Le campement d'Agdaym Izik rassemblait, jusqu'au lundi, quelque 2.100 tentes et plus de 8.000 protestataires «sociaux». Jusqu'à présent, les protestataires refusent de lever le camp, mais aucun ordre d'évacuation n'a été donné, a affirmé une source autorisée à Laâyoune. mohamed el hamraoui Jusqu'au soir du lundi, le campement d'Agdaym Izik, une véritable ville dressée à 12 kilomètres à l'est de Laâyoune, rassemblait quelque 2.100 tentes et plus de 8.000 personnes. Lundi, la Gendarmerie mobile avait, sur ordre des autorités locales, dispersé un nouveau campement de diplômés chômeurs, dressé sur la plage et le même scénario a été répété à Boujdour, samedi dernier. Face à cette situation, les autorités de Laâyoune ont, et pour la première fois depuis une semaine, réagi en affirmant que le dressement de tentes en dehors du périmètre urbain de Laâyoune s'inscrit dans le cadre du climat de liberté qui règne dans le pays. Selon des sources concordantes, lundi, les autorités avaient engagé un dialogue avec ces personnes, en recourant à l'intermédiation des chioukhs des tribus et des élus, avec à leur tête Mohamed Ould Khatri Al Joumani, député de Laâyoune. Selon la même source, les protestataires ont alors demandé la présence d'un haut responsable de Rabat, pouvant garantir les propositions qui découleront de ces pourparlers. Initié au début par une minorité qui se dit victime d'exclusion, le campement d'Agdaym Izik n'a pas cessé de grandir en accueillant toutes les catégories sociales de la ville, les sans-emplois, les sans-logements et les retraités de Phosboucraâ : «Même les commerçants et les fils d'agents d'autorité étaient présents», affirme une source autorisée. Le premier groupe à l'origine du campement se composait de 1.000 personnes qui se déclarent habitants de Laâyoune, depuis bien avant 1975. «C'est le plus grand mouvement social qu'ont connu les villes du Sahara depuis 1975 et les revendications ont un caractère purement socio-économique», a indiqué une source au sein des protestataires. Même si le campement est entouré d'un cordon de sécurité de la gendarmerie et des forces auxiliaires, il peut toutefois recevoir de l'eau et des vivres. Le soir, certains quittent le campement pour dormir chez eux à Laâyoune, alors que d'autres y passent la nuit. Jusqu'à présent, les protestataires refusent de lever le camp, mais aucun ordre d'évacuation n'a été donné, a affirmé une source autorisée à Laâyoune. Face à cette présence de ce genre de contestations de tous bords, la situation est devenue plus tendue : des éléments séparatistes avaient essayé de détourner la situation à leur avantage, mais avaient toujours essuyé de cuisantes défaites. Des sources concordantes affirment que les séparatistes avaient même été expulsés du campement. La preuve, aucune couleur du Polisario n'apparaît sur les toits des tentes. Selon Bint Ali Beiba, présidente d'une association féminine à Laâyoune et ancienne résistante contre l'occupation espagnole, «la situation sociale à Laâyoune est très tendue et actuellement les enfants ne poursuivent plus leurs cours de manière régulière. Les revendications sociales ont atteint leur degré de paroxysme. Nous tenons pour responsables de cet état de fait, les notables de la ville et les responsables qui ont marginalisé les vrais habitants de Laâyoune et les sujets loyaux de Sa Majesté».