hadrami, wali directeur général de la promotion nationale, et Mohamed Tamek, wali chef de cabinet de Taïeb Cherkaoui. Les deux walis sahraouis ont remplacé Brahim Boufous, wali directeur général des Affaires intérieures, et Mohamed Ibrahimi, wali attaché à l'Administration centrale. Selon une source à Laâyoune, Ould Errachid a déclaré aux protestataires que «si la population ne lève pas le camp, une intervention des forces de l'ordre serait imminente d'ici trois jours». Selon la même source, les choses risquent de s'aggraver pour les campeurs si jamais les forces de l'ordre interviennent. Mercredi soir, les autorités ont dépêché à Agdaym Izik une cinquantaine d'ambulances en plus d'un détachement de la gendarmerie prévôtale, des forces auxiliaires mobiles en plus d'autres services de sécurité des militaires déjà sur place. Dans le même registre, la situation dans la ville se complique, un eurodéputé de la gauche unifiée espagnole, Willy Meyer, devrait feaire le déplacement à Laâyoune aujourd'hui en compagnie de Carmelo Ramirez et huit autres activistes espagnols. Déjà sur place, une journaliste espagnole, Lora Gallego, et un observateur mexicain, Antonio Velázquez, avaient rejoint le camp Izik depuis belle lurette. Pour sa part, un membre du Corcas a mis en garde les autorités contre l'éventualité d'une intervention des sécuritaires, : «Il faut que l'Etat prenne des sanctions sévères contre les responsables locaux qui ont créé ce problème, c'est un vrai scandale. Comment on en est arrivé là ? Cette situation a été créée suite à un règlement de compte entre deux courants politiques à Laâyoune. Nous demandons aux autorités de favoriser un règlement pacifique au lieu de la manière forte car les protestataires sont de simples gens innocents avec des revendications légales, mais qui sont exploités par d'autres parties». Selon Ramadan Messaoud, membre du Corcas, «notre confiance est totale en la personne du Souverain et rien que le Souverain, car les intermédiaires ont nui au dossier du Sahara en le laissant traîner pour en tirer des profits personnels. Des personnes qui n'ont rien à voir avec le Sahara sont sollicitées pour régler ce problème qui les dépasse de loin. Aujourd'hui, l'Etat doit tirer une leçon de ce scandale». Selon les dernières nouvelles, le campement abrite plus de 6 000 tentes, «les familles du camp ont préparé leurs paquetages pour y rester pour longtemps. Elles ont même amené des madrilles et du matériel de construction», affirme une source sur place. Vu le nombre impressionnant de tentes, le camp a été divisé en six arrondissements, et chaque arrondissement en quatre quartiers. Il y a même un dispensaire de fortune et un service de sécurité et de renseignement. Le 26 octobre, un policier en civil a été démasqué à l'intérieur du camp : «Cet homme criait à haute voix Vive Mohamed Abdelaziz», ce qui avait attiré l'attention des services de sécurité du camp qui l'ont cuisiné et dépouillé de son insigne et de sa carte professionnelle», affirme une source sur place. Une chose est sûre, la couverture par les médias publics du scandale Agdaym Izik décrédibilise le travail journalistique, affirment des correspondants de presse à Laâyoune. Le comble, lors de l'annonce de la distribution de 600 lots de terrain, des personnes de l'extérieur du camp ont accouru à la wilaya de Laâyoune pour s'inscrire sur les listes des éventuels bénéficiaires. C'est un nouveau scandale Aminatou Haidar qui se profile à l'horizon, déclare une source sahraouie, «on se demande si on avait besoin de ce problème à cet instant précis».