Si le retour de Ould Salma Sidi Mouloud aux camps de Tindouf se confirme, ce sera alors une première : un remake du cas Aminatou Haidar, mais dans l'autre sens. Les dirigeants du Polisario sauront-ils gérer officiellement ces «Marocains de l'intérieur», à l'instar de Rabat avec ses «polisariens de l'intérieur» ? Un responsable du Polisario, arrivé au Maroc dans le cadre d'une visite familiale, compte retourner dans les camps de Tindouf. L'entreprise est périlleuse. L'homme en question est Mostapha Selma ould Sidi Mouloud, l'inspecteur général de la sûreté au Polisario, un originaire de la tribu des Rguibates, connue pour être puissante aussi bien dans les camps de Tindouf que dans les provinces du Sud. Son père, à l'origine de sa visite, est un cheikh des Rguibates. Son cas est bien particulier. Il ne s'agit pas d'un rallié qui rentre défintivement au Maroc et du coup rompt tout lien avec les camps de Tindouf mais d'un responsable du Polisario toujours en activité qui assure, lors d'une conférence de presse donnée lundi à Smara que «l'autonomie est une bonne initiative. C'est la meilleure solution possible à la question du Sahara». Et par la même occasion annonce son retour dans les camps «dans les prochains trois ou quatre jours» afin d'«ouvrir le dialogue» et «sensibiliser le Polisario à l'option de l'autonomie proposée par le Maroc car elle est conforme aux intérêts du peuple sahraoui». Son retour sera-t-il accepté par Abdelaziz et les siens ? Rien n'est moins sûr. Et pour cause, lors du même point de presse, l'inspecteur général de la sûreté au Polisario a souligné que «le Maroc est un pays ouvert, démocratique et pluraliste». En renvanche, «la direction du Polisario interdit aux Sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf de débattre de cette initiative». Selon son témoignage, Ould Salma Sidi Mouloud a désigné les camps de Tindouf comme l'endroit «le plus inhospitalier au monde et les conditions de vie y sont très difficiles, il n'y a ni radio, ni télévision indépendantes et l'enseignement y est paramilitaire». Si le retour de Ould Salma Sidi Mouloud aux camps de Tindouf se confirme ce sera une première, on assistera alors au remake du cas d'Aminatou Haidar mais dans l'autre sens. La direction du Polisario saura-t-elle gérer officiellement ces «Marocains de l'intérieur» comme se comporte Rabat avec ses «polisariens de l'intérieur»? La marge d'Abdelaziz et ses siens est très réduite : laisser Ould Salma Sidi Mouloud libre de son action serait jouer avec le feu, sachant que l'enthousiasme de la population des camps est à son plus bas niveau. En atteste les vagues de ralliements. Ou alors le mettre en prison ? Affaire à suivre. Ould Salma Sidi Mouloud compte «sensibiliser le Polisario à l'option de l'autonomie proposée par le Maroc car elle est conforme aux intérêts du peuple sahraoui».